Amaiur le 5 juin, 500e anniversaire de la fin de la souveraineté basque

Cette première journée inaugure une série de commémorations qui s’égrèneront jusqu’en août, dans le village du Baztan en Navarre, haut de la résistance basque en 1522.

Reconstitution du château d’Amaiur
Reconstitution du château d’Amaiur.
Cliquer ici pour découvrir le « Livret de visite du Centre d’interprétation d’Amaiur »
(http://www.aranzadi.eus/fileadmin/docs/amaiur-frances.pdf)

Ils se nommaient Tristan de Maia, Alain de Bertiz, de Belzunze, Juan de Orbara, les seigneurs de Sada et d’Etcharren, Miguel de Jasso, le frère aîné du futur St François Xavier, Léon d’Espelette, Juan de Jasso, Víctor de Mauléon, Juan de Aguerre… La fine fleur de la jeunesse navarraise, ils avaient entre 18 et 28 ans, et faisaient partie des 200 chevaliers et hommes d’armes qui défendirent le château d’Amaiur, ultime bastion d’un royaume souverain, assiégé par une armée espagnole de 5000 hommes. Sans guère d’illusion et pour l’honneur, ils livrèrent le dernier baroud. Le 12 juillet 1522 et selon les usages de l’époque, le capitaine commandant Jaime Belaz reçut des assaillants une offre de reddition. Bien qu’abandonnés par l’héritier du trône de Navarre réfugié en France, les soldats navarrais refusèrent : « Nous mourrons tous pour défendre le château », fut la réponse. Suivirent quelques jours d’intenses combats au corps à corps, dans les fossés, aux créneaux. Puis un bombardement sur le flanc le plus vulnérable de la forteresse. Amaiur résistait toujours. Une mine explosa sous la muraille, la brèche était ouverte, le château indéfendable. Jaime Belaz fut fait prisonnier. Deux semaines plus tard, avec son fils, il mourut en prison. La chute d’Amaiur le 19 juillet quasiment mit fin à des décennies d’un conflit politique, diplomatique, militaire, en anéantissant la souveraineté de la « nation » navarraise. Car c’est bien le mot de « nation » que ses derniers défenseurs utilisèrent dans leurs lettres retrouvées récemment.

Mêmes méthodes du vainqueur

Le comte de Miranda qui réduisit Amaiur n’a pas eu l’élégance d’un Grand Condé qui, au lendemain de la bataille d’Alerheim (1645), fit ériger le tombeau de son adversaire Franz von Mercy, portant ces mots : « Sta viator, herœm calcas », arrête-toi voyageur, c’est un héros que tu foules aux pieds. La défaite navarraise signifia pour les vaincus bannissements et exactions, mort, désespoir, procès pour hérésie et sorcellerie, tortures, exil et prison, paiement de rançons, exigences de repentir et d’allégeance au vainqueur espagnol. Un vainqueur qui, cinq siècles plus tard, use des mêmes méthodes pour réduire nos prisonniers de guerre.

En 1522, l’Espagne détruisit pierre par pierre le château de « Maya del Baztan ». Le bourreau impose au vaincu l’oubli et le silence. A Amaiur aujourd’hui, vous ne verrez que quelques boulets de canon et autres carreaux d’arbalète, l’épée d’un combattant, des tuiles recueillies dans un petit musée. La porte de fer du château se trouve non loin de là, à la dorretxe Jauregizarrea (Arraioz). Et révélées par des fouilles récentes, des ruines: «Lurrean zilo batzu gelditzen dira eta barnean deusik, minuta bat nun ere gelditasun osoak manatzen baitu» (1).

Dans la dorretxe Jauregizarrea (Arraioz), porte provenant du château d’Amaiur :
Dans la Dorretxe Jauregizarrea (Arraioz), porte provenant du château d’Amaiur.
Dans la dorretxe Jauregizarrea (Arraioz), porte provenant du château d’Amaiur.
Dans la Dorretxe Jauregizarrea (Arraioz), porte provenant du château d’Amaiur.

Bande de « traîtres »

Du XVIe au XXIe siècle, se joue ensuite la bataille du récit. Elle n’en finit pas. La France et l’Espagne qui se sont si longtemps disputées le royaume de Navarre y vont de leurs versions des faits, à coup d’historiens aux ordres. Ceux qui défendent la souveraineté de la Navarre et se battent contre une prétendue « union » avec l’Espagne ne sont qu’une bande de « traîtres ». Même de faux traités sont exhibés pour légitimer les thèses. Tout cela n’est plus qu’un conflit entre Espagnols et Français. D’histoire navarraise, point, ou si peu. Mais depuis quelques décennies, émerge une nouvelle historiographie plus favorable.

En souvenir du siège, un obélisque est édifié en 1922 sur la butte du château. Alors qu’est signé le statut d’autonomie d’Estella qui rassemble les quatre provinces de Hegoalde (1931), les espagnolistes font exploser le monument. Il sera reconstruit en 1982. 2004 voit le lancement de onze années de fouilles par la société scientifique Aranzadi, elles révèlent les fondations et la structure de la forteresse. Un monument «au résistant inconnu» est érigé en juillet 2007, au pied de la butte. Il porte la devise navarraise des Infançons d’Obanos. Petits nobles —sorte de paysans-guerriers— ces infançons d’abarka avaient choisi au XIIIe siècle pour devise : «Pro libertate patria, gens libera state», pour la liberté de la patrie, soyez libres.

Exploits et secrets

Si vous ne pouvez être présent lors de cette première commémoration du 5 juin, venez et revenez à Amaiur, pour y parcourir ses paysages paisibles aux allures de Jardin d’Eden, mais si chargés d’histoire, témoins de tant de fureurs et d’héroïques exploits. Pour vous remémorer le poème de Lauaxeta Amaiur gaztelu beltz et pourquoi pas, lire sur les lieux-mêmes des ouvrages publiés récemment qui rétablissent la vérité de nos ancêtres (2). Vous entendrez alors s’élever «lehertzearen aintzineko ixiltasuna / Doi doia begistaturik agertu den bidean / Artaldeak galdurik artzaina joaiten zen / Ortzantzaren ondotik / Bere hedoi artaldearen / eta mundutik gelditzen zenarekin / Burua mugituz nigar egiten zuela uste ziteken» (3).
Chaque pierre, chaque chemin creux, chaque ruisseau murmurera à votre oreille. De cette patrie élémentaire, vous découvrirez les secrets.

(1) «Il reste quelques trous dans la terre et rien dedans, une minute où règne l’immobilité absolue», Pierre Reverdy, Sources du vent.
(2) Recommandons tout particulièrement les ouvrages publiés par Nabarralde et les éditions Pamiela, ainsi que le petit livre lumineux d’Antton Curutcharry, La conquête de la Navarre, éd. Elkar, 2012, 100 p.
(3) « Le silence avant l’effondrement / Sur le chemin découvert et à peine aperçu / Le berger s’en allait ayant perdu ses bêtes / On croyait qu’il pleurait en remuant la tête / Devant son troupeau de nuages / Et tout ce qui restait du monde / Après l’orage», Pierre Reverdy, Sources du vent.

Amaiurraldiko egitaraua
ekainaren 5ean

Nafarroa berriz altxak antolaturik
11:30ean ekitaldia.
12:15ean Amaiurraldia ibilbidea oinez Ordokira (3 km).
14:00etan besta Elizondon.
15:00etan bazkaria.


AMAIUR ikusgarria : Haien ametsa gurea da (prestaketa) :
2012an, 500 urte betetzen dira Fernando katolikoa Aragoiko erregeak Nafarroa konkistatuko zuenetik. Gaur egun ere Amaiur eta bere gaztelua sinbolikoak dira gure herriaren memoriorentzat. Gaztelu elkarteak, Amaiur eta Baztan haraneko biztanleak urteak daramatzate beren historia berreskuratu nahian. Nafarroako konkistaren v. urteurrena ospatzeko ekimen guzien artean, Amaiurreko eta Mauleko gazteluko lagunak elkartu dira ikuskizun bat prestatzeko. Pier-Pol Berzaitz idazle eta taula zuzendariaren geriza pean, ikusgarria bi herrietan emanen da ,: uztailaren 21ean Amaiurren, agorrilaren 10 eta 11n Maulen. Kanaldudek Amaiurren berriki iragan errepika batetaz baliatu da ikusgarriaren aitzin gustu bat emaiteko. Préparation du spectacle « Amaiur » créé par Pier-Paul Berzaitz en 2012.


Kantuen bidez:

Imanol/Lauaxeta, Amaiur gaztelu beltz :


Exkixu taldea : Amaiur
 


« Pro libertate patria, gens libera state », par le groupe punk Gomiztegiko Artzainak :

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2 réflexions sur « Amaiur le 5 juin, 500e anniversaire de la fin de la souveraineté basque »

  1. Beau texte sur le Fort Alamo navarrais.
    Ironie de l’ histoire, dans l’ armée mexicaine qui a massacré la garnison texane de Fort Alamo il devait y avoir un bon nombre de patronymes basques. L’ histoire a souvent prouvé qu’ on n’ est pas toujours du « bon » côté.

Les commentaires sont fermés.