Ce samedi 11 janvier 130 000 manifestants se sont mobilisés (110 000 selon la police municipale) à Bilbao en faveur des droits humains et de la paix. Cette manifestation avait été appelée la veille par les partis politiques et syndicats majoritaires en Pays Basque (PNV, Sortu, Alternatiba, EA, Aralar, Geroa Bai, ELA et LAB) à la suite de l’interdiction par le juge Eloy Velasco de la manifestation annuelle en faveur des droits de prisonniers qu’avait organisée l’initiative Tantaz Tanta.
Cela faisait 15 ans qu’on ne voyait pas côte à côte le PNV et la Gauche Abertzale pour un appel de ce genre. Le président de Sortu, Hasier Arraiz soulignait ce samedi que «cette manifestation a été un grand pas et un point de départ» alors que du côté du PNV on soulignait, via son porte parole au Parlement Autonome (Joseba Egibar) «l’importance du respect de tous les droits humains, de la construction de la paix en partant du respect, pour offrir des solutions au Pays Basque».
Cet appel historique du vendredi et l’affluence non moins historique dans les rues de Bilbao du samedi ont montré de façon indéniable une réelle demande au Pays Basque en faveur de solutions au conflit basque et pour le cas des prisonniers politiques. Il faut aussi souligner la mobilisation en Iparralde qui a été forte avec le départ de 7 bus des 3 provinces du Nord.
Dans un communiqué daté de ce lundi, l’association d’aide aux réfugiés et prisonniers politiques basques Anai-Artea (www.anai-artea.com) mentionne que «demander de mettre fin à l’éloignement et à la dispersion des prisonniers politiques est devenu un délit au Pays Basque alors même que ces mesures vont à l’encontre des recommandations de l’ONU, de l’Europe et des codes de procédure pénale des pays démocratiques ». L’association humanitaire rappelle que «la France applique la même politique d’éloignement et de dispersion des prisonniers politiques basques que l’Espagne et cela malgré les demandes de rapprochement de milliers de personnes, de centaines d’élus et notamment de la majorité des Conseillers généraux du Pays Basque.» Anai-Artea termine son communiqué en rappelant au gouvernement français qu’il est temps qu’il amorce une politique conforme à ses propres lois et aux droits humains «et qu’il montre à l’Espagne qu’il faut savoir terminer une guerre en renonçant, pour commencer, aux méthodes héritées du franquisme. ».
Dans un autre communiqué, le syndicat ELA mentionne, toujours ce lundi 13 janvier «qu’aucun projet politique prétendant faire face de façon démocratique à Madrid ne pourra faire l’impasse d’une réflexion partagée des acteurs (syndicats et partis politiques) ayant convoqué la manifestation de Bilbao et d’une participation active de la société ».
Face aux blocages des Etats (qu’ils soient espagnols ou français) les dernières arrestations et interdictions ont abouti à une mobilisation aussi massive qu’historique (de par l’appui de la majorité politique et syndicale du Pays Basque). L’enthousiasme généré montre bien que tous les acteurs ont un rôle important à jouer pour faire bouger les lignes. Samedi dernier, ceux du Pays Basque ont montré la voie.