Distribution de bons points et de mauvais points: c’est l’exercice auquel se livre Pantxoa Bimboire en faisant le bilan de l’action d’Emmanuel Macron au terme des six premiers mois d’exercice du jeune président de la République. Tout naturellement, on retrouve dans l’inventaire les options que Pantxoa défend régulièrement dans ces colonnes.
Pourquoi le nier, j’étais macroniste et je persiste. Avec un début d’exercice du pouvoir avec des réformes que j’apprécie : moralisation de la vie politique (même si certains estiment que l’on n’est pas allé assez loin), recentrage des lignes chemin de fer sur les liaisons de proximité et abandon des grands travaux, réforme du droit du travail (qui donne la place belle aux petites entreprises oubliées des normes et des lois du travail et qui permet aux indépendants et aux paysans d’avoir droit au chômage et une retraite revalorisée), renouvellement des élus, ouverture sur une certaine écologie, ouverture sur l’Europe, avec des réussites sur une convergence sociale concernant les travailleurs détachés grâce à la commission européenne, un souhait de convergence pratique avec l’Allemagne sur les paramètres économiques type impôts, sécurité sociale, charges dont les orientations pour la mandature vont dans le bon sens, un ministre de l’éducation nationale habile réformateur qui plait aux parents d’élèves en doublant les professeurs dans les classes défavorisées et en revenant aux fondamentaux lire, compter, écrire, des ministres à leur place (écologie, travail), etc. Mais quelques erreurs de mon point de vue que j’ai essayé de faire passer à un attaché parlementaire d’un élu que je connais.
Quelques hiatus
Sur l’agriculture, il est maintenant partagé par le plus grand nombre que l’inflexion vers l’agriculture paysanne est à encourager. Le ministre de l’agriculture ne semble pas être sur ce registre : les crédits pour le passage en bio ont été amputés, alors que la France, en demande d’agriculture bio, est contrainte de s’approvisionner ailleurs et que les sommes ne sont prises que sur des fonds européens c’est-à-dire hors budget de l’Etat. La concentration des moyens (modèle FNSEA) ne va pas vers la protection du goût, le bien vivre des animaux et l’emploi. Par exemple, la prime à la vache allaitante se déclenche à partir de dix vaches.
Sur l’ISF, bien que n’étant pas la question majeure nous concernant, je continue de penser qu’il n’est pas juste d’exclure de l’assiette de calcul, les placements spéculatifs des grandes banques hors Europe ou liées à des filières de paradis fiscaux ou les sociétés GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) qui échappent “légalement” à l’impôt. Alors qu’il faudrait exclure de l’assiette de calcul de l’ISF, des placements vertueux type solidaire (label Finansol) ou des placements territoriaux dans des PME européennes avec obligation de les maintenir dix ans dans l’entreprise, etc. Même si cela relève de la naïveté, un groupe d’experts pourrait donner des axes de travail.
Sur le futur prélèvement à la source, même s’il ne s’agit pas d’une préoccupation quotidienne du lecteur, alors que le ministère des finances pré-calcule les déclarations des contribuables de sorte que 95% de ces derniers n’ont plus qu’à les signer et les envoyer, on va monter une usine à gaz pour que ces déclarations soient faites par les entreprises qui n’en ont ni la mission ni les moyens. Par ailleurs la confidentialité entre le contribuable et les services fiscaux ne sera pas garantie: tous les services de paye connaîtront les statuts fiscaux des salariés. Cette procédure qui coûtera cher et peut-être “buggera”, n’apportera rien et noiera les entreprises dans un domaine qui ne les concerne pas.
La ponction désastreuse sur les CCI territoriales ou régionales de 17% de leurs ressources (ce qui donne un cumul de ponction proche de 50% en 3 ans) n’encourage pas les missions essentielles aux entreprises en termes d’implantation, formation, gestion des pôles d’excellence ou revitalisation. D’autant plus que l’Etat perçoit la TVA, soit 1/5 de tous les investissements faits par la CCI : agrandissements Olatu2, Estia3, réfection des grues et des quais sur le port, etc. Quels sont les budgets de collectivités ou de ministères amputés de la sorte ?
Espérons que ces erreurs seront corrigées.
La ponction désastreuse
sur les CCI territoriales ou régionales
de 17% de leurs ressources
(ce qui donne un cumul de ponction
proche de 50% en 3 ans)
n’encourage pas les missions essentielles
aux entreprises en termes d’implantation,
formation, gestion des pôles d’excellence ou revitalisation.
2018 et ses grands défis
L’apprentissage sera un gros morceau comme les réformes de la formation (plus de 40 milliards d’euros, non orientés vers les plus nécessiteux) et de l’assurance chômage.
Nous attendons aussi des décisions raisonnables sur aéroport de Nantes, prolongement de la LGV sud-ouest, comme sur les énergies.
Nous attendons aussi Macron sur sa conception de la décentralisation (le dossier Corse), mais aussi sur la réduction des lourdeurs : nombre de députés et sénateurs, réduction des compétences des petites communes et des départements, transfert de la compétence du permis de construire vers des communauté de communes à partir d’un certain seuil d’habitants, etc.
S’agissant du Pays Basque, nous attendrons aussi le gouvernement sur le dossier des prisonniers basques, sur le dossier Sudmine, sur le dossier du choix de la gouvernance territoriale (renforcer l’agglomération Pays Basque), mais aussi sur les politiques foncières (habitat disséminé versus agriculture/ industrie), sur les politiques liées aux commerces de proximité (centres villes versus grandes surfaces).
Nos élus et notre action
Je répète, à longueur d’Enbata, que je suis fier de nos élus. Fiers de les avoir tous vus à Paris le 9 décembre. Perdons-nous notre âme en les remerciant ? Non ! Milesker beraz.
Nous devons, encore plus lier des contacts avec ces élus car nous avons des convictions pour construire le territoire: décentralisation vers la Basse Navarre et la Soule, stratégie foncière (anti mitage et pro-économie, encouragement à l’agriculture paysanne, politique label et réappropriation de l’économie touristique). Il nous faut donc encore plus d’implication terrain dans les municipalités et dans les sphères économiques dans lesquelles nous sommes trop absents, ainsi qu’un rapprochement abertzale (EAJ et nous) en commençant par le partage d’une vision économique territoriale commune.
Ados !