Malgré toutes les entraves, la pratique de l’euskara progresse à (très) petits pas dans certaines sphères qui, récemment encore, lui étaient interdites. Pantxoa Bimboire, notre chroniqueur économique et élu consulaire, nous dit pourquoi 2014 verra une avancée dans l’intégration de l’euskara à la CCI Bayonne Pays Basque.
Inscrit dans le programme de candidature de l’actuel président de la CCI, la présence de la langue basque dans la CCI Euskal Herri était une nouveauté exigeante et délicate. Le point d’avancement de mi-mandat, réalisé en fin d’année 2013, a permis de rappeler cet objectif et les décisions récentes de la direction actent une avancée claire sur ce sujet, qui, par nature, ne peut pas être le centre de la mission de la CCI, mais qui peut influencer une certaine manière de jeter des ponts entre économie et culture, participant aussi au plus de dynamisme et de spécificité du territoire. Dès 2012, il y a eu la décision de constitution d’un comité de pilotage (Copil) d’une dizaine de personnes, bipartite entre salariés et élus, représentatif des divers métiers de la CCI (centre formation, Estia, ports et équipements, développement économique, service général et service support), pour plancher sur un programme à présenter ensuite à la direction.
En même temps que le Copil était créé et, parce que ce travail d’introduction de l’euskara pouvait être difficile pour des non spécialistes, la direction de la CCI s’est nourrie des conseils de l’Office Public de la Langue Basque. Son rôle a été essentiel. Il s’est, bien entendu, appuyé sur les expériences déjà réalisées dans d’autres organismes. L’office a ainsi permis la rationalisation des enjeux et la quantification des contraintes et des coûts. Il a pu aussi jouer le rôle de facilitateur dans les différences de point de vue qui existent toujours dans ce type de débat.
Les trois axes de travail ont vite été dégagés : la formation, les supports communication, la signalétique. Mais pour ne pas imposer et “faire les choses le plus naturellement possible”, une enquête terrain préalable était nécessaire auprès des salariés de la CCI.
L’enquête terrain et les premiers résultats
Tous les salariés de chaque service étaient appelés à répondre, cette enquête était générale. Elle faisait l’inventaire des personnes en contact ou non avec le public, souhaitant se former ou non à l’euskara et, dans le cas de souhait de se former, du degré de connaissance actuel de la langue.
Une précaution fondamentale était prise : la confidentialité, à savoir que le détail des réponses nominatives était en un seul exemplaire et dans les mains exclusives de la direction. Il avait aussi était décidé de ne pas faire de relance sur la nécessité de répondre, pour éviter que cela soit mal interprété.
Les premiers résultats globaux étaient, de l’avis de l’Office et de la CCI, encourageants, les voici : sur 201 salariés de la CCI, 109 répondaient rapidement, 91 étaient en contact avec le public, 93 étaient d’accord pour utiliser la langue dans le cadre professionnel, 79 souhaitaient une formation et 20 comprenaient la langue et 16 la parlaient.
Pour bâtir le plan de formation de façon utile et digeste pour les finances de la CCI dont les coupes budgétaires sont constantes et importantes (-30% en 6 ans, sur les ressources extérieures issues des entreprises), il était nécessaire de valider au mieux la liste des 93 salariés. C’est l’objet du positionnement qui va être mené mi-2014, et qui aura pour objectif d’interviewer ces salariés afin de choisir et d’intégrer dans le plan de formation CCI, la partie la plus utile et nécessaire, celle qui est proche de la connaissance pratique de la langue et celle pour laquelle l’usage en fait un plus sur la mission.
La formation et son budget
Le Président a souhaité que le débat ait lieu au sein du bureau, que chacun s’exprime et un accord a été trouvé. Le bureau de la CCI a ainsi permis de trancher sur une enveloppe significative allouée à l’euskara dans un budget total formation qui, par ailleurs, et, bien entendu, doit satisfaire les besoins de l’ensemble des métiers et des missions de la CCI.
Si 2014 et 2015 sont plutôt orientées formation interne, les autres axes de travail ne sont pas oubliés : communication extérieure (web, carte de visite, documents papiers, etc.), signalétique, etc. Il a été décidé une démarche de progrès qui consiste à améliorer l’existant, à l’occasion des changements et des évolutions. Par exemple, nouvelle signalétique si de nouveaux locaux sont créés, nouvelle carte de visite bilingue pour les volontaires à l’occasion du changement de logo, introduction du terme Euskal Herria dans le logo officiel et coordonné avec l’ensemble des CCI de l’hexagone, introduction de l’édito en bilingue dans le rapport d’activité, etc.
Mesure, amélioration, démarche consensuelle et orientation claire et stratégique sont le reflet de cette mise en place importante pour le territoire. Elle pourra paraître timide à certains lecteurs, mais, elle correspond à une avancée nette voulue et assumée par la direction (Président et Directeur général) comme par l’ensemble du bureau.
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