Ni dans les bulletins météo, ni dans les urnes. A l’heure où ces lignes s’écrivent le sort du Conseil départemental est encore incertain, nous avons vécu un premier tour morose et le match retour ne laisse que peu d’espoir pour un débat de fond !
Dans l’Hexagone, le seul discours consiste à se rejeter la responsabilité de la progression du Front national, la phrase la plus entendue “vous favorisez la montée du FN” et cela sert de programme aux différents partis de gauche et de droite.
La pathologie atteint le plus insignifiant des candidats et l’apostrophe entre les deux tours migrera vers “vous serez élu avec les voix du FN”. Vaste programme !
S’il n’est pas question ici, de nier que la place prise par cette formation xénophobe est plus qu’inquiétante, on ne peut se réjouir non plus de la vacuité saisissante du discours politique, pas plus que de l’incantatoire recours au système du front républicain.
Le Parti socialiste y excelle.
A défaut de convaincre par ses propositions, en rade totale au niveau des idées, il se contorsionne pour maintenir son volant d’élu-e-s en actionnant la peur, et en se positionnant comme rempart contre le pire. Le véritable enjeu pourtant est bien de renouveler le logiciel, d’entrer enfin dans le XXIe siècle, de réaliser que les choses ont changé et de cesser de maintenir en
respiration assistée un monde totalement dépassé. C’est ce que ne comprend pas le parti le plus important du bloc de la gauche, il est vrai qu’il ne se compose plus guère que d’élu-es et d’apparatchiks et qu’il a rompu ses liens la base de son électorat.
Depuis 24 heures les appels à soutenir ses candidat-e-s encore en lice au nom de je ne sais quelle discipline de vote m’insupportent au plus haut point. Et, voilà que les “écolos” s’en mêlent. Eux qui battent estrades depuis des semaines pour stigmatiser la politique gouvernementale, ils nous expliquent maintenant qu’il faut envoyer leurs représentants au Parlement de Navarre !
A ce moment précis, et je ne sais pas pourquoi viennent se bousculer dans ma tête des trucs comme : Fessenheim, la part du nucléaire dans le mix énergétique, Notre Dame des Landes, l’effondrement des aides aux paysans bio, le renoncement à la pollutaxe, la modeste loi sur la transition énergétique, le soutien indéfectible aux “monsanto” et plus près de nous la folie de la LGV, l’obstination maladive à empêcher toute reconnaissance institutionnelle du Pays Basque… la liste n’est pas exhaustive !
Je peine vraiment à comprendre EELV et l’incitation à voter pour ceux et celles qui en sont les seuls responsables !
Pour moi, ce n’est plus possible, 2012 aura été la dernière fois où je me serais laissée convaincre et le carré blanc dans l’enveloppe sera ma réponse à l’ensemble de ces reniements.
Aux “écologistes” il me reste à dire qu’ils font disparaître du paysage politique ce qui fonde leur existence, il leur faudrait trouver une once de courage pour s’affirmer et pour porter
haut ce Vert dont ils n’ont déjà plus que le nom !
Dominique Voynet affirmait il y a peu de temps qu’il y avait plus d’écologistes à l’extérieur d’EELV que dedans, triste mais très lucide constat et bilan en forme d’échec pour celle qui a porté le drapeau pendant tant d’années. Ce n’est vraiment pas le printemps de nos idées, Dominique, et je comprends ton désarroi…
Une seule force politique a maintenu le cap, celle qui au vu de ses scores était pourtant la plus courtisée. La coalition EH Bai n’a rien lâché et elle a laissé les électeurs et électrices
libres de leur choix ce qui revient à les estimer capables de faire le bon choix en fonction de leurs convictions. Bravo et merci !
Le conseil départemental à venir sera ce qu’il sera, peuplé d’hommes et de femmes qui ne savent pas trop pourquoi ils sont là, et qui vivront leur mandat avec une curieuse épée de Damoclès au-dessus de leur tête. De quoi susciter de l’enthousiasme dans leurs rangs!
Ce que l’on sait par contre et de façon certaine, c’est que l’astucieux changement de nom générera l’obligation de changer sur les bus, véhicules, sites internet, papier à entête, signalétiques en tout genre la mention “conseil général” en “conseil départemental”!
J’ignore de quelle tête d’oeuf l’affaire est sortie mais la plaisanterie ne sera pas sans conséquences financières.
Ainsi va l’action politique, cohérente, responsable et porteuse d’avenir. Il y a un côté des plus amers dans ce constat mais encore aussi la profonde conviction que de nombreux combats valent la peine d’être menés. L’effritement des forces en capacité de le faire est patent, alors plus que jamais il convient de resserrer les rangs, de penser global et d’agir local, en concentrant nos efforts sur ce que nous sommes en capacité de maîtriser.
Le printemps finira bien par arriver !
Article rédigé avant le second tour.