Sans les avoir forcément totalement atteints, toute œuvre humaine étant toujours perfectible, les objectifs poursuivis dans la réalisation du SCoT de l’agglomération bayonnaise et du sud des Landes permettent d’avancer. Ce travail à l’échelle de 48 communes (216 657 habitants) est à cheval sur deux départements créant de nouveau un périmètre spécifique. Ce qui, pour Martine Bisauta, n’est pas sans poser question.
Nous sommes sur un petit territoire qui s’esquinte à imaginer les périmètres les plus divers répondant chaque fois à une logique particulière si bien que l’on finit par générer une certaine confusion. Périmètres variables selon que l’on se trouve à l’EPFL, dans une autorité organisatrice de transports, à l’agence d’urbanisme, au SCoT… comme si à chaque fois un diable malin prenait plaisir à nous compliquer la tâche !
Un SCoT à l’échelle du Pays Basque aurait sans doute, été préférable et à moyen terme bien plus judicieux. Je m’empresse de dire que cela n’aurait pas empêché des partenariats fructueux avec des territoires limitrophes. Le débat en son sein sur l’agriculture a démontré que nos voisins landais sont sur des choix qui sans être diamétralement opposés à ceux que nous connaissons sont tout de même très différents. Il a, par exemple, été impossible de faire inscrire dans le document toute référence à une agriculture “paysanne, durable, ou encore maîtrisée” tant le coté intensif et peu local des productions voisines était en contradiction avec cette conception.
Un SCoT à l’échelle du Pays Basque
aurait sans doute été préférable et,
à moyen terme, bien plus judicieux.
Je m’empresse de dire que cela n’aurait pas empêché
des partenariats fructueux
avec des territoires limitrophes.
Le débat sur le DAC (document d’aménagement commercial) a de la même façon fait apparaître des contradictions fondamentales entre le désir du sud des Landes, de créer un pôle d’environ 100.000 m2 de surface de vente aux portes d’une agglomération déjà totalement saturée. Les arguments mis alors en avant donnaient à voir que les enjeux sont extrêmement différents sur les deux territoires. Il était évident que la représentation de l’espace de vie que chacun se faisait ne correspondait pas à la même réalité. Nos approches mêmes inconscientes sont incontournables et la volonté ne suffit pas pour faire exister ce qui n’existe pas… (CQFD )
Un outil moderne
Malgré ces débats et ces divergences, le SCoT qui vient d’être arrêté est un document assez exemplaire qui a pour ambition de réduire la consommation foncière de 50%, qui prend en compte l’augmentation de la population de 1%/an et qui veut répondre par un programme de constructions de logements que l’on peut qualifier d’ambitieux pour faire face au manque actuel et aux besoins futurs. Le rapport entre le développement urbain et la préservation des espaces agricoles et forestiers a fait l’objet d’une longue réflexion et l’examen des documents montre que la volonté politique est manifestement au rendez-vous.
Nous possédons maintenant un outil moderne dont le rapport de présentation expose un diagnostic territorial et l’état initial de l’environnement ce qui explicite par la suite les choix retenus. Nous avons pour certains participé à l’ensemble des commissions internes de l’Acba afin de peser aussi sur l’avis de l’agglomération et de porter la voix des intercommunalités plus modestes. L’ogre de la côte a réduit quelque peu ses prétentions, accepté aussi de geler nombre de ses emprises pour offrir une trame bleue et verte de qualité et reconnu l’ensemble des autres centralités. Ce qui n’était pas gagné d’avance, tant le déséquilibre actuel est patent !
Prise de conscience des acteurs publics
Au final, un schéma de cohérence territoriale très politique, définissant les grandes orientations pour les années à venir, qui préserve un équilibre satisfaisant entre les différentes fonctions urbaines, et qui dessine un modèle de développement soutenable pour le territoire concerné. La question de la mobilité est centrale et le travail accompli au sein du Conseil des élu-es avec “(a)ménageons le Pays Basque” a joué un rôle déterminant dans la réflexion commune. On mesure en permanence l’importance que jouent sur notre territoire les deux Conseils en permettant des avancées considérables dans la prise de conscience des acteurs publics. Faire le choix du renouvellement urbain, de l’extension des bourgs et des zones déjà urbanisées pour parvenir à une armature fonctionnelle est un énorme pas en avant. Et un choix qui s’oppose aux habitudes traditionnelles de façon frontale et courageuse.
Il était attendu ce SCoT, il est le résultat des travaux longs et parfois contraignants, de dizaines d’heures de réunions, de séminaires de réflexion riches et très suivis. Je peux témoigner ici de l’engagement des élu-es, du souci de parvenir à un premier document de cette nature qui prenne en compte la vie quotidienne des habitants mais aussi la préservation de la ressource, la richesse de la biodiversité, et le maintien de la vie économique et agricole. L’empreinte des activités humaines sur notre environnement est évidente, il s’agit sans cesse de prendre en compte cette nécessité en limitant au maximum les impacts négatifs et en faisant de la sobriété l’alpha et l’oméga de notre action. Une gageure presque, tant les antagonismes sont parfois évidents, mais la volonté de parvenir au meilleur des équilibres a guidé constamment l’assemblée. Y sommes-nous parvenus ? L’avenir proche répondra à cette question. Cela restera une belle aventure collective et il appartiendra ensuite à chaque collectivité de rendre son PLU compatible, dans les trois ans qui suivront l’approbation du SCoT de l’Agglomération bayonnaise et du sud des Landes.