La France compte accueillir 24.000 réfugiés en deux ans. Est-ce beaucoup pour l’Etat le plus vaste de l’Union Européenne, un des plus riches du monde ? Rappelons que ce chiffre de 24.000 correspond au contingent des “évadés de France” qui, fuyant l’occupation allemande et le STO, passèrent la frontière des Pyrénées, puis traversèrent l’Espagne franquiste pour rejoindre les armées françaises d’Afrique du nord. Certes reçus sans douceur excessive par un régime foncièrement hostile, dans un pays ruiné par sa guerre civile, ils ne furent cependant pas rejetés en France. Bien d’autres fugitifs trouvèrent refuge en Espagne, notamment de nombreux juifs. Aujourd’hui le pays (de la déclaration) des droits de l’homme ne se doit-il pas de faire au moins autant que l’Espagne franquiste ?
Rappelons aussi que pendant la guerre d’Espagne, la France accueillit –pas toujours bien, mais quand même– 5 à 600.000 réfugiés ibériques, dont 150.000 Basques et environ le double de Catalans, le tout malgré une crise économique et sociale au moins aussi grave que l’actuelle.
Aujourd’hui les 28 Etats de l’Union Européenne seraient-ils incapables de se mettre d’accord pour recevoir 120.000 personnes fuyant la guerre de Syrie ? Cinq de ces Etats, libérés de la domination soviétique, refusent toute participation : élégante façon de dire merci à l’Europe pour les avoir accueillis en sa riche compagnie alors qu’ils étaient dans le marasme le plus
complet…
Le minuscule Liban absorbe un million de réfugiés syriens, la Turquie deux millions. Bravo l’Europe donneuse de leçons au monde entier !
L’Allemagne scandalise les Français en se déclarant prête à recevoir près d’un million de personnes, et les petits malins de l’hexagone ricanent quand elle se met à contrôler les arrivants à ses frontières. Il est vrai que l’Allemagne n’est sans doute pas totalement désintéressée, car elle souffre d’un grave déficit démographique par suite d’un très faible taux de natalité.
De plus les réfugiés syriens ont souvent un niveau d’instruction élevé qui les rend très intéressants pour l’économie. De son côté la France, qui a des jeunes grâce à l’importance de sa population d’origine immigrée, manque toutefois de médecins, d’infirmières, d’enseignants… Mais la montée du Front National et de la xénophobie congèle la pensée française, intimide les
dirigeants à gauche comme à droite, paralyse l’opinion publique.
Etrange psychose d’un pays qui déprime malgré tant d’atouts naturels et culturels. Terrible schizophrénie d’un peuple qui passe constamment d’un extrême à l’autre des sentiments, tantôt se voulant encore une superpuissance mondiale comparable aux USA, tantôt se croyant au dessous de tout quand il réalise que ce n’est plus le cas.
L’on a donc envie de lui conseiller plus de mesure, de bon sens, de logique, bref de cartésianisme, qualité pourtant revendiquée avec éclat comme éminemment nationale.
Amis, éteignez vos illusions de grandeur himalayenne ou au contraire d’abyssale décadence. Vous n’avez pas rétréci. Tout simplement d’autres ont atteint ou retrouvé leur taille d’Etats-continents ou sous-continents qui ne peut pas être la vôtre. Devenez sagement, résolument, la première des puissances moyennes ; devancez le Japon, l’Allemagne et la GB, vous avez largement les atouts qu’il y faut, et foutez-nous la paix avec vos états d’âme irrationnels, en tout cas déraisonnables.
Pour ce qui est d’accueillir des réfugiés, resterez-vous donc au dessous de l’Espagne franquiste ? Là oui, vous tomberiez très bas !