Il y a quelque chose de complexe et ambivalent pour nous bayonnais présents à ces fêtes depuis maintenant quelques décennies. De l’ordre de la passion/répulsion. Car elles sont un lieu de brassage, par une diversité culturelle, sociale et générationnelle autour de rencontres toutes à la fois organisées et improbables, jusqu’aux discussions effrénées, sur fond d’alcoolisation. Mais, revers de la médaille, cette surpopulation, en grande partie avinée, en un lieu finalement assez confiné, entraîne majoritairement à la nuit tombée, et jusqu’au petit matin excès, vols, viols et violences en tout genre. Certes.
Larmes à l’œil
Je me remémore le milieu des années 70 où, à 16 ans, nous descendions en fin de journée de la rive droite bayonnaise en bleu de travail –s’inspirant de la tenue des ouvriers des Fonderies de Mousseroles paraît-il– et xahakoa en bandoulière, arpentant essentiellement le Petit Bayonne, draguant les touristes, déambulant en bande, de comptoirs extérieurs en podiums exultant des musiques modernes et acidulées des chanteurs à la mode tels Clo-clo et Joe Dassin, dont on n’aurait jamais pensé continuer à les supporter 35 ans plus tard. Le terme «peña» n’existait pas, d’autant qu’il n’y avait que très peu d’associations accueillant du public. Proportionnellement à la population festive, il n’y avait pas moins de bagarres. Juste un jour de plus et beaucoup moins de monde, à tel point que le marché des Halles fonctionnait sans trop de peine le samedi matin. Les «refêtes» au Petit Bayonne, trois semaines plus tard, nous permettaient des retrouvailles plus familiales où le caractère euskaldun était plus prégnant.
Nouveau siècle et millénaire
Aujourd’hui la ville prend un air de camp retranché avec ses 23 km de barrières. Des avancées certaines ont eu lieu: les voitures demeurent hors de l’enceinte des fêtes, les festayres sont en tenue essentiellement blanche et rouge ce qui, paradoxalement, confine à un uniforme trop uniforme d’autant que les couleurs bayonnaises sont le rouge… et le vert, la Mairie participe avec les collectifs de femmes à une campagne de prévention contre les violences sexistes, les secours sont optimums, la fête diurne a gagné en qualité, au détriment de la nocturne, invitant les vieux de plus de trente ans à s’y rendre alors que nos parents la boudaient, la commission extra-municipale des fêtes avec ses 22 membres et ses 4 groupes de travail n’est plus une simple chambre d’enregistrement, 140 sanisettes publiques ont été installées, des bus partent des villes environnantes et les verres réutilisables sont généralisés avec plus de 300 000 euros de recettes pour Eco Cup…
Le coût global des fêtes 2011 s’est élevé à 1 500.000 euros dont 331.000 pour l’animation. Des améliorations notables doivent être faites à l’instar des propositions faites par la Commission extra-municipale dont celles de Roger Goyheneche. Développer les musiques vivantes tous azimuts –musiques, chants, théâtre de rue, cirque– afin d’éliminer toutes les sonos vociférantes, limiter encore les comptoirs extérieurs jusqu’à leur disparition, obliger les bars/restaurants/peñas à mettre à disposition leurs toilettes, étendre davantage le périmètre de la fête sur la rive droite, organiser une charte pour les peñas qui pour la grande majorité fonctionnent depuis sept ans sans licence II ni contrôle de la commission de sécurité, l’idée d’un «pass des fêtes» à approfondir…