Bras de fer à l’Interprofession Ovine par Francis Poineau

A côté de l’élevage de vaches allaitantes, celui des brebis laitières représente la principale production de la zone montagne du Pays Basque et du haut Béarn. Il concerne près de 2.000 exploitations agricoles entre ceux qui livrent le lait aux laiteries et les producteurs fermiers qui fabriquent leur fromage à la ferme.
Ces dernières années à chaque Assemblée générale de l’interprofession ovine où se retrouvent, les représentants des producteurs et la quasi-totalité des transformateurs laitiers, le constat était fait d’un déficit de production de notre bassin et les transformateurs de prendre l’habitude d’acheter du lait ailleurs (Aveyron et Espagne essentiellement) à un tarif moindre que celui d’ici (achat de 12 million de litre en 2009/2010).
Fin octobre 2009 à la dernière AG même constat et aux questions posées quant à l’intérêt de cette stratégie d’acheter du lait extérieur, même réponse: «pour répondre aux besoins du marché et aux prévisions des entreprises».

Exemple de libéralisme appliqué
au lait de brebis par un grand groupe laitier
L’entreprise des Chaumes qui appartient au groupe laitier Bongrain s’est intéressée vers la fin des années 70 à la collecte et à la transformation du lait de brebis. C’est elle qui a eu l’idée de créer la marque ETORKI le fromage basque et de communiquer au niveau national français. Comme toute entreprise qui investit, elle a eu une attitude conquérante sur le marché et a encouragé les paysans à produire toujours plus: pour avoir une source d’approvisionnement local garanti par de gros ateliers industriels (ex: le berger de Souraide qui produit plus d’un million de litre de lait par an sur une seule ferme, sur plusieurs milliers de mètres carrés de bâtiments avec un va et vient de camions d’approvisionnement pour l’alimentation par la ration complète, sortie de lait et navettes de camions d’équarrissage). Cette entreprise qui au départ a joué le jeu à la création de l’AOC Ossau Iraty s’est ensuite retirée de la démarche collective au profit d’une politique de marque privée. Elle veut organiser la compétitivité interbassins en déclarant que le lait local est trop cher.
Mi-décembre quand les entreprises se décident à entrer en négociation avec leurs producteurs pour fixer le prix du lait de la campagne en cours, l’entreprise qui assure la plus grosse collecte (Les Chau-mes) fait savoir qu’il lui reste sur les bras 1.5 million de litres par rapport à ses prévisions et demande avec le collège des producteurs de résoudre le problème au sein de l’Interprofession avec tous les autres transformateurs. En attendant, elle refuse de négocier le prix du lait pour la campagne en cours et laisse ses producteurs dans l’expectative. L’instance se réunit plusieurs fois sans pouvoir trouver de solutions.

Mobilisation des paysans
C’est pourquoi mercredi dernier à l’appel de tous les syndicats généraux (FDSEA, ELB, JA) les paysans se sont mobilisés pour obtenir des réponses aux problèmes posés.
Mais l’équation est certainement trop simple: alors que les industriels laitiers prévoient de faire rentrer environ 7 millions de litres de lait de l’extérieur de notre zone de production, ils estiment, compte-tenu des dernières prévisions concernant la production de cette année, qu’ils auraient toujours 1.5 millions de litres en trop. Aussi proposent-ils de façon exceptionnelle d’envisager un arrêt de collecte à partir de fin juillet qui s’appliquerait à toutes les laiteries et donc à tous les producteurs. Avec une possible déstabilisation de la production fermière.
Quelle attitude responsable que d’abandonner les producteurs en fin de saison! Comme le soulignait un industriel c’est bien le dernier verre en trop qui fait déborder la bouteille, ce à quoi un paysan lui a répondu que cela dépendait de comment et avec quel lait on avait rempli le premier verre! Le bon sens paysan ne fait plus partie du savoir calculer de nos chers industriels qui comme les Shadoks, aiment bien faire plus compliqué que simple. Les paysans ont alors proposé que cet arrêt de collecte soit conditionné à l’arrêt de fabrication, avec du lait extérieur, de PPNC (pâte pressée non cuite) qui, en fait, imite notre fromage local. Mais les transformateurs n’ont pas pu prendre un engagement sur le champ et doivent étudier la faisabilité de la proposition.
Ainsi il a fallu près de 10 heures de négociations (de 14h à 24h) pour que nos industriels acceptent de signer un accord interprofessionnel pour donner priorité à l’utilisation du lait du bassin en supprimant le mot «s’efforcer de donner priorité» qui était écrit dans le texte précédent. Mais ils n’ont pas voulu donner leur accord sur la dernière proposition faite par les paysans pour le lait de cette année. Cet entêtement leur a valu de rester une nuit dans les locaux de l’ADER, ce qui a été décidé par les 2/3 des paysans présents. Il s’en est suivi un refus de discuter pour finaliser un accord possible et, sur proposition du représentant de l’administration, il a été décidé de prendre rendez-vous ultérieurement avec monsieur le sous-préfet.
Plus que du fond, c’est de la forme et du principe de ne jamais céder à la demande des paysans qu’il s’agit: c’est une position inadmissible et irresponsable.
En espérant que la bonne volonté, celle de traiter réellement le problème, en assumant chacun ses responsabilités, sera au rendez-vous de la prochaine négociation, en laissant la mauvaise foi et la langue de bois de coté!

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