Le communiqué était attendu avec une certaine impatience, pour ne pas dire une impatience certaine, en Euskal Herria. Il porte la date du 8 janvier 2011 et a été publié lundi 10 sur le site de Gara et celui d’El Pais: “ETA a décidé de déclarer un cessez-le-feu permanent et de caractère général qui puisse être vérifié par la communauté internationale”.
Certes le communiqué n’annonce pas l’abandon définitif et unilatéral de la lutte armée, comme l’exigeait l’Accord de Gernika. C’est tout de même une avancée pour Euskal Herria. En revanche, c’est une mauvaise nouvelle pour Zapatero et Rubalcaba qui voient s’affaiblir le prétexte de la répression tous azimuts qu’ils exercent sur tout ce qui touche de près ou de loin à la mouvance Batasuna ou, plus largement, ceux qui revendiquent l’autodétermination d’Euskadi. Les déclarations de Rubalcaba (lire ci-contre) ne rassureront pas ceux qui attendent un geste du gouvernement de Madrid en faveur de la résolution du conflit.
Dans une vidéo transmise le 5 septembre à la BBC, l’organisation clandestine avait indiqué qu’elle “ne mènerait plus d’actions offensives armées”, ajoutant avoir pris cette décision “il y a plusieurs mois”. Deux semai-nes plus tard, ETA s’était dit prêt à dialoguer avec des médiateurs internationaux puis s’était déclaré, dans une interview à Gara, “disposé” à observer un cessez-le-feu permanent, et “même à aller plus loin”.
«ETA poursuivra sans faiblir sa lutte et ses efforts pour impulser et mener à terme le processus démocratique, jusqu’à l’obtention d’une véritable situation démocratique en Pays Basque». C’est par cette phrase, au contenu quelque peu sibyllin, que s’achève le communiqué de lundi. Elle laisse entendre qu’ETA revendique un rôle déterminant comme interlocuteur dans le débat politique sur l’avenir d’Euskal Herria. Rôle dont précisément le gouvernement espagnol ne veut pas entendre parler, exigeant le dépôt définitif et sans condition des armes.
Il n’est pas certain non plus que les partis abertzale, notamment ceux qui pointent de-puis longtemps l’inutilité de la lutte armée, voient d’un bon œil cette volonté d’ETA de s’arroger une sorte de leadership politique. En démocratie, la légitimité politique découle des urnes et non de l’action clandestine armée, quels qu’aient été ses mérites lors des som-bres périodes dictatoriales. C’est pour cela que la légalisation de Batasuna est indispensable au débat démocratique post-lutte armée.