Ses promoteurs doivent rendre publique sa création avant le 15 février. A Gasteiz le 16 janvier, l’ex-Batasuna, EA et Alternatiba ont signé un accord politique. Celui-ci devait porter ses fruits et déboucher sur une alliance aux prochaines élections forales et municipales de mai. L’entente électorale portera sur des listes communes dans les trois capitales de province et aux élections des juntes générales des députations de Biscaye, Gipuzkoa et Araba. Si Euskal Herria Ezkerretik parvient à être légalisé, la partie devrait être chaude en Gipuzkoa où le poids de cette alliance devrait être équivalent à celui du PNV d’un côté et du PSOE de l’autre et donc rendre la province difficilement gouvernable.
Eusko Alkartasuna a toutefois prévu l’hypothèse d’une candidature en solitaire. Là où il est le plus influent, en Gipuzkoa, deux têtes de listes sont déjà sur les starting-blocks: Iñaki Agirrezabalaga pour les juntes et Josu Ruiz à Donostia.
Aralar n’envisage pas pour l’instant d’alliance dans les trois provinces; mais peut-on dire «jamais» en politique, les choses évoluent si vite… En Navarre, le bras de fer se poursuit entre les formations qui composent la coalition Nafarroa bai (EA, Aralar, PNV et indépendants) et le futur Euskal Herria Ezkerretik qui n’est pas encore légalisé. Il demande à faire partie de la coalition, ce que rejette le PNV. Nafarroa bai propose à son actuel député aux Cortés, Uxue Barkos, d’être tête de liste pour la mairie d’Irunea.
La venue en Pays Basque de Brian Currin et de son équipe de médiateurs du «Groupe international de contact» est annoncée pour dans quinze jours. Ils se chargeront dans un premier temps de constater l’absence d’activités d’ETA.
La loi scélérate peaufinée
Le gouvernement espagnol de son côté peaufine une nouvelle loi qui durcit encore la législation sur les partis élaborée sur mesure par Aznar afin d’interdire toute représentation de Batasuna dans les institutions. Le 26 janvier, les Cortés ont donné leur feu vert sur une mouture déjà approuvée par le sénat. PSOE, PP, UPN et UPyD (gauche ultra-jacobine) ont voté oui, IU et les formations catalanes et basques ont voté non, CiU s’est abstenu. Le texte antérieur comportait quelques failles par lesquelles les juristes abertzale étaient plus ou moins parvenus à s’engouffrer. Désormais, l’Etat par la voix de son juge d’instruction et de son avocat général pourra inculper les candidats qui lui paraissent suspect postérieurement au scrutin. Les élus éventuels seront expulsés des institutions où ils siègent, à moins qu’ils condamnent volontairement et expressément ETA et le terrorisme. Toute personne ayant été condamnée pour terrorisme ou rébellion contre l’administration publique et les institutions de l’Etat, sera également inéligible. La loi s’applique aux associations d’élus pour éviter que, par le biais de coalitions, certains candidats de Batasuna passent entre les mailles du filet. A titre préventif, les juges pourront fermer les sièges de partis suspects: les locaux des Herriko taberna sont ici directement visés.
Le PNV pense que cette nouvelle loi permettra au gouvernement de manipuler les résultats en fonction du poids de Batasuna dans certaines municipalités et de permettre ainsi l’arrivée au pouvoir de coalitions PSOE-PP.