Décidément les cieux sont avec Seaska. Encore une fois un temps splendide a favorisé l’immense succès populaire de Herri Urrats autour du lac de Senpere. Dans une ambiance toujours aussi chaleureuse et sympathique, quarante mille, peut-être cinquante mille personnes, jeunes en grande majorité, se sont pressées aux concerts, aux spectacles de danse et aux animations pour les enfants, répartis en sept pôles portant chacun le nom de l’une des sept provinces d’Euskal Herria.
Le soutien de la société basque aux ikastola ne faiblit pas. C’est sans doute l’aspect le plus remarquable de l’événement qui en était à sa 29ème édition, comme le soulignait Paxkal Indo, le président de Seaska: «l’année dernière, le succès avait été au rendez-vous, cette année le soutien populaire est sans doute encore plus grand».
Les organisateurs, comme d’habitude, avaient prévu grand. Mais talo, paella et bouteilles de cidre étaient épuisés dès le début de l’après-midi. Parmi les nouveautés de l’édition 2012, pour n’en citer que quelques-unes, la présence de la mascarade souletine. L’association des anciens élèves de l’ikastola de Soule avait cette année charge de l’organiser en Soule. En se basant sur l’histoire de l’ikastola de Soule, l’association a très heureusement renouvelé le genre. Pour beaucoup de participants du Nord comme du Sud, ce fut une découverte. Nouvelles technologies obligent, gros succès du flasmob proposé par les clowns Pirritx, Porrots et Marimotots dans l’espace des enfants, auxquels s’étaient joints certains acteurs de la mascarade.
Le concert du mythique groupe Su ta Gar, qui vient de sortir un nouvel album, a drainé la grande foule des jeunes et des moins jeunes vers l’espace Nafarroa, tandis qu’Andde Duhalde, autre grand fédérateur de générations, apportait sa touche personnelle aux spectacles offerts.
Comme toujours, les animateurs de Maiatz, Elkar ou Hatsa tenaient commerce dans l’espace réservé aux éditeurs. Non loin, les réalisateurs du film «Ainara» présentaient leur œuvre et recueillaient signatures et contributions. Les promoteurs d’euskal moneta tenaient leur stand à l’entrée pour organiser le referendum sur le nom à donner à la nouvelle monnaie. Plus de 1.100 personnes ont participé au choix dimanche, venant s’ajouter aux quelque 700 internautes qui avaient déjà exprimé leur préférence. A côté de l’euro il y aura donc désormais l’eusko.
En parlant de sous, les bénéfices du 29ème Herri Urrats iront à l’agrandissement et à la rénovation du collège Xalbador de Kanbo, vieillissant et trop petit pour accueillir les quelque 260 élèves scolarisés. «Herri Urrats s’est bien déroulé et nous exprimons notre gratitude à la société basque. Mais combien de Herri Urrats de-vrions-nous organiser pour faire face à la situation?» s’est interrogé Paxkal Indo, en appelant les collectivités à partager l’effort consenti par les ikastolas en faveur de la sauvegarde et de la promotion de l’euskara.
Appel entendu, semble-t-il, par le Conseil régional qui, aux dires du président de l’OPLB et conseiller régional, Frantxua Maitia, a validé le principe du financement d’un nouveau lycée à Biarritz. Et pour vérifier qu’ils savent compter les sous en basque, les élèves des ikastola pourront passer l’épreuve de mathématiques du bac en euskara dès cette année. Epreuve qui viendra faire la paire avec celle d’histoire et géo, à ce jour unique entorse de l’Etat français à l’article II de sa constitution. L’administration française montre qu’elle sait compter jusqu’à deux.