Laurence Hardouin Peio Menta candidats EH Bai dans la 5ème circonscription

Enbata: Certains abertzale disent que les législatives françaises ne sont pas des élections prioritaires pour les abertzale. Que répondez-vous à cela?
Laurence Hardouin: La situation actuelle est inédite. Nous sommes à un virage important, celui de la résolution du conflit en Euskal Herria et il est de notre responsabilité de participer activement à cette résolution.
Les élections législatives sont un moyen de faire passer notre message à ce sujet pour lequel nous sommes impliqués et concernés au premier plan et obliger les autres représentants et représentantes de partis politiques de prendre leurs responsabilités et de se positionner.

Enb.: Vous venez du monde non abertzale, vous êtes en quelque sorte une candidate d’ouverture. Pourquoi avoir accepté cette investiture?
L. H.: Lorsque l’on m’a proposé de rejoindre EH Bai c’est vrai que je me suis posé la question de ma «légitimité» dans le sens où même si j’adhère pleinement aux idées et aux combats que cette coalition porte, j’avais une sorte de «complexe» à me retrouver en tête de liste. Et puis, en y réfléchissant, je me suis dit que ma contribution pouvait passer par cet engagement.
Je suis en lien avec les militants et les militantes abertzale depuis des années au travers de mon propre engagement associatif et ils m’ont toujours soutenue dans mes combats et mobilisations. Du coup je me suis dit que c’était à mon tour de répondre présente. Etre abertzale peut prendre différentes for-mes, les clichés je laisse ça aux autres. Je n’ai jamais fonctionné avec des a priori, et je veux aussi par cette candidature combattre toutes les idées reçues et elles sont nombreuses.
Enb.: Comment allez-vous vous adresser aux électeurs de cette 5ème circonscription, où le vote socialiste a fortement progressé à la présidentielle mais où l’électorat est loin des préoccupations abertzale?
L. H.: Notre programme est un vrai programme de gauche. Il y a une alternative en-tre la droite et le parti socialiste qui s’est rangé à une politique néo-libérale. Cela passe par l’affirmation que la dette n’est pas notre dette, mais celle des banques et des riches.
Le Parti socialiste a participé à la déréglementation des marchés financiers, en soutenant notamment les différents traités européens avec ses dogmes néo-libéraux. Le dernier gouvernement socialiste de Jospin a favorisé la privatisation de France Télécom, signé les accords européens de Barcelone ouvrant à la concurrence les services publics de l’énergie, des transports et du courrier. J’ai du mal à croire à un véritablement changement!

Enb.: Dans cette terre de mission qu’est la 5ème circonscription pour les abertzale, on imagine que votre intention n’est pas de vous adresser aux seuls abertzale, mais d’amener à vous des citoyens proches des options abertzale. Quel sera le cœur de votre message pour être entendue par un électorat plus vaste et améliorer ainsi le score abertzale dans la 5ème circonscription?
L. H.: En effet, EH Bai n’entend pas s’adresser aux seuls abertzale, notre programme concerne tous les habitants du Pays Basque, peu importe que l’on soit né ici ou que l’on vienne d’ailleurs. Notre volonté est de prendre en compte les besoins de l’ensemble de la population. La diversité est une richesse, et nous sommes un peuple qui a toujours su préserver sa culture et sa langue, malgré la volonté de les éradiquer de la part de l’Etat français, alors il ne nous viendrait pas à l’idée de faire de même avec autrui!
Pour autant, cela n’est pas incompatible avec la volonté de se battre pour notre langue ou nos traditions nous ne somme pas dans une logique d’opposition, mais de respect mutuel. Les rencontres que je peux faire au travers de mon métier ou de mon activité associative m’ont convaincu que notre programme est parfaitement en adéquation avec les besoins d’une population très variée. Là encore il faut sortir des clichés!

Enb.: A l’instar de ce qui s’est produit par le passé, l’élection de François Hollande générera sans doute un mouvement en faveur du candidat socialiste pour donner une majorité au nouvel élu. Quelle sera votre stratégie pour que votre voix soit entendue par l’électorat progressiste? Quelles seront les idées-force qui vous démarqueront et donneront envie aux électeurs de voter pour le candidat que vous êtes?
L. H.: Notre programme se décline sur deux axes: le premier global qui remet en cause le système économique actuel, source de gra-ves inégalités de par le monde et le second local qui propose des alternatives crédibles pour améliorer cette situation. Une mesure essentielle pour créer de l’emploi est la reprise de la diminution du temps de travail en arrivant aux 32 H, car grâce à un partage plus équitable des richesses nous pouvons partager le temps de travail et faire reculer la précarité. Le droit à la formation durant toute sa vie professionnelle et sur le temps de travail. EH Bai propose aussi de taxer les résidences secondaires et l’argent sera destiné à la construction de logements sociaux car nom-bre de personnes aujourd’hui pourraient
y prétendre en raison de leur revenus et
ne peuvent y accéder en raison du grave manque de logements.

Enb.: Le statut de l’euskara et la collectivité territoriale spécifique seront, on imagine, au cœur de votre campagne. Comment porterez-vous ces revendications auprès de l’électorat de la 5ème circonscription?
L. H.: La co-officialité de l’euskara avec le français est une revendication forte. Il est nécessaire de reconnaître à l’euskara une égalité parfaite. Et cela passe par des mesures con-crètes: la possibilité d’utiliser au choix l’une ou l’autre des deux langues dans les services publics par exemple.
Mais il faut aussi se donner les moyens de continuer à augmenter le nombre de locuteurs notamment en proposant systématiquement l’enseignement en euskara et de l’euskara dans toutes les écoles, et non pas comme aujourd’hui en le considérant comme une simple option qui doit être demandée par les parents pour leurs enfants ou en développant l’enseignement pour les adultes. Et je sais de quoi je parle…
Cette revendication est tellement ancienne —elle fut formulée pour la première fois par l’académie de la langue Basque en 1944—, il est urgent d’y parvenir enfin.
De fait la création d’une institution territoriale spécifique permettra d’œuvrer en ce sens. Elle permettra aussi de mettre en œuvre sur notre territoire une politique des transports cohérente et une politique en matière d’agriculture qui tient compte des besoins tant de la population consommatrice que des agriculteurs et agricultrices. En fait il faut que cette collectivité territoriale ait le plus de compétences possible pour pouvoir agir au plus près des besoins de la population.

Enb.: Le programme d’EH Bai ne dit rien sur la nécessité d’un développement universitaire fort pour le Pays Basque Nord et de la création d’une université de plein exercice. Est-ce à dire qu’EH Bai pense que la formation des jeunes et la recherche n’ont pas d’importance pour le devenir de nos jeunes et du développement social et économique que nous voulons pour ce pays?
L. H.: Bien évidemment que non! Le programme d’EH Bai propose un développement des filières technologiques et d’enseignements supérieurs. Nous sommes donc pour une université de plein exercice en Pays Basque qui permette aux jeunes de toute catégorie sociale de poursuivre leurs études près de leur domicile mais aussi de décider localement des formations et des partenariats à développer. Les restrictions budgétaires actuelles et le regroupement des universités ne favorisent pas cette revendication légitime. Mais les investissements financiers importants consentis par l’ACBA pour la construction du pôle universitaire doivent se traduire par une politique volontariste en dotation de postes d’enseignants et de filières complétées et adaptées au développement de ce territoire. Nous dénonçons le manque d’ambition de nos élus qui entraîne un risque de gaspillage d’argent public. Nous proposons la création d’une université technologique autonome en relation avec l’existant (IUT, Estia, IAE, Droit, Sciences, Euskara…) permettant l’instauration de filières complètes, de développer la recherche avec des entreprises locales et d’organiser des partenariats avec les universités d’Hegoalde et d’Europe.
La période est historique, un vent nouveau porteur d’espoirs souffle sur le Pays Basque. Nous sommes tous concernés, pas une voix ne doit manquer. Hitza, la parole, notre slogan. Un seul objectif faire entendre la voix du Pays Basque à Paris! Bozka EH Bai.

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