Ce 21 mars 2010 fera date dans l’histoire de la Corse en général et
dans celle des nationalistes de l’île en particulier. En mettant fin
à 26 ans de gouvernance de droite, les électeurs corses ont
clairement signifié leur désir de changement. Désir irrépressible
puisque 69% des électeurs se sont déplacés jusqu’aux urnes dimanche
dernier, battant, et de loin, le record de participation à ces
régionales.
La gauche, avec 36,62 % des voix, termine à la première place, mais
subit une perte de 4% par rapport au total obtenu par les quatre
listes de gauche (radicaux, socialistes et communistes) du premier
tour. La liste d’union menée par le radical de gauche Paul Giacobbi
doit se contenter d’une majorité relative de 24 sièges sur les 51 de
l’assemblée territoriale. Elle bénéficie de la prime de 9 élus
réservée à la formation arrivée en tête. Paul Giacobbi devrait être
élu président de l’exécutif, son allié communiste, Dominique
Bucchini, devrait présider l’Assemblée territoriale. Mais la majorité
relative devrait les forcer à composer.
Dans ce contexte, le mouvement nationaliste est sorti grand vainqueur
de ce scrutin. Avec un total de 35,74% des voix, la liste autonomiste
Femu a Corsica conduite par Gilles Simeoni (25,90%) et la liste
indépendantiste Corsica Libera de Jean-Guy Talamoni (9,85%)
obtiennent les meilleurs scores de leur histoire. Ils talonnent la
liste d’union de la gauche. La liste de Gilles Simeoni et Jean-
Christophe Angelini avait obtenu 18,40% au premier tour. Elle fait un
bond de 7,50% pour atteindre 25,90%. La liste de Jean-Guy Talamoni
retrouve son score du premier tour où elle avait obtenu 9,36% des voix.
L’extraordinaire dynamique des dernières municipales qui avaient vu
l’alliance des nationalistes modérés réaliser une formidable percée
se confirme. Elle est devenue la principale force politique de l’île.
La stratégie de clarté imposée par le PNC et ses alliés paie. En se
présentant sur deux listes au suffrage des électeurs, les deux
tendances obtiennent trois fois plus de voix qu’il y a six ans, quand
ils étaient unis sous la bannière d’Unione naziunale. L’essentiel des
gains est à porter au crédit de Femu a Corsica.
Premiers à Porto-Vecchio, qui fut pendant des décennies le fief de
Jean-Paul de Rocca-Serra, puis de son fils Camille, président sortant
de l’Assemblée et député UMP, deuxièmes à Ajaccio et à Bastia, les
deux principales villes, les nationalistes modérés sont désormais au
centre de l’échiquier politique. Ils constituent une force avec
laquelle la nouvelle majorité devra compter. Les colistiers de Gilles
Siméoni disposeront de 12 sièges sur 51 à l’Assemblée territoriale,
ceux de Jean-Guy Talamoni 3, soit, au total, 7 de plus que sous la
précédente mandature.
Fort de son succès à Porto-Vecchio, Jean-Christophe Angelini, leader
du PNC a déclaré: « Nous ne sommes pas là pour jouer les arbitres. La
question n’est pas de remplacer la droite par la gauche. Maintenant,
il va falloir travailler avec tout le monde, y compris les
nationalistes. »
Le renouveau corse est en marche.