Une soixantaine de membres d’AB présents en cette assemblée générale extraordinaire du mouvement en ce samedi 14 mai 2011. Soixante personnes intéressées par les trois thèmes proposés: Bilan chiffré des dernières élections locales, la stratégie à adopter —avec vote des militants présents et représentés— vis-à-vis des prochaines élections sénatoriales, les chantiers à entreprendre dans les prochains mois (an-nées) pour redynamiser AB.
Les trois thèmes ont permis à chacun de s’exprimer et les débats, réflexions, échanges entre tout(e)s ont été appréciés.
Que reste-t-il de ces quatre heures d’analyse, points de vue, questionnements. La certitude que chacun a exprimé une certaine lassitude, un agacement parfois, un doute sûrement sur l’avenir. Comme si nous n’avions plus de repère, de pôle catalyseur, de bien commun.
Il a été question d’ouverture, de rassemblement des forces, de réconciliation, de changement dans notre mode de fonctionnement, de (re)travailler ensemble, de renforcer l’abertzalisme. C’est l’expression même d’un désarroi, d’une crainte aussi. Crainte d’avoir perdu du temps et usé beaucoup d’énergie pour se reposer encore et encore les mêmes questions. Qui sommes-nous, où allons-nous, comment et avec qui y allons-nous sans per-dre ce qui fait et demeure notre identité. Les faits, la réalité sociale et économique qui nous entourent sont têtus et sévères. Nous ne sommes pas seuls à rêver un territoire, un espace de décision, voire une gouvernance spécifique. Sauf que les moyens et méthodes à adopter ne sont pas communs. Et le rêve s’arrête là, par auto blocage. D’où l’urgence pour certains, l’attente —la prudence— pour d’autres.
Hélas, il y a urgence. Urgence, car nous n’avons que trop perdu de temps et d’énergie à nous tester, nous observer, nous soupçonner. Existerait-il un brevet sincérité, de bonne volonté, de basquitude —décerné par qui et au nom de quoi? Consciemment ou inconsciemment, nous nous faisons peur comme s’il fallait s’auto protéger d’un entrisme supposé. En quarante années, combien d’hommes et femmes de bonne volonté avons-nous usés puis perdus? Combien nous en faut-il encore pour comprendre?
Un des participants à cette assemblée nous a exhorté à ne pas avoir peur, peur de nous-même.
Seul le travail au quotidien permettra de re-cueillir auprès des gens qui nous entourent visibilité et crédibilité. Cette crédibilité se traduira alors, mais pas avant, dans les urnes. Car le but, qu’on ne se voile pas la face, est bien d’entrer en pouvoir de décider ici, en Iparralde, pour Iparralde, avec les gens d’ici, abertzale ou non, encartés ou non. C’est ce travail au quotidien qui doit être repris avec acharnement mais aussi avec détente et amabilité. C’est ce travail qui doit être valorisé, exposé. Iparralde doit vivre et prospérer par nous, grâce à nous. Nous devons rester les moteurs d’alternatives, de nouveaux projets, d’événements.
Nous devons créer le désir et susciter l’envie. Le tissage de liens, le mélange des «sangs» et des esprits, l’accueil et le dialogue ne sont certainement pas des freins à ce que nous sommes, à ce que nous croyons, bien au contraire.
J. M.