Presque cinq ans que Seaska n’avait pas appelé celles et ceux qui soutiennent l’enseignement de l’euskara par immersion à la rescousse. C’est ce que la fédération des Ikastola d’Iparralde a fait samedi dernier en convoquant enseignants, pa-rents, élèves et amis à une manifestation pour exiger de l’Etat les moyens pour accompagner son développement, dans un contexte où la défense de l’euskara passe par une augmentation du nombre de ses enseignants.
Ils étaient près de 3.000 à arpenter les rues
de Bayonne, derrière les joaldun, dans une ambiance comme toujours bon enfant mais empreinte de détermination. La manifestation n’aura pas manqué de rappeler aux têtes chenues ambulantes celle, plus imposante et grave du 1er octobre 1977, en faveur de l’ikastola de Saint-Palais, qui fut la première d’une longue série qui ponctuera les quatre décennies passées.
L’inspecteur d’académie Henri Masurie dont le nom restera pendant longtemps synonyme de l’intransigeance de l’Etat jacobin vis-à-vis des droits de ses minorités, avait décrété la fermeture de l’ikastola amikuztar pour «im-précision des intentions pédagogiques dans l’enseignement du français». Il dût plier devant la détermination des militants de l’euskara.
Fort heureusement, la donne a changé depuis, notamment depuis la signature du contrat d’association avec l’Education nationale française, sous le ministère de François Bayrou, en 1994.
D’agressions en manifestations, de négociations difficiles en lentes avancées, les rapports de Seaska avec l’Education nationale n’ont jamais été un long fleuve tranquille pour obtenir la reconnaissance de son modèle pédagogique d’enseignement immersif dans une filière complète, de la maternelle au lycée.
Comme l’a souligné le président de Seaska, Paxkal Indo, Seaska doit assurer le financement de 17 postes d’enseignants sur ses fonds propres. Ce chiffre passera à 22 à la rentrée prochaine, mettant en danger l’équilibre financier de l’association. 150 enfants supplémentaires seront scolarisés dans les 29 ikastola maternelles et primaires en septembre prochain, venant s’ajouter aux 479 supplémen-taires de ces cinq dernières années. Signe du désengagement progressif de l’Etat, seulement 13 postes supplémentaires d’enseignants ont été accordés en cinq ans. En ne prenant en compte que les enseignants payés par l’Etat, le taux d’encadrement s’élève à un enseignant pour 37 élèves. Ce qui pédagogiquement et même matériellement est inacceptable.
Pour compenser Seaska paie de sa poche les enseignants supplémentaires nécessaires à une bonne efficacité pédagogique 11 en 2009, 17 en 2010 et 22 à la rentrée prochaine, si l’Etat en reste là. Le déficit de la Fédération se creusera considérablement. Autant de raisons de ne pas abdiquer. «Kasu Ikastolak kexu», la banderole derrière laquelle se rangeaient les manifestants de samedi exprimait bien les raisons de la colère et l’urgence de la situation.