Ce qu’a dit Sarkozy
Sur le processus de paix
“J’ai toujours affirmé que la démocratie française serait au côté de la démocratie espagnole. Il n’y a pas une feuille de papier entre nous. L’ETA a un peu plus de 850 crimes à son passif. Je pense à toutes les victimes. Il se trouve qu’un processus politique est engagé, nous le suivons avec beaucoup d’intérêt. Deux éléments l’ont permis: la fermeté contre les assassins et la main tendue à certaines revendications politiques. Cet en-semble fait qu’aujourd’hui on peut parler d’un nouveau climat. Je m’en réjouis”.
“Sur le principe, je suis favorable au rapprochement des détenus de leur famille. On doit faire le maximum pour satisfaire cette revendication. Il y a un problème particulier avec les détenus de cette mouvance. D’abord, dans nos prisons françaises, la majorité des détenus qui mènent ce combat sont espagnols. Donc naturellement, leur rapprochement est limité. Deuxièmement, le pôle de la lutte antiterroriste est à Paris et tant que toute la vérité judiciaire n’est pas tranchée, les détenus doivent rester à disposition du juge. Sous cette réserve, j’ai toujours considéré que le rapprochement était quelque chose de possible et même sans doute souhaitable”.
Sur la collectivité territoriale
“Ici, c’est la République française. Mais la République française, elle n’a pas peur des identités fortes. Participer des langues régionales, des traditions, d’une identification forte, moi, je le vois toujours avec beaucoup d’intérêt. Mais cela doit se faire avec les élus, la majorité et non la minorité, dans le cadre de la République française, et sans violence”.
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Sur la LGV
“Personne ne veut que la LGV passe sur son champ, et en même temps, tout le monde veut que le Pays Basque soit désenclavé. On veut que son gamin puisse aller dans la grande ville à côté. Moi, je suis pour le dé-senclavement des régions comme la vôtre. On ne va pas vous faire vivre dans des enclos où personne ne pourra venir vous voir!”.
Qui sont les manifestants?
Le Monde du 4/5 mars (extrait)
… Sur les responsabilités du chahut lui-même pourtant, les analyses divergent. L’entourage de Claude Guéant, ministre de l’intérieur, assure qu’il n’y avait parmi les manifestants que “très peu de nationalistes, 10 % environ, contre 90 % de socialistes et de militants du Front de gauche”. En revanche, des sources policières locales, qui assurent avoir signalé à l’Elysée l’existence d’un appel à une manifestation autonomiste et le danger que présentait une visite de la zone du Petit-Bayonne, sans avoir été entendues, évoquent un ratio inverse, soit “85 % nationalistes et 10 % à 15% de socialistes”…
Réactions
Bizi
Le mouvement Bizi est fier de la manière dont le Pays Basque vient de montrer à Ni-colas Sarkozy à quel point il n’est aucunement le bienvenu ici. Nous sommes fiers d’y avoir activement contribué.
La charge de l’UMP contre le «PS de François Hollande» accusé d’avoir orchestré les mobilisations de Bayonne est ridicule, mensongère et purement électoraliste. La «bronca» bayonnaise a été spontanée, populaire, profondément plurielle, et totalement indépendante de quelque parti que ce soit!
Il est également risible que Nicolas Sarkozy traite de voyous et de terroristes des ma-nifestant(e)s pacifiques qui n’avaient que leurs cris et leurs tracts comme seules ar-mes, pendant que sa police les chargeait violemment à plusieurs reprises à coups de matraques et de gaz à outrance.
Batera
Les propos de MAM, tenus hier soir et faisant volontairement l’amalgame de la plateforme avec des organisations ayant soutenu ouvertement ETA, sont ahurissantes pour toute personne un peu au fait de la vie publique en Pays Basque et inacceptables. L’ancienne ministre a perdu tout sens politique et elle dénature sciemment la réalité de Batera. Ces propos ne sont qu’une triste tentative d’éviter le fond du débat et servent
à masquer son obstination acharnée à la moindre évolution institutionnelle pour le Pays Basque.
Les déclarations de Sarkozy à Itsasu sur le sujet sont identiques à celles servies de nombreuses fois par différents candidats aux présidentielles. Prétendre que cela serait possible si une majorité le voulait, si les élus le souhaitaient alors qu’aucune réponse autre que le mépris n’a jamais été apportée aux demandes réitérées de consultation* est tout simplement cynique.
*Octobre 2005: 64% des maires du Pays Basque se déclarent favorable à la consultation de la population sur la question du Département Pays Basque. 131 des 159 maires ont répondu.
Entre 2006 et 2008, 32.000 personnes soit 15% des électeurs signent une demande de consultation sur la création d’un département Pays Basque.
Mars 2010: 35.000 personnes participent à la consultation organisée par Batera dont 78% se prononcent en faveur d’une collectivité territoriale.
Cfdt
La CFDT Pays Basque, membre de la plateforme Batera depuis sa création en 2002, s’élève contre les propos inadmissibles te-nus par Michèle Alliot-Marie.
L’amalgame insupportable que l’ancienne ministre a tenu à faire entre Batera et des organisations soutenant ouvertement ETA n’est pas acceptable: soit Madame l’ancienne ministre de l’Intérieur a perdu toute analyse politique, soit elle a accusé sciemment une structure démocratique de liens supposés avec ETA.
Du Sud
La coalition Amaiur demande à Mariano Rajoy qu’“il écoute Nicolas Sarkozy et qu’il mette fin à la politique pénitentiaire d’exception”.
“M. Rajoy devrait aborder la question des prisonniers dans les mêmes termes que l’a fait Sarkozy. Les déclarations de Sarkozy vont dans le bon sens et doivent servir d’exemple à suivre pour M. Rajoy.”
Paxkal Indo
interpelle MAM
Seaska est signataire d’une plateforme et ne se reconnaît pas dans la description faite par MAM sur le site internet d’un quotidien local au soir de la visite présidentielle. Lier Batera à ETA est une ineptie, une incongruité, une bêtise… Ou une manipulation… MAM réclame la paix et la démocratie? Batera a certainement été un des éléments pacificateur de ces dernières années! MAM dit connaître les liens entre Batera et l’Espagne (sic)… Ses ministères parisiens l’ont à ce point déconnecté du territoire? MAM veut comme cela a été la mode ces dernières années en Espagne lier la violence à tout ce qui est basque? Je l’invite à ne pas s’engager dans cette pente glissante et à préférer la discussion, le débat et la confrontation d’idée… Les choses bougent outre Bidasoa, il serait temps de s’en rendre compte! Les élections passent et l’enjeu d’une victoire électorale ne justifie pas tous les dérapa-ges…
Je suis donc outré de tels propos. Il est inadmissible que Batera soit lié de près ou de loin à une quelconque violence!
Alors halte aux amalgames, assez de récupération et d’utilisation politiques. Et que ceux qui veulent vraiment travailler ensemble le fasse dans la sérénité et la libre circulation des idées et des propos. Le Pays Bas-que est certainement le seul territoire qui, sans aucune reconnaissance institutionnelle, soit doté d’espaces de débat.
Ne sacrifiez pas cet esprit de dialogue sur l’autel des échéances électorales.