Mardi 17 avril, 19 h 10: j’ouvre la porte d’une salle de la maison des associations à Bayonne. La «rencontre organisée par le comité de soutien à François Hollande en présence des trois candidats basques du PS aux législatives» va démarrer. Le Sud Ouest du jour avait excité ma curiosité. Le thème portait sur les «Questions spécifiques du Pays Basque». Je me cale au fond de la pièce. Il y avait bien une soixantaine de personnes, la grande majorité m’était inconnue. Sans doute point d’autres abertzale présents. Cela me confortait dans l’idée préconçue que nous aurions droit à une lecture basique et caricaturale des thèmes traités avec des interventions au raz des pâquerettes du style «Et le gascon alors?» et autre «On est en France ici».
Méfiat!
En fait, point de ces représentations franchouillardes même si au fil des discours, je comprenais bien que le cadre de référence ici c’est la France à l’image de François Maitia qui concède que les prisonniers basques pourraient être rapprochés mais il va de soi qu’ils doivent accomplir «la totalité de leur peine». Le seul candidat bascophone du PS —déjà deux mandats en poche— et sans doute le seul basque d’origine parmi les titulaires aux législatives, me laisse dubitatif par ses élans grandiloquents à la façon d’un prof du feu Grand Séminaire. «François Hollande est favorable à la ratification de la charte européenne des langues minoritaires» clame-t-il. Mais la co-officialité du basque à coté du français ne lui traverse pas l’esprit au camarade Fran-txoa. Faut pas pousser Amatxi dans les orties!
To!
Pour le reste, la présentation de grande qualité pédagogique des thèmes avec force Power Point me pousserait presque à voter socialiste au second tour des législatives. Sylviane Allaux («Gouvernance»), François Maitia (Euskara) et Colette Capdevielle (fin du conflit armé) ont posé le débat de façon approfondie et non manichéenne. Cela m’interpelle. Sylviane Allaux, sûrement la plus convaincue, sait qu’une partie de la base militante du PS a encore du chemin à faire pour s’inscrire vers ce qui paraît aujourd’hui inéluctable: la reconnaissance du Pays Basque Nord. La suite continuera de mettre à mal mes représentations. Les questions posées traitent du rapprochement, du MAE… Ici foin de «Pays Basque Espagnol». Les intervenants parlent de façon sereine du «Pays Basque Sud», des prisonniers «politiques» basques…
Merci Sarko and co
On ne remerciera jamais assez le gouvernement Sarkozy d’avoir supprimé la notion de «Pays», adossement juridique au Con-trat territorial qui a permis la création des conseils des élus et de développement, taxés à juste titre par les abertzale, d’ersatz à une vraie institution. Pourtant, je réalise là, soudainement, qu’il fallait passer par cette phase pour créer du lien entre les décideurs et acteurs de la vie d’Iparralde. Entre abertzale et non abertzale. Et ce pour une meilleure acceptation sociétale. Il aura fallu une bonne quinzaine d’années pour permettre cette maturité et in fine un vote à une très large majorité du Conseil de développement pour une «Collectivité territoriale à statut particulier». L’espoir est là mais l’on sait que d’autres «batailles à venir» nous attendent autour de la réalisation concrète de cette future «gouvernance», de son périmètre, de ses compétences, des modalités d’élection… D’ici là, nous, abertzale et sympathisants, auront encore une fois à ferrailler afin de ramener le débat sur le terrain démocratique et exercer la pression sur le PS (et l’UMP) en proposant, pourquoi pas, l’organisation d’une consultation, en trois volets, des habitants de notre territoire sur la collectivité territoriale, la co-officialisation et les voies nouvelles LGV. Chiche?