Je fais partie de ceux qui ont manifesté (pour ce qui me concerne à l’occasion de Alternatiba 2018 à Bayonne voici un an) leur intention de changer de fournisseur d’électricité pour passer à Enargia “100% locale, pour une énergie 100% renouvelable”. Depuis, j’ai attendu bêtement qu’on vienne m’expliquer comment faire, alors qu’il suffisait d’un simple clic pour passer de l’idée à l’acte. Maintenant c’est fait ! Et pour chacun des lecteurs qui ne l’a pas encore fait, c’est une affaire de 5 minutes…
Raisons simples
Ceci dit, quels arguments extraordinaires faudrait-il imaginer pour convaincre les gens à faire la démarche, alors que les raisons sont ultra simples et évidentes… comme l’air qu’on respire ! Sauf si on pense que le meilleur des mondes est celui dominé par les grands groupes qui imposent d’un bout à l’autre de la planète, la même façon de produire, de manger, de penser ou de dépenser… Si on pense qu’on n’est de nulle part ou, ce qui revient au même, qu’on est d’ici mais que cet “ici” est un espace et pas un territoire… Si on pense qu’on est mieux et plus en sécurité en étant tous des photocopies plutôt que tous différents et égaux… Ou que le summum de la vie est de consommer, à volonté, les biens et les services sans se poser la question d’où ils sont faits, comment, pourquoi, pour quoi, par qui, pour qui… Si le niveau d’exigence se situe là, alors, vaut mieux par exemple ne pas se pencher sur la question de l’énergie locale… Mais, si on se sent appartenir à un territoire qui a une identité, une histoire, une volonté de se construire… Si on pense que la meilleure façon d’être dans ce monde globalisé est d’apporter notre couleur, notre expérience, notre valeur ajoutée… Si on a envie de construire entre tous, ce qu’on a envie d’être collectivement… Alors Enargia doit nous intéresser au premier chef ! Quelque soit le domaine, que ce soit pour la question énergétique, agricole, économique, climatique ou autre, les perspectives d’avenir dépendent de nos engagements sur au moins trois terrains : le cadre politique avec ses décisions et ses financements qui permettent ou pas des choses. L’interpellation des cadres politiques est un terrain à investir absolument ! Il y a ensuite le niveau individuel: le monde que nous voulons dépend aussi de l’engagement de chacun de nous… Tous les processus, positifs ou négatifs, sont au final acceptés ou refusés par chacun. Enfin, il y a les démarches de construction collectives, et le Pays Basque est riche en la matière. Ici, les forces ne s’ajoutent pas : elles se multiplient !
Souveraineté
Le sentiment d’appartenance qui est notre moteur collectif doit produire de la souveraineté, partout où cela est possible ! Non pas pour ne plus avoir besoin des autres, mais pour être maître de notre destin, dans une relation équilibrée avec les autres. Cela se décline, par exemple, par l’objectif de souveraineté alimentaire basée sur une agriculture utilisant en priorité les ressources naturelles locales, avec des systèmes de production inscrits dans des cahiers de charge rigoureux et transparents… Notre monnaie locale, l’eusko est de la même philosophie : maitriser la destination de l’euro que je dépense, pour qu’il n’aille pas alimenter des finalités que je refuse, mais qu’il participe au soutien des démarches vertueuses pour notre territoire. Et bien sûr, Enargia s’inscrit dans cette démarche : C’est notre Appellation d’électricité locale ! C’est l’outil de notre souveraineté énergétique pour nous détacher petit à petit des sources d’énergie dangereuse comme le nucléaire, ou polluantes et non renouvelables comme les énergies fossiles… C’est notre outil pour nous libérer progressivement de l’hégémonie exercée par les grands groupes…Il doit nous permettre d’utiliser ici aussi les ressources locales abondantes et renouvelables, et de nous approprier un pouvoir de décision qui nous a été confisqué par le système industriel productiviste. En effet, construire localement un processus de production autonome ramène automatiquement un pouvoir de décision au niveau local : parce que les questions qui se posent localement nécessitent des réponses et des normes locales, une forme de pouvoir économique local. Pour I-Ener et Enargia, il s’agit par exemple de l’organisation de l’ensemble de la filière, du poids des différents maillons, du choix des partenariats, des sources d’énergies, voire de la définition des prix, etc. C’est ce que nous découvrons à Laborantza Ganbara au fur et à mesure que nous mettons en place de nouvelles filières locales.
Si on se sent appartenir à un territoire qui a une identité, une histoire, une volonté de se construire…
Si on pense que la meilleure façon d’être dans ce monde globalisé est d’apporter notre couleur, notre expérience, notre valeur ajoutée…
Si on a envie de construire entre tous, ce qu’on a envie d’être collectivement…
Alors Enargia doit nous intéresser au premier chef !
Sève de l’économie
L’énergie est la sève de l’économie : imaginons ce que cela représenterait d’en avoir la maitrise ! Imaginons aussi la force que nous aurions si tous ceux qui sommes impliqués, chacun dans nos alternatives, qu’elles s’appellent l’eusko, l’ikastola, Enargia, Lurzaindia, Laborantza Ganbara, ou l’une de nos AOC par exemple. Si nous étions également impliqués dans toutes les autres démarches, qui ont toutes la même finalité… En fait, il suffit de penser que le meilleur de ce que chacun essaie de faire dans son couloir, correspond exactement au meilleur de ce que l’autre essaie de faire dans le couloir d’à côté… Il est vraiment dommage qu’une logique transversale ne l’emporte pas davantage sur les logiques verticales. Développons donc cette transversalité et faisons déjà le pas d’adhérer à Enargia !