A la veille de la mise en place de l’EPCI Pays Basque, Alain Iriart, maire abertzale de Saint-Pierred’Irube et conseiller départemental, témoigne, pour Enbata, du bilan préparatoire et des perspectives de la première institution d’Iparralde. Sur les 233 titulaires de l’assemblée plénière, qui se réunira le 23 janvier pour élire son président et ses organes de gestion, 39 sont abertzale dont 5 PNV. Ils seront sûrement au coeur de la concrétisation de notre revendication territoriale.
L’EPCI se met en place le 1er janvier. Sommes- nous prêts?
Ce n’était pas joué d’avance, mais aujourd’hui, nous pouvons dire ensemble que nous sommes bien au rendez-vous. La Communauté d’Agglomération Pays Basque existe officiellement à compter du 1er janvier 2017 et les travaux de préfiguration réalisés permettront effectivement d’installer cette nouvelle collectivité dès les premières semaines de janvier. La première séance, probablement le 23 janvier, sera consacrée à l’élection du président par les 233 conseillers communautaires. Les séances qui vont suivre installeront dans la foulée le Conseil permanent (69 délégués) ainsi que les vice-présidents et les conseillers délégués qui constitueront le Conseil exécutif (25 membres). Les premiers mois seront intenses et déterminants pour la suite.
Les tenants des divers recours jouent-ils désormais un rôle constructif et participeront-ils à l’exécutif ?
Nous ne pouvons pas à ce moment de l’installation de la Communauté Pays Basque faire des recours pour s’y opposer et, dans le même temps, solliciter des postes de responsabilité. Il faut choisir. Le temps des débats et des recours est derrière nous. Nous devons consacrer le temps nécessaire et l’énergie indispensable pour réussir la fusion des 10 intercommunalités, mettre en place la nouvelle collectivité (organisation, choix des compétences, définition des politiques publiques). Pour cela, nous aurons besoin des compétences de toutes celles et ceux qui veulent construire.
Quel sera le rôle des élus abertzale dans cette nouvelle institution ?
Aux côtés d’autres élus déterminés, la sensibilité politique abertzale a pris sa part de réflexion, de travail et de responsabilité à chaque étape du processus initié voici plusieurs années. Sa lucidité et ses contributions dans les moments difficiles ont permis à la démarche de progresser, de susciter de nouvelles adhésions. Nous nous sommes investis dans les ateliers d’Hasparren et les travaux de préfiguration pour réussir cette action collective. Nous devons donc continuer à nous impliquer et proposer nos compétences, à exprimer nos points de vue sur les politiques publiques ou sur toute question d’actualité, et ainsi peser sur les décisions.
Le Conseil de Développement continuera-t-il dans sa fonction et sa forme actuelle ?
Je tiens à rappeler que le Pays Basque n’a pas attendu la loi qui consacre aujourd’hui le rôle d’un conseil de développement aux côtés des institutions, pour solliciter les avis de représentants des secteurs agricoles, environnementaux, économiques, culturels, sociaux, syndicaux. Depuis sa création, l’apport de l’association Conseil de développement du Pays Basque a été déterminante dans le choix des politiques publiques mises en oeuvre en Pays Basque, à partir de la réflexion du Conseil des élus. Les travaux de préfiguration des élus ont validé cet apport et la nécessité de conforter le rôle de l’association dans un environnement nouveau qui reste à construire ensemble. Il en est de même pour le Biltzar qui garde son nom historique et sa légitimité pour s’organiser en Conférence des maires.
Ne serait-il pas judicieux de tenir les assemblées plénières des 233 titulaires et leurs suppléants dans des communes de l’intérieur ?
Ces questions n’ont pas été encore clairement étudiées et encore moins tranchées, mais une chose est sûre : il faudra des locaux qui permettent d’accueillir tous les délégués dans des conditions de travail adéquates aux prises de positions et délibérations. La question d’une localisation qui prenne à la fois en compte, les distances et temps de trajet et la concentration de population sur les territoires, a été évoquée par le maire de Mauléon au dernier Biltzar. Il faut sérieusement y réfléchir pour que tous les territoires et tous les élus y trouvent leur compte au quotidien.
Le temps des débats et des recours est derrière nous.
Nous devons consacrer le temps nécessaire
et l’énergie indispensable
pour réussir la fusion
des 10 intercommunalités,
mettre en place la nouvelle collectivité.
Lorsque l’on connaît la part de l’administration dans la gestion des collectivités locales, envisagez-vous le recrutement d’un directeur des services de haut niveau, en phase avec l’ambition Pays Basque ?
Le rôle de l’administration aux côtés des élus sera, bien entendu, déterminant dans la réussite des politiques mises en oeuvre. Il faut d’abord bien positionner les compétences administratives et techniques existantes dans les intercommunalités actuelles. Il y a déjà beaucoup de qualités qui ne demandent qu’à s’exprimer. Dans un premier temps, la question de la direction peut être regardée dans ce cadre. L’essentiel pour moi est que l’administration fasse son travail d’expertise et d’accompagnement auprès des élus, sans empiéter sur le rôle d’analyse et de décision de ces mêmes élus, qui doivent pour cela s’investir pleinement sans laisser les services décider à leur place. La clé de la réussite est là.
Quelle peut-être la première décision symbolique de l’EPCI ?
Les symboles sont importants me dit-on, mais j’ai toujours un peu de mal à entrer dans cet exercice. L’installation d’une nouvelle collectivité, pour la première fois à l’échelle du territoire Pays Basque, est en soi tout un symbole plein d’espoir pour l’avenir. Un signe fort doit certainement être envoyé en matière de politique linguistique tout comme l’affirmation d’un Pays Basque assumant pleinement son identité et son ouverture aux autres, dynamique et novateur dans ses politiques, attentif à tous ses concitoyens, pour ne laisser personne au bord du chemin. Tout un programme !