Martine Bouchet est membre du CADE (Collectif des Associations de Défense de l’Environnement) et de l’association Stop Mines EH qui s’est créée avec comme objectif de stopper le projet de mines d’or. A quelques jours de la manifestation du samedi 16 septembre à 16h00 qu’organise à Bayonne le Collectif Stop Mines EH, elle répond aux questions d’Alda! sur les enjeux de cette nouvelle mobilisation anti-mines d’or en Iparralde.
Comment est né le Collectif Stop-Mines EH?
L’alerte, qu’une demande de permis de recherche de mines d’or était demandée, est arrivée au CADE (Collectif des Associations de Défense de l’Environnement) par l’intermédiaire d’un collectif breton qui avait mis en place une veille sur internet (collectif que nous ne remercierons jamais assez !).
Nous étions alors à l’été 2015. Nous avons alors jugé indispensable d’alerter le plus de monde possible et de donner les informations que nous avons réussi à récolter.
Nous avons vite compris que ces éléments ne seraient donnés ni par SudMine, l’entreprise qui a déposé la demande, ni par les représentants de l’Etat qui cherchaient à instruire le dossier en catimini.
Car sans vouloir refaire tout l’historique du dossier, disons que sans les Bretons, nous ne saurions toujours pas au jour d’aujourd’hui qu’un permis est demandé. Et que si la mobilisation n’avait pas été celle qui a eu lieu, le permis serait sans doute accordé depuis longtemps et les premiers forages faits dans la plus grande discrétion.
Nous avons donc organisé des réunions publiques dans plusieurs villages concernés. Partout, des habitants ont manifesté leur volonté de s’impliquer dans la lutte et le collectif Stop Mines EH s’est monté ainsi, fin 2015.
Comment s’est organisé le collectif et quelles sont ses caractéristiques principales ?
L’intérêt est que le collectif a des relais dans chacun des villages, ce qui permet d’avoir une bonne couverture par exemple pour afficher ou tracter. Il s’est monté en association (affiliée au CADE) et est devenu l’élément moteur de la lutte. Réunions, stands, campagnes d’affichage (notamment en collaboration avec les mairies à chaque entrée des villages)… le mode d’action est assez classique.
Mais il y a quand même une particularité : la mobilisation unit plusieurs structures, notamment agricoles (EHLG, l’AOP Ossau-Iraty et l’AOP Piment d’Espelette, ELB, BLE, Idoki, Xapata (cerise), mais aussi les Inter-AMAP, Bizi! et bien sûr le CADE.
Stop Mines EH est donc une jeune structure mais qui s’appuie sur un réseau solide.
Quels ont été les résultats des premières mobilisations ?
Le but de Stop Mines EH est d’empêcher que le permis de recherche soit accordé. Il est difficile d’obtenir de ce point de vue des résultats partiels. Malgré tout, sur le chemin de la victoire, on peut dire qu’on est arrivé à maintenir une mobilisation solide et unitaire de nos partenaires et des élus.
A titre d’exemple, SudMine a dû annuler une réunion dite “de concertation” à l’été 2016, nombre de participants faisant savoir qu’ils ne s’y rendraient pas. En 2015, le projet pouvait paraître n’être qu’une grande blague sans lendemain. Quand il y a eu la consultation publique par internet en février 2017, beaucoup ont compris que la menace était réelle. On a fait alors une belle démonstration de force à Espelette.
Quels sont les enjeux de la mobilisation du 16 septembre ?
L’enjeu est d’obtenir une décision ministérielle qui soit un rejet de la demande de SudMine. Car la décision n’est pas encore prise. Elle devrait l’être en octobre ou novembre 2017.
En fait, on est inquiet. Après le changement de gouvernement, des élus ont interpellé le nouveau ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Monsieur Etchegaray notamment, président de la CAPB, a reçu une réponse très formelle, accusant réception et indiquant avoir demandé à Paul Delduc, directeur de l’aménagement, du logement et de la nature d’étudier le dossier.
On aurait pu espérer quelque chose plus indicatif des intentions ministérielles. On a connu des courriers plus encourageants.
Mais en fait, l’enjeu dépasse aussi la simple question de ce permis minier.
Je n’ai personnellement jamais connu un tel contexte de mobilisation où tous les élus (maires, députés, CAPB, Région) aient fait connaître leur opposition.
Récemment, les trois chambres consulaires : chambre d’agriculture, chambre des métiers et CCI ont fait de même.
Tous ces avis ne sont que consultatifs, s’est entendu dire Sylviane Alaux, l’ancienne députée de la circonscription, par les fonctionnaires en charge du dossier.Ces derniers lui ont annoncé que le permis serait accordé, car il n’y avait aucune raison qu’il ne le soit pas. Tous ces avis unanimement contre et aucune raison valable pour refuser le permis ! Il reste du chemin à parcourir pour que la volonté des habitants à décider de l’avenir de leur territoire soit pris en compte.
L’enjeu est donc aussi de revendiquer notre place dans les décisions qui nous concernent.
Si le projet était accordé, il est bien évident que la mobilisation se poursuivra. On ne le laissera pas faire.
Que faire pour assurer le succès de la manifestation du 16 septembre à Bayonne ?
On a fait beaucoup d’affichage, on va lancer des appels à la presse, par mails, sur les réseaux sociaux.
Et chacun peut les relayer !
On veut aussi une manifestation vivante. Bizi ! a prévu de faire un char qui mettra une certaine animation.
On prévoit aussi une soirée après la manif au Gaztetxe de Bayonne.
Le succès sera avant tout le nombre de manifestants : il faut venir, en famille, entre amis et voisins !
Voici le mail recu de Vincent Bru
Bonjour Xavier j’en ai parlé 2 fois à Bruno Le Maire et j’ai rencontré deux hauts fonctionnaires sur ce sujet pendant prés de 2 heures hier après-midi. Merci à toi . Amitiés