Ces dernières élections nous ont précipités au fond du gouffre : deux tiers d’abstention. 80% chez les jeunes ! Du jamais vu ! Certains vous diront que c’est à cause de la fièvre chinoise, mais d’élection en élection la descente aux enfers a commencé bien avant que nous ne connaissions cette fièvre. Ce mode de scrutin serait difficile à comprendre pour le commun des mortels dit-on encore. Ne l’était-il pas jusqu’ici ? Tout ce que l’on nous raconte ce sont des excuses pour laver plus blanc que neige. La vraie raison ne serait-elle pas tout simplement que de scrutin en scrutin nos élus perdent de leur crédibilité. Déçus, les électeurs ne voient plus à quoi servent les élections. Manolo Vals, premier ministre de Hollande est passé à la droite…catalane. Macron, fruit de son union avec le PS , après avoir pratiquement rayé ce dernier du paysage (il a perdu tous ses représentants du Pays Basque) a créé le LREM, si florissant il y a à peine 3 ans, mais qui n’a même plus droit aux soins palliatifs. Nous avons connu un Parti Communiste florissant, riche en militants généreux, faisant 30% des voix en 1962. Il a dégringolé dans les bas fonds : il vient de perdre la présidence de son dernier département. ! Son quotidien L’Humanité qui s’est vendu à 400.000 exemplaires est tombé à 32.000. Le RN que sondages et journalistes donnaient en tête a fait un flop. Quant à la droite, elle n’arrive pas à recoller les morceaux de l’assiette cassée. Et vous voudriez motiver les foules par ce tas de ruines! Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi cette perte d’intérêt de la part des électeurs ?
La veille des élections, Le Conseil Constitutionnel interdisait nos classes par immersion alors que depuis 13 ans la moyenne de réussite au bac des jeunes de Seaska est chaque année supérieure à celle du département et de la France. Mais qui siégeait parmi ces juges suprêmes de La République ? Un certain Juppé, lui-même condamné à 14 mois de prison et un an d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêts dans le cadre de l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. « Avec sursis » me direz-vous. Mais condamné, et donc coupable. Le Président de l’Assemblée Nationale n’a pas trouvé mieux qu’un coupable comme juge suprême et tous les députés, élus par nous, ont accepté le doigt sur la couture du pantalon. Vous vous étonnez que les électeurs perdent confiance ?
Que le pouvoir soit aux mains de la droite, de la gauche ou du centre, les paradis fiscaux sont toujours aussi accueillants aux milliards dont nos élus semblent ne savoir que faire. Les inspecteurs des impôts ont trop à faire avec l’épicier de Hélette ou le boulanger d’Irissarry pour pouvoir mettre le nez chez ces intouchables.
Au Pays Basque
Après ces exemples éloquents pris en Gaule, montons au Pays Basque. Ce sont des pages et des heures entières qui ont été consacrées ces derniers mois au problème du logement qui pourrit l’atmosphère depuis des années. J’attends toujours qu’un expert m’explique comment des élus Basques préfèrent chaque année payer de lourdes pénalités avec l’argent de leurs électeurs, que de construire le pourcentage de logements sociaux imposé par la loi. Comment ils ont encore le droit de signer des permis de construire pour le deuxième, troisième ou… logement de quelque privilégié de Neuilly, alors que leurs électeurs sont obligés de quitter leur commune pour se loger à 10, 20, 30 km de là ? Qu’est-ce qui pousse des élus sur cette voie ? Je ne comprends pas comment nos députés et sénateurs ne votent pas une loi le leur interdisant. Et vous reprocheriez à leurs victimes de s’abstenir ?
Quelques semaines avant les élections, députés et sénateurs ont voté la nouvelle loi de bioéthique dont on a tellement parlé. Qui d’entre vous sait comment ont voté son député et son sénateur ? Ces grands élus ont-ils expliqué leur choix ? Combien de commentaires sur le score final : 84 députés pour, 43 contre et 3 abstentions. Faites l’addition: sur les 577 députés élus par le peuple, seuls 130 étaient à la chambre des députés au moment du vote, alors qu’ils sont (grassement) payés pour cela. Il a suffit de 14,5% des députés pour que le texte devienne tout à fait légal au plan national. 450 roupillaient tranquillement dans leur lit. 83,4% se sont donc abstenus!!! Un pourcentage bien supérieur à celui des cantonales. Et ils reprocheraient aux gens de s’abstenir ? Combien de « une » cela a-t-il fait dans le monde des médias ?
Je ne puis terminer sans parler d’agriculture. En 2019, dans les Pyrénées, les ours ont causé la mort de 1120 brebis, 32 vaches, 8 chevaux et 29 ruches. Les lois votées par nos élus permettent ces morts, mais aussi sans doute que ces mois derniers, un sanglier et deux biches soient sauvagement abattus sur le BAB. Aucune protestation ! Pas de mobilisation ! Il est bien connu qu’une bichette est plus dangereuse qu’un ours. Et vous reprocheriez à nos bergers de s’abstenir ?
Et comment ne pas rappeler ces 605 paysans qui se sont suicidés en France au cours de la seule année 2019. Presque deux par jour. Que font nos élus pour arrêter un tel massacre ?
Ouvrons les yeux sur le grand large. Début juin, Yaya Karamoko, un Ivoirien (ma deuxième nationalité) s’est noyé dans la Bidasoa. La Méditerranée a déjà englouti plus de 20.000 Africains ces dernières années. Nul n’a idée du nombre de ceux qui ont rendu l’âme dans la traversée de ce merveilleux désert du Sahara. Que font les élus d’un des pays les plus riches du monde pour arrêter l’émigration des Africains par dizaines de milliers ? Le PIB est de 2.039 € en Guinée à côté des 43.551 € en France. Les Guinéens, les plus nombreux parmi ceux qui font escale à Bayonne. Nos élus pensent-ils sérieusement qu’ils suffit de dire avec Rocard, ce symbole de notre gauche : « On ne peut accueillir toute la misère du monde« ? Mais on n’est pas racistes. On accueille à bras ouverts leurs meilleurs footballeurs. Et leurs médecins, pour peupler nos déserts médicaux : on compte un médecin pour 330 habitants en France contre 1 pour 10.000 en Guinée.
Je ne puis terminer sans toucher un problème plus grave encore. Tout le monde a conscience que l’avenir même de la terre est en jeu avec toute cette pollution que nous jetons dans les airs, sur et sous terre. Le dernier communiqué du GIEC est plus apocalyptique encore que le précédent. Mais regardez les professions de foi des candidats. Ils ne parlent que de croissance et de développement? « Le Conseil de Développement » est une des perles du Pays Basque. Des candidats se sont glorifiés d’avoir rendu leur village attractif. De voir sa population croître. Sans nous dire comment ils diminueront cette pollution dont ils se proclament les ennemis jurés, avec davantage de voitures sur les routes. La CCI de Bayonne se délecte à la pensée qu’une nouvelle aciérie va bientôt s’ouvrir sur les bords de l’Adour. Sans nous dire combien de voitures, de camions et de bateaux supplémentaires cela apportera. Avec les ordures et la pollution correspondantes. Ni comment ils vont préserver les terrains agricoles nécessaires pour nous nourrir, car il faudra construire encore plus de maisons, de routes, de parkings, de classes, d’équipements sportifs et culturels pour accueillir ces nouveaux venus comme ils le méritent.
Oui. il y a de plus en plus d’abstentions. Au lieu de se contenter de pleurnicher sur la perte du civisme chez nos concitoyens, ne serait-il pas temps de réfléchir sur les causes de ce mal, sur ce qui leur fait perdre toute confiance dans leurs élus?
Je termine quand même par une note d’espoir. Chez nous, les jeunes ont voté. Malgré l’abstention généralisée, les abertzale ont augmenté leur score même en chiffres absolus. : 2.981 voix de plus, gain de 16,8% en 6 ans. Où est cette époque où notre rêve était d’atteindre les 5% nécessaires pour le remboursement des frais ? Je me rappelle les 0,02% de Manex Goihenetx aux législatives de 1978. Véritable « arbre du Ténéré« , LA voix abertzale de Hozta, si longtemps objet des plaisanteries des abertzale citadins, après avoir fait front à la sécheresse pendant si longtemps, représente aujourd’hui 16,7% des électeurs du village ! Les abertzale sont en tête sur 42 communes.
Depuis le dépôt des armes par l’ETA, le rêve secret des majors franchouillards de l’ENA, barricadés à l’Elysée, serait d’exaspérer nos jeunes pour qu’ils reprennent la lutte armée. Loupé ! Leur QI n’a pas permis à ces messieurs de comprendre qu’armes déposées, on ne fait plus la guerre. Un grand merci à BIZI et aux abertzale qui donnent d’autres perspectives à la générosité de nos jeunes.
P.S. Les abertzale Mauléonnais ont été bien silencieux lorsque cet homme de gauche qu’ils ont élu il y a quelques mois a préféré la droite aux abertzale.