Autarciques, nos élevages fermiers et de plein air de volailles sont peu vulnérables au risque de contamination et de diffusion de la grippe aviaire. Pourtant, depuis 2020, toutes les volailles de France doivent être enfermées en bâtiment, de novembre à mai ! Début juillet, 600 personnes ont défilé à Saint-Palais pour défendre l’élevage en plein air et demander à l’État de renoncer à sa mesure univoque.
Si on se réfère au dictionnaire, la démocratie est une forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté appartient au peuple. Est-ce toujours le cas, au vu des décisions prises lors des différents épisodes récurrents de grippe aviaire sur nos territoires ?
N’ayant toujours pas réussi à endiguer le phénomène, le ministre de l’agriculture prenait en 2020 la décision d’enfermer en bâtiment toutes les volailles de France. Ceci de novembre à mai, afin de les mettre à l’abri des oiseaux migrateurs qui amènent le virus Influenza Aviaire, rendant de fait illégal l’élevage de plein air.
Et pourtant, la demande du consommateur est claire : consommer des produits issus d’animaux élevés en liberté. Nos dirigeants politiques ont même demandé aux agriculteurs, à travers la loi Egalim, de monter en gamme : une manière polie de dire qu’il faut arrêter l’industrialisation de l’agriculture. Alors pourquoi cette décision à contre-courant ? On pourrait se dire que la situation de pandémie est grave au point qu’il faille décider de malmener nos volailles et la qualité des produits qui en découlent ! Ok, mais si on regarde les analyses épidémiologiques des « scientifiques » en 2022, sur les 1500 cas de grippe aviaire, seulement 3 ou 4 étaient dûs au contact avec la faune sauvage. Les 1496 autres étaient contaminés par des vecteurs allant de ferme en ferme (mouvement de canards, équipes d’attrapage, techniciens…).
Sauver les élevages fermiers en plein air
Ainsi, le syndicat ELB (soutenu par la Confédération Paysanne et le Modef) a milité depuis le début pour que nos élevages fermiers et de plein air soient reconnus et bénéficient d’une réglementation à part. Puisque ces élevages sont « autarciques », ils n’ont pas les mêmes risques de contamination ni de diffusion de la maladie. Ces pratiques constituent d’elles-mêmes une mise à l’abri. Cela fait des années qu’ELB participe et suit de près les réunions interprofessionnelles, invite les différents préfets et sous-préfets qui se succèdent sur nos fermes pour expliquer et ré-expliquer cela. ELB a toujours été force de proposition, soutenant même un dossier déposé au ministère par la Confédération Paysanne. Ce dossier propose une analyse de risque par exploitation afin de décider si le confinement des volailles est opportun ou pas. Alors qu’on attend beaucoup de ce dossier, le ministre dit être intéressé par la proposition, mais il n’a toujours pas pris le temps de l’étudier. Et pendant ce temps, les éleveurs de plein air disparaissent les uns après les autres et ceux qui restent sont soumis aux contrôles des services vétérinaires (DDPP), risquant de fortes amendes et un arrêt de leur activité.
Ainsi, le 8 juin, ELB avec la Confédération Paysanne et le Modef mettaient en place une action coup de poing en occupant les locaux de la DDPP à Pau. Le but était multiple : faire part à l’État du désespoir des paysans, communiquer aux consommateurs la gravité de la situation et motiver le préfet à nous ouvrir les portes du ministère afin de nous donner des garanties pour sauvegarder le modèle paysan. La réponse des autorités fut violente : expulsion des éleveurs par les forces de l’ordre. Des éleveurs traités comme des voyous et sans aucune considération puisqu’aucun rendez-vous ne nous a été accordé par la suite.
Qui décide ?
Mais qui sera là pour nourrir la population demain si on laisse faire ? Le ministre décide-til ? NON ! Au vu de toutes nos participations aux différentes négociations, ce sont les interprofessions (dirigées par les industriels et la FNSEA) qui prennent les décisions avec les bureaucrates du cabinet ministériel qu’on ne voit pas à la télé. Petits arrangements en famille au sein de cette technocratie à qui le ministre actuel accorde toute sa confiance ! Le prochain ministre de l’agriculture en fera sûrement de même puisqu’il ne sera pas au jus des dossiers et étant donné tout ce qu’il aura à gérer, il laissera ses compétences à ces personnes de l’ombre qui lui écriront ses discours.
Le 8 juillet, le peuple s’est exprimé dans les rues de Saint-Palais. Paysans, consommateurs, élus locaux étaient présents pour demander au ministre de recevoir et écouter les éleveurs de plein air, afin de sauver leur modèle vertueux, pendant que des chefs restaurateurs, ambassadeurs de la bonne gastronomie, régalaient les papilles des participants en sublimant nos produits fermiers. Alors, monsieur le ministre, que privilégiez- vous ? La technocratie ou bien la démocratie ?