Drôles de dames

Catherine Deneuve et Brigitte Bardot moquées dans une émission américaine pour leurs positions sur #BalanceTonPorc

Le mardi 9 janvier une tribune signée par 100 femmes paraissait dans le journal Le Monde, en réaction à la libération de la parole née de l’affaire Weinstein aux Etats- Unis. Ces femmes dont de très nombreuses personnalités venaient dénoncer ce qu’elles qualifient de “campagne de délation”, n’hésitant pas à stigmatiser le puritanisme que cela révèle de la part des féministes, car relèvent-elles cette justice expéditive a déjà ses “ victimes”… Les mots ont un sens et des références, parler de “campagne de délation” renvoie en France aux heures les plus sombres du XXe siècle, évoquer une “justice expéditive” aussi !

Elles y défendent avec vigueur le droit inaliénable à coller les mains aux fesses, celui de ne pas être traumatisée par un frotteur dans le métro car cela n’est que le révélateur d’une grande misère sexuelle, voire celui de jouir pendant un viol.

Dans l’expression tout est possible, et il ne viendrait à l’idée de personne d’interdire à Catherine Deneuve de prendre le métro plusieurs fois par jour, pour répondre à cette grande misère et même de considérer cela comme un geste humanitaire.

Une des signataires, gynécologue de son état en vient même à nous expliquer qu’un homme ivre peut dans une soirée dire “Salope je vais te baiser” et considérer cela “comme une offense mineure qui ne peut générer que du mépris pour l’état dans lequel le pauvre garçon s’est mis”! Saisissant, ébouriffant, désopilant !

Ce genre d’assertions me plonge dans une grande perplexité, est-ce bien là une parole de femme ? Il y a ici plus que de la confusion, la manifestation d’une soumission évidente à la domination masculine, la perpétuation d’un ordre où les femmes n’ont d’autres choix que d’accepter toutes les propositions sexuelles en conférant aux hommes le droit de les importuner, de les avilir, de les violenter en leur accordant par avance toutes les excuses possibles.Pensez, il avait picolé !

Renvoyer les femmes, qui ont lutté pendant des décennies pour leur émancipation, qui ont revendiqué leur liberté sexuelle “mon corps m’appartient”, qui ont imposé le droit à la contraception et à l’IVG, au puritanisme qui en ferait des ennemies de la liberté est d’une extravagance sans nom.

De multiples témoignages ont suivi cette tribune, des réactions indignées se sont multipliées, et certaines auteures du texte ont tenté d’expliquer l’inexplicable, un peu accablées quand même devant l’incompréhension que la violence de leurs propos avait générée chez des victimes d’agressions sexuelles.

Coupées du monde réel, c’est un peu ce que m’inspire ce texte de femmes écrivaines, comédiennes, médecins… toutes très parisiennes qui ont décidé de prendre le contrepied de ce raz de marée salvateur qui brisait une terrible omerta.

Le courage de dire s’est emparé des femmes, et le constat c’est qu’aucune strate de la société n’est épargnée. Les “100” prétendent, antienne bien connue, que cela ne relève que d’un combat radical contre les hommes d’un “féminisme qui prend le visage de la haine des hommes et de la sexualité”.

Tout faux !

Le féminisme s’est avant tout construit pour la libération des femmes, revendiquant tout simplement les droits les plus fondamentaux pour la moitié de l’humanité.

Vouloir sciemment l’ignorer pour se payer le luxe de propos iconoclastes et provocateurs, revient à jeter un voile pudique sur la souffrance de millions de femmes sur cette planète. Craindre le tort qui pourrait être fait à un dragueur insistant, c’est nier aux femmes le droit au consentement, et cela peut avoir des conséquences inimaginables.

Mettre sur un plan d’égalité
les souffrances subies au travers des viols, µ
des mariages forcés, des excisions,
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qui sont le quotidien des femmes
avec le désagrément d’une dénonciation de quelques individus
est une escroquerie intellectuelle.

Mettre sur un plan d’égalité les souffrances subies au travers des viols, des mariages forcés, des excisions, des agressions physiques et psychologiques qui sont le quotidien des femmes avec le désagrément d’une dénonciation de quelques individus est une escroquerie intellectuelle.

Parler de violence radicale à propos du féminisme amène à rappeler, une fois de plus, que celui-ci n’a jamais tué.

Tous les jours, des couples se forment, des histoires d’une vie ou d’un instant se nouent, la séduction est partie intégrante des rapports humains, et personne n’a envie de se soustraire au plaisir et aux émotions d’une rencontre. Qui peut confondre des avances fondées sur le respect et même le désir avec l’injonction de se soumettre à des rapports de domination ou à des actes forcés ?

De fait, ces “drôles de dames” qui confondent fantasmes et vie réelle, ont offert une magnifique tribune au machisme le plus éculé. Silvio Berlusconi a salué cette initiative ce qui remet bien en perspective le parti pris de ce texte, et cela conforte l’idée que “certains hommes” ne peuvent être confondus avec l’immense majorité des autres.

Et c’est ce que l’immense majorité des femmes a voulu dire.

 

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Une réflexion sur « Drôles de dames »

  1. Je n’ai pas le talent de Madame Bisauta. Je me contente donc, comme mes élèves, de dire que je « Like » son article.

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