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Depuis 50 ans il était une locomotive pour l’agriculture du Pays Basque, et même au-delà. Sa disparition brutale, comme l’avait été la nouvelle de sa maladie, a sonné le monde paysan. Mixel Berhoko s’en est allé à 69 ans laissant une vie faite de multiples engagements, autant de combats, de remarquables et historiques réalisations pour le Pays Basque Nord.
Depuis les débuts d’ELB, Mixel a été un militant très actif qui a su nourrir les espoirs, pour beaucoup au départ pouvant sembler utopiques mais qui, au fil des années, au prix d’une opiniâtre volonté, d’un travail de tous les jours, se sont avérés justes et ont été réalisés.
Alors comment cet homme si humble a-t-il pu marquer à ce point le panorama ici en Iparralde mais aussi dans tout Euskal Herria et aussi au-delà, comme à Paris avec la Confédération Paysanne?
D’abord il y a le personnage, lui, cet homme, ce paysan, cet euskaldun, cet Euskal Herritar. Parce qu’avant de nourrir l’inspiration des autres, il s’est lui-même aussi construit à partir de son environnement. Il s’est forgé une conscience progressiste parce qu’historiquement il a rencontré des idées qui l’ont façonné. Si on se replace dans le contexte des années 80, Mixel et ses camarades du début d’ELB devaient parler à un monde paysan plutôt conservateur. Comment, par quel “miracle” la mayonnaise a-t-elle pris? Si on connaissait la recette ce serait trop simple. On peut quand même se dire qu’il y a très certainement plusieurs facteurs qui ont, et qui, continuent d’influer sur le cours des choses. D’abord la connaissance du milieu, la sociologie des gens à qui on parle, Mixel et comme lui chaque syndicaliste d’ELB vit au milieu des siens. Au contact des gens, de leur réalité, de leurs problèmes quotidiens, de leurs craintes, de leurs espoirs aussi. Mixel a su écouter en refaisant une clôture avec son voisin, en croisant quelqu’un au marché à Garazi et ainsi dans notre quotidien. Ecouter mais aussi proposer : proposer des solutions aux problèmes des quotas laitiers qui étaient si injustement répartis ; proposer de se réunir pour en parler, proposer et ensuite convaincre qu’en s’y mettant en groupe, en collectif, on arriverait à bouger les positions en face. Et c’est à ce moment-là qu’à Pau, un ancien dirigeant de la FDSEA disait qu’il ne comprenait pas comment ce “point de vue de gauchiste” pouvait être entendu par une majorité de paysan·nes basques. Il n’arrivait pas à s’expliquer “cet accident de l’histoire”. Et là on peut faire référence “au bon sens paysan” sans populisme aucun.
Un ancien dirigeant de la FDSEA disait
qu’il ne comprenait pas comment
ce “point de vue de gauchiste” pouvait être entendu
par une majorité de paysan·nes
Si on parle de partage, de paysan·ne·s nombreux ·ses, d’entraide par opposition à compétition, toujours moins de paysan·ne·s dans le village… ça fait mouche. Ça touche les gens avec des exemples concrets dans leur vie. Et puis ici au Pays Basque, on arrive encore, et là Mixel excellait, à motiver le collectif, à rassembler, à organiser autour d’une cause, d’une idée novatrice… d’un nouveau chantier comme aimait à dire Mixel !
Mixel a eu cette finesse de jugement, de perception, d’expertise des évènements qui ont tellement aidé ELB à arriver à être une référence dans le panorama syndical et dans la société basque. Mixel nous a laissé beaucoup d’enseignements. Il nous a tant aidés à réaliser nos rêves collectifs. Nous continuerons à rêver ses rêves pour que la chaîne se perpétue. Une chaîne faite de fils d’énergie, d’espoir, d’entraide pour tisser une toile, un filet qui fixera les réalisations de demain.
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