EH Bildu demain en tête dans la Communauté autonome

Hémicycle du Parlement basque.


L’Edito du mensuel Enbata

En d’autres termes, le PNV peut-il perdre le pouvoir ? L’histoire dit que non. Du moins dans des circonstances normales. Pas comme en 2009 où, les souverainistes étant interdits, une coalition espagnoliste PSOE-PP lui ravit le gouvernement de Gasteiz. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’Urumea et du Nervión.

L’adieu aux armes d’ETA en 2011 a fait vite évoluer la carte politique. Aux élections de 1998, Arnaldo Otegi rassemblait moins de 18% des suffrages, très en deçà du PNV qui caracolait à 28%. Trois ans plus tard, EH Bildu double sa représentation au parlement de Gasteiz, et en 2016, l’addition de gauche EH Bildu, PSOE et Podemos atteint le chiffre magique de 38, la majorité absolue. Les imaginations s’échauffent dans les états-majors, bien que la politique ne soit pas qu’une affaire de calculette. En juillet 2023, EH Bildu et PNV font quasiment jeu égal, autour de 24% chacun. Le PNV ne doit son pouvoir local et national qu’à son alliance avec les socialistes. Tous deux se tiennent par la barbichette. A Madrid, les députés PNV soutiennent Pedro Sanchez ; au gouvernement autonome et dans plusieurs villes basques importantes, il leur rend la politesse. Si le PSOE tourne casaque, son ex-partenaire lui fera payer le prix fort.

Le vieux parti nationaliste a perçu le danger et procède à sa mue : place aux jeunes quadras et mieux, aux femmes. Il a pris d’autres décisions en annonçant que d’ici trois mois, cent mesures importantes seront prises par son gouvernement, tant sont grands une certaine usure du pouvoir et le malaise social.

Le PNV redouble de pression sur Pedro Sanchez pour que les compétences promises depuis si longtemps soient transférées rapidement, avant le scrutin d’avril prochain. Pas question d’arriver les mains vides devant les électeurs. D’autant qu’avec l’affaire catalane et le débat territorial en Espagne, le PNV veut durcir le ton. Le hic est qu’il doit faire face à deux écueils : son flanc plutôt centre gauche et souverainiste peut être grignoté par EH Bildu comme hier par EA. Son flanc droit, effrayé par le souverainisme, sera sensible aux sirènes du PP dont les leaders locaux ne remettent plus en cause l’autonomie.

Apparaît la présence d’un électorat dual, bicéphale, qui vote pour un parti espagnoliste dans une élection législative et pour un parti basque lors d’un scrutin local.

La montée en puissance d’EH Bildu est constante et va se poursuivre. Lorsqu’il arrivera en tête dans la Communauté autonome, quelles seront les alliances possibles ? C’est la question super banco.

Sa reconquête d’Iruñea grâce à l’attitude des socialistes qui lâchent la droite, ouvre des perspectives inédites. Certes, le PSOE affirme que jamais il ne s’alliera avec EH Bildu dans les trois provinces. Mais chacun sait qu’en politique, le mot jamais n’existe pas.

Les souverainistes basques renouvellent eux aussi leurs dirigeants et leur porte-drapeau, ainsi se poursuit le grand virage de la gauche abertzale entamé depuis plus de dix ans. Mais il n’est pas exempt de risques. L’arrivée au pouvoir, les nécessités de la gestion de compromis en compromissions, le poids des institutions et de l’économie-monde, les puissances d’argent, ont tué en Europe beaucoup de forces de gauche. Elles croyaient parvenir à « changer la vie », elles y ont perdu leur âme. Donc, gare à ne pas tomber dans une social-démocratie de plus en plus molle qui sombre dans le social-libéralisme. Une société ne se change pas seulement par le haut, « par décret » comme disait Michel Crozier. Certes, cela suscite des tensions sociales et complique l’exercice du pouvoir, mais le meilleur rempart contre ces dérives demeure la société civile, ses forces vives — syndicats en tête — et une jeunesse ardente. Même le lancement de GKS qui rassemblait le 16 décembre à Eibar 1.500 jeunes Basques épris d’un marxisme-léninisme ouvriériste d’un autre temps, montre que ce pays recèle des forces éprises de changements radicaux. Ils veulent tuer le père et construire un parti communiste. Les vieux briscards bougons font la moue, ils diront que ces jeunes loups ont bien le temps de se faire les dents. Mais l’émergence de GKS constitue aussi un signe d’espoir.

* Patxi Noblia vient de nous quitter.

Notre journal et ses amis lui rendent hommage. Militant politique de la première heure au sein du mouvement Enbata, co-fondateur d’Izan en 1979, très tôt il comprit qu’une société ne change pas par décret, que les mouvements sociaux confortent les politiques pour promouvoir un changement sociétal. 

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