Malgré l’abstention en hausse et le triomphe de la droite, le vote abertzale augmente en nombre de voix au détriment de la gauche française qui perd tous ses cantons au Pays Basque.
On ne peut raisonnablement tirer de conclusions définitives sur un seul scrutin, qui plus est lorsqu’il s’agit des élections départementales, d’une institution dont les compétences restent floues pour la majorité de la population et lorsque les deux tiers des inscrits ne sont pas allés voter. Mais au-delà de cette seule élection, quelques lignes de force se détachent. La prépondérance de la droite, la déconfiture du PS et la progression inexorable du vote abertzale.
La gauche française balayée
En Iparralde, le PS a disparu et le chef de file de l’opposition de gauche au département, Henri Etcheto, a même été balayé dans un canton bayonnais pourtant taillé sur mesure pour sa victoire (lire par ailleurs). Il n’y a plus de représentants basques du PS au Parlement de Navarre et, à l’échelle du Département, les socialistes passent de 20 à 14 conseillers, soit trois cantons, tous perdus au Pays Basque au profit de la droite et des abertzale. Sur les douze cantons d’Iparralde, la droite remporte onze sièges en s’inclinant, dès le premier tour, à Hendaye, fief de la gauche, non-plus face au PS mais face au duo abertzale composé de Iker Elizalde et d’Annie Poveda. Une illustration de ce qui se dessine sur notre moitié de département, où les forces de gauche se maintiennent globalement mais leur équilibre change au profit des abertzale.
Les abertzale progressent régulièrement
Présent sur tous les cantons basques, EHBai devient la seconde force politique du Pays Basque en terme de suffrages. Contre le rôle d’épouvantail agité par des jacobins de tous bords depuis des décennies, les abertzale affirment dans les urnes être devenus l’alternative au centre droit, la première force de gauche du Pays Basque. Malgré l’abstention et la débandade apparente à gauche, la coalition sociale et écologique EHBai augmente notablement ses suffrages, dépassant les 20.000 voix au premier tour (20.821) et atteignant 23.505 voix au second tour sur les sept cantons où elle restait en ballotage.
Malgré l’abstention et la débandade apparente à gauche,
la coalition sociale et écologique EHBai
augmente notablement ses suffrages,
dépassant les 20.000 voix au premier tour (20.821)
et atteignant 23.505 voix au second tour.
Une progression constante et régulière des abertzale de gauche qu’il convient de mesurer dans le temps : 12.302 voix dans les cantons renouvelés en mars 2008, 16.073 en mars 2011 et 17.779 en 2015, déjà sur les douze cantons basques. Cette fois, l’augmentation est de plus de 3.000 votes dès ce premier tour, alors même que l’abstention augmente encore sensiblement. Le vote abertzale représente 25% des suffrages exprimés. On peut relever que le PNV n’était cette fois pas présent dans cette élection, après avoir recueilli 1.445 suffrages en 2015 sur seulement quatre cantons.
La droite récupère deux cantons
Grande gagnante de cette élection, la droite conforte sa position dominante en faisant mieux qu’en 2015 au Pays Basque, avec 44% des voix exprimés contre près de 39% en 2015 et récupérant deux cantons —et quatre conseillers— au PS. Le RN est en baisse avec 12%, contre 13,25% pour le FN en 2015. La gauche française poursuit sa dégringolade. Avec les écologistes, sur des listes parfois mêlées, elle cumule 18% des suffrages, contre 26% il y a six ans. Symétriquement, la progression la plus nette reste celle de la gauche abertzale qui capitalise cette défection en passant de 16% à près de 25%, avec de bons scores sur le BAB, même s’ils sont toujours plus modestes, mais politiquement déterminants. L’alternative existe.