Tous les quatre ans, à l’occasion du congrès d’ELA, le syndicat invite la presse à vérifier le nombre exact de ses adhérents. Les différents médias ont le droit de tirer au hasard 200 numéros de compte bancaire du fichier des syndiqués d’ELA et de vérifier auprès des banques respectives qu’ils correspondent bien à des adhérents virant mensuellement leur cotisation au syndicat. Cet exercice de transparence, unique dans le monde syndical, garantit l’authenticité du nombre de membres d’ELA, qui en fait la plus importante organisation militante d’Euskal Herria : 100.925 adhérents à jour de cotisation, contre 98 960 lors de son congrès de 2017.
Puissance et indépendance
C’est d’autant plus remarquable que cette cotisation est assez élevée, soit 22,62 euros par mois. Cela finance des services juridiques forts et propres au syndicat (83 avocats travaillent comme permanents d’ELA), qui ont traité pas moins de 8739 dossiers en 2020, aboutissant à 6.262 jugements. Cela alimente également une puissante caisse de résistance qui permet de soutenir des grèves durant parfois deux à trois ans (l’entreprise pharmaceutique Novaltia est actuellement en grève depuis 900 jours !) et concernant parfois des secteurs entiers (comme les 5.000 travailleuses des EHPAD de Bizkaia). Cela donne une force de frappe spécifique à ELA, qui a bien sûr une influence directe sur les niveaux de revendications défendus dans la négociation collective. Un patronat qui sait qu’une grève peut atteindre ces durées-là réfléchit à 2 fois avant de risquer de la déclencher. L’indemnité de grève se situe entre 1163 (105 % du smic espagnol) et 2.328 euros par mois selon les caractéristiques de la grève et le niveau des salaires des travailleurs en grève. Cela garantit également l’indépendance du syndicat, qui ne craint pas les éventuelles menaces de rétorsion financière des pouvoirs publics à son encontre. Le syndicat -propriétaire de tous ses locaux présents dans une quarantaine de villes du Pays Basque sud- s’autofinance à 93,70 % par ces cotisations et ressources propres. Le reste étant principalement les fonds accordés automatiquement en fonction des résultats aux élections syndicales.
Syndicat majoritaire
Or, ELA, malgré une ligne radicale et altermondialiste, un engagement écologiste et climatique sans concession, un syndicalisme de contrepouvoir ayant rompu avec les instances de cogestion et de dialogue social institutionnalisé, est largement le premier des syndicats, de loin, aux élections professionnelles.
Il a même atteint son record historique avec 36,85 % de représentation sur l’ensemble du Pays Basque sud.
En 2021, il recueille dans la communauté autonome basque 40,93 % des voix devant LAB (19,88 %), CCOO (18,41 %) et UGT (10,48 %).
Et en Navarre, avec 22,55 % de voix, il talonne les 2 syndicats traditionnellement majoritaires UGT (24,43 %) et CCOO (24,24 %).