C’était un autre millénaire. L’homme n’avait pas encore marché sur la lune. Et pourtant, une poignée de femmes et d’hommes, de ce bout de terre, considéré-e-s comme des martiens, s’échinaient, à contre courant d’une société gaulliste aseptisée, à concevoir un autre idéal de vie, à faire montre d’un courage exemplaire en affirmant qu’un peuple et une langue méritaient de vivre.
De cet «Itsasuko ageria» d’avril 1963, émergent les inscriptions de sa stèle qui restent gravées dans notre conscience nationale collective. Cinquante ans après, nous nous retrouvons ce samedi 30, veille d’Aberri eguna, pour célébrer à nouveau, à Itsasu, des paroles, certes actualisées, que nous faisons nôtres. Tel le témoin relais de korrika, nous avons la responsabilité, jusqu’à notre dernier souffle, de poursuivre cette route tracée, en la balisant à notre façon afin de permettre à nos enfants de s’en saisir pour aller encore plus loin que les générations précédentes. Si la situation d’aujourd’hui est sans commune mesure différente de celle d’il y a un demi-siècle, il reste encore un long chemin à parcourir avant la reconnaissance officielle de notre langue et de notre territoire dans le concert mondial des nations.
Le prochain grand rendez-vous des abertzale de gauche, est sans conteste celui de mars 2014. Il y a un an, quelques élus abertzale ont anticipé ce rendez-vous en proposant une réflexion générale visant à coordonner les initiatives locales – parfois isolées— pour donner du sens, de la cohérence à un même élan. Mais sans vouloir uniformiser, standardiser ou chloroformer les initiatives locales. Bien au contraire. Il est question ici de faire confiance aux militants de terrain, en partageant des points de vue, fussent-ils différents et variés, afin de regarder ensemble dans la même direction. Après la phase de diagnostic, la démarche Bil gaiten –EHBai nous invite à nous retrouver le samedi 6 avril prochain autour d’assises municipales à l’IUT de Bayonne. Il sera question, au travers de réunions thématiques, de répondre aux enjeux environnementaux, sociaux-éducatifs et économiques dans le cadre des compétences habituellement dévolues à une municipalité. Et le tout, sous la houlette de cette fameuse démocratie participative qui doit amener vraiment les habitants à se mêler de ce qui les regarde. Cette journée sera le lancement des élections municipales que nous considérons comme primordiales car en phase avec notre volonté de participer à la vie de la cité.
Aussi, sans complexe aujourd’hui, nous sommes convaincus que nous devons prendre part aux instances de décisions même si ces dernières ne sont pas un modèle de démocratie. Même si, essentiellement sur la côte, nous aurons des élu-e-s qui partageront la gestion de ces collectivités en situation minoritaire. Nous venons de trop loin pour penser pouvoir adopter une stratégie du tout ou rien, où au final, nos adversaires aimeraient bien nous voir confiner. La tâche, comme on le sait, est immense d’ici mars prochain. La bataille de ces élections de proximité nous fait du bien car elle nous permet de nous plonger au cœur d’une population, que nous ne rencontrons pas toujours, et qui n’a pas forcément nos mêmes préoccupations, nos mêmes desiderata. Le camarade-dictateur et sanguinaire Mao n’a pas dit et fait que des conneries: nous devons être comme «un poisson dans l’eau». Gageons que nous ne resterons pas qu’en surface!