En Corse, 3 900 nouveaux arrivants par an

Antonin Bretel, directeur régional adjoint de l’INSEE, et Arnaud Huyssen, chef de service études à l’INSEE de Corse, présentant le bilan démographique 2024.

La croissance démographique du pays est la plus élevée par rapport aux autres territoires de l’Hexagone. Or, la chute du taux de fécondité et des décès en hausse caractérisent la population corse marquée par les migrations résidentielles. Autant de phénomènes qui rappellent une situation que nous connaissons en Iparralde.

Par Manon Perelli, journaliste à Corse Net Info.

L’INSEE a présenté son bilan démographique 2024 le 3 avril à Ajaccio. Une étude qui révèle que la Corse compte désormais plus de 360 000 habitants et enregistre une démographique trois fois plus rapide que la moyenne nationale. Une hausse de la population uniquement liée aux migrations résidentielles, alors que les naissances sont en baisse sur le territoire et que les décès ne cessent d’augmenter.
« En Corse, de plus en plus d’habitants et de moins en moins de naissances ». C’est le constat qui ressort du bilan démographique de l’INSEE. Avec 360 200 personnes résidant en Corse au 1er janvier 2025, la population de l’île enregistre une évolution de 32 900 personnes en l’espace de dix ans, à raison d’une augmentation de 1% par an durant cette période.  « C’est un rythme assez élevé : la population corse évolue trois fois plus vite qu’au niveau national », souligne Arnaud Huyssen, chef de projet qui a réalisé cette étude qui vient en complément d’un bilan démographique national annuel, en notant que la Corse reste, malgré cette évolution exponentielle de la population, la région la moins peuplée de France métropolitaine.
Dans le même temps, il relève que cette « dynamique importante repose exclusivement sur le solde migratoire ». En effet, avec 3900 personnes par an qui arrivent sur l’île, la Corse est à la fois le territoire qui enregistre la plus forte croissance démographique par an, tout en accusant dans le même temps un solde naturel négatif. « Il y a plus de décès que de naissances sur le territoire. S’il n’y avait pas les nouvelles entrées, entre 2013 et 2015 on aurait perdu naturellement 6300 personnes en Corse », détaille le chef de projet de l’INSEE, en indiquant que ce solde naturel négatif n’a fait que s’amplifier depuis 2013. Jusqu’à atteindre un différentiel de -1100 personnes entre les naissances et les décès en 2024. « C’est le plus bas niveau enregistré ces cinquantaine dernières années », précise Arnaud Huyssen.

En 2024, seulement 2400 bébés en Corse

Pour expliquer cette baisse du solde naturel, l’INSEE met en exergue deux éléments. À commencer par une diminution de 18% des naissances depuis 2011, année où 3080 naissances avaient été enregistrées sur l’île. Une tendance à la baisse qui n’a fait que s’accentuer. En 2024, seuls 2400 bébés sont ainsi nés en Corse. « C’est le plus bas niveau enregistré depuis 1976 », note Arnaud Huyssen en pointant une baisse de 4% sur un an, un chiffre deux fois plus élevé qu’au niveau hexagonal. « Cette baisse des naissances se rencontre dans toutes les régions de France métropolitaine, car il y a un changement de mentalité des personnes, mais aussi des incertitudes économiques qui peuvent expliquer cela, mais elle est particulièrement marquée en Corse », ajoute-t-il, « On a vraiment une chute du taux de fécondité, c’est-à-dire du nombre d’enfants par femme, depuis 2010 ».
En 2024, ce taux s’établissait à 1,19 enfant par femme en Corse, insuffisant pour « assurer le renouvellement des générations » selon le statisticien de l’INSEE. « Pour cela, il faut avoir a minima 2,05 enfants par femme ». Alors que la moyenne nationale est aujourd’hui de 1,62 enfant par femme, le taux de fécondité sur l’île est en outre le plus bas de France. « Pour autant, la Corse ressemble beaucoup à d’autres territoires méditerranéens qui ont des taux de fécondité très bas depuis longtemps », observe Arnaud Huyssen, « nous avons par exemple 1,08 enfant par femme à Malte, 1,16 en Espagne ou encore 1,24 en Italie. La Sardaigne est encore plus bas, puisque le taux de fécondité est d’un enfant par femme ». « On a des enfants de plus en plus tard, donc, forcément, on en a moins qu’avant. Et dans le cas des migrations résidentielles, beaucoup de gens arrivent déjà avec des enfants », commente de son côté Antonin Bretel, le directeur régional adjoint de l’INSEE Corse.

Décès en hausse et vieillissement

Par ailleurs, la démographie corse est aussi marquée par une hausse des décès qui ont augmenté de +30% depuis 2000, jusqu’à atteindre le nombre de 3500 l’année dernière. « Deux choses peuvent expliquer cette tendance. Tout d’abord, un effet démographique :  la Corse a de plus en plus d’habitants et donc mécaniquement, il y a plus de décès. D’autre part, nous avons un effet structurel avec le vieillissement de la population et la génération du baby-boom qui arrive à des âges de plus forte mortalité », constate Arnaud Huyssen. Il pointe toutefois que « la Corse reste parmi les régions de France où l’espérance de vie est la plus élevée », avec 85 ans et 7 mois pour les femmes, et 81 ans et 6 mois pour les hommes. Une espérance de vie en nette progression au cours des 25 dernières années.
« Aujourd’hui, c’est un habitant sur quatre qui a plus de 65 ans en Corse, contre un sur cinq il y a une vingtaine d’années. Quand nous faisons des projections de population, on constate que le vieillissement va continuer. A l’horizon de 2070, nous aurons 2,3 seniors pour un jeune de moins de 20 ans. Le solde naturel qui est négatif aujourd’hui va continuer à se creuser », expose encore Antonin Bretel avant de conclure : « Si nous prolongeons ces lignes de tendances, nous voyons que nous serons en croissance jusque 2050. Ensuite, nous serons sur un palier et par la suite, nous allons même perdre de la population, puisque le vieillissement sera tel que même les migrations résidentielles ne permettront plus de compenser le solde naturel négatif ».

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