Enbata dénonce avec la plus grande vigueur l’attentat qui a coûté la vie à 12 personnes ce mercredi 7 janvier à Paris et irrémédiablement amputé la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.
La liberté d’expression est un pilier de nos libertés fondamentales et les atteintes à ce droit doivent être combattues quelles qu’en soit les manifestations. Enbata le sait bien, qui a connu, comme Hara Kiri —l’ancêtre de Charlie Hebdo— la violence d’une interdiction par le gouvernement français, en 1974.
Au Pays Basque, plusieurs médias, notamment les quotidiens Egin et Egunkaria, ont été fermés sommairement et arbitrairement par la garde civile espagnole.
La liberté de la presse est un droit qu’il faut sans cesse défendre. Ces attaques sont toujours à combattre et à condamner.
Certes! qui oserait justifier une telle tuerie?
Cela étant dit, où étaient-ils tous ces défenseurs de la liberté d’expression quand Madrid a fermé nos medias, torturé et emprisonné nos journalistes? Où était-il quand Jakes Abeberry et Jakes Borteyrou ont été « fusillés » financièrement pour avoir repris un article d’un autre périodique?
J’ai horreur de la compassion et de la solidarité sélectives.
La grand’messe d’hier à Paris me rappelle une autre grand’messe après la victoire au Mondial de 1998: la France black-blanc-beur. Tu parles! la xénophobie, le racisme et la discrimination sociale/économique n’ont fait qu’empirer depuis.
Dans les prochaines semaines, nous verrons cette belle « Union nationale » exploser en vol. Mais en attendant, nous aurons droit à de nouveaux tour de vis contre les libertés publiques. Selon « la stratégie du choc » développée par Naomi Klein.
Contrairement à l’impression que la presse a donnée, ce week end, le peuple ne s’est pas indigné pour le droit à la liberté de la presse, mais pour le droit à la vie qui est le premier de tous nos droits et sans lequel la liberté de la presse n’existe pas. Il s’est mobilisé contre la mise à mort du policier qui veillait sur un journaliste, des quatre juifs du magasin, du gardien au nom arabe tué sur la rue autant que pour les journalistes de Charlie Hebdo. Les français ont pris peur pour leur propre sécurité. La liberté de presse dont je peux parler car j’en use et abuse, est un privilège de riches dont la grande majorité de la population mondiale ne rêve même pas, car leur souci quotidien c’est d’avoir 50 grammes de riz à manger.
Ces assassinats devraient aussi faire réfléchir sur l’échec de l’accueil des immigrés que l’on parque dans des HLM périfériques ou des bidonvilles et qui ont du mal à se faire embaucher s’ils s’appellent Mohamed.. Comment s’indigner pour la liberté de presse quand on reste de glace devant ce que la Pape a appelé le « cimetière de la Méditerranée » : plus de 3.000 immigrants, hommes, femmes et enfants y ont été engloutis en 2014. Sans parler de ceux qui meurent dans le désert. Il y a quelques mois, un vieux camion bondé à quitté Niamey pour Lampedusa. Panne dans le désert : 53 enfants, 37 femmes et 8 Hommes sont morts de soif. Quelle presse en a parlé? Qui a convoqué une manif ? J’étais à celle de Bayonne samedi, mais j’étais mal à l’aise.
La solution c’est d’exporter des usines chez eux. Mais on va crier au scandale des délocalisations. Qui va remplir nos caisses de retraite si les salaires sont payés là bas?
XIPRI
Mis à part l’horreur de la liquidation de journalistes, de juifs et de policiers, il faut aller au-delà de l’émotion : le droit d’expression, comme tout droit, n’est pas « un droit absolu » comme on l’a beaucoup entendu ces jours-ci, il a sa limite dans le respect du droit des autres et en ce sens on peut se demander si l’on peut construire une société viable et fraternelle sur un humour souvent grinçant qui blesse un milliard de musulmans et un autre milliard de chrétiens.On peut avoir de sérieux doutes sur une société bâtie sur de tels fondements. Et on peut l’écrire tout en restant attaché à la liberté d’expression, surtout lorsqu’on a été privé définitivement ou momentanément d’Egunkaria ou d’ Enbata.
Et puis il y a eu déjà un évènement similaire le 13 mai 1958 en Algérie : les Algériens qui manifestaient avec les métropolitains (et la police, et l’armée !) seraient désormais des citoyens français, de vrais frères, des gens ayant tous les mêmes droits. On a vu ce qu’est devenue cette Algérie où l’on avait si bien fraternisé… et ce qui a été fait des algériens qui avaient choisi la France.
Il ne faut jamais oublier que pour les Sarkozy, les Valls et quelques autres, un bon Karcher « républicain » entre les mains d’un bon préfet « républicain » vaut mieux qu’un débat d’idées, même dans la langue supérieure, bien sûr, et pas dans les quelques langues inférieures de la République,
C’est pour cela qu’il n’est pas nécessaire de se dire « républicain » : démocrate, cela suffit.
Sabel gorri