Au 1er janvier prochain, la Communauté d’agglomération Pays Basque verra le jour. La pérennisation du Conseil de développement, force de réflexion et de proposition de la société civile, permettra entre autre de réduire le fossé qui s’élargit entre citoyens et élus.
Un Conseil de développement
où siègent les forces vives d’Iparralde
est le plus sûr moyen de faire remonter
les besoins et aspirations de la population.
Il doit continuer à être force de proposition,
d’innovation sociales, économiques ou culturelles.
La société a changé, mais le système politique français est à bout de souffle. Les partis politiques, relayés par les media orchestrent le discours, mais leurs adhérents ne représentent que 0.5% des français en âge de voter, selon un sondage récent( 2016) réalisé par le Centre de la Vie Politique Française.
D’élection en élection, les taux records d’abstention marquent une vraie rupture entre les citoyens et leurs représentants élus. La seule réponse que propose le pouvoir est coercitive : voter ou payer une amende.
Pourtant, beaucoup d’initiatives locales montrent bien que les gens ont envie de s’engager, de participer, mais n’ont plus confiance dans le personnel politique. Nous sommes à un moment de transition : le système électif a été inventé il y a 200 ans par les révolutionnaires qui craignaient d’être débordés par le peuple. Il s’agissait de confier le pouvoir à une élite éclairée.
Aujourd’- hui, la plupart des gens sont éduqués. Ils s’intéressent à leur environnement. Ils s’engagent dans des associations de défense et mènent des initiatives locales, exerçant ainsi un contre pouvoir.
Les institutions, syndicats ou partis politiques déclinent, mais le monde associatif est plus vivant que jamais.
Participation démocratique et EPCI
La mise en place de l’EPCI en janvier 2017 est une opportunité pour innover et mettre en place des outils pour faire autrement.
La tentation pourrait être grande pour les élus de la future assemblée de se débarrasser du Conseil de développement, organe représentant la société civile organisée, pour mener les politiques de territoire comme ils l’entendent.
Pourtant, au cours des 20 dernières années, les travaux et réflexions du Conseil de développement ont permis de s’emparer de problèmes spécifiques au Pays Basque (langue, culture, spéculation foncière, réciprocité Côte/intérieur…) et de faire aux élus des propositions concrètes.
C’est ainsi que sont nés des outils tels que l’Etablissement public foncier Local ou l’Office public de la langue basque. Partout en France, les Conseils de développement adossés au Conseils des élus ronronnaient alors qu’au Pays Basque, il faisait preuve d’un dynamisme, souvent pris en exemple.
Aidés par des juristes, les membres du Conseil de développement ont pris conscience des limites de l’organisation administrative actuelle pour mener des politiques efficaces de territoire en matière de transport, urbanisme, de culture , d’économie… C’est à la quasi unanimité qu’il a voté en faveur d’ une Collectivité territoriale à statut particulier, institution élue, permettant, de mener des politiques locales cohérentes.
Plus que jamais, la nouvelle assemblée délibérante de l’EPCI doit être à l’écoute des besoins et aspirations des habitants.
Un Conseil de développement où siègent les forces vives d’Iparralde est le plus sûr moyen de faire remonter les besoins et aspirations de la population. Il doit continuer à être force de proposition, d’innovation sociales, économiques ou culturelles.
Enfin, il lui faudra davantage communiquer auprès du public sur ses travaux et enjeux, mais également permettre à des initiatives citoyennes d ‘émerger et de se développer. L’heure n’est pas au mépris des citoyens, mais à la transition vers une démocratie plus collaborative. Travailler le plus possible les dossiers avec les associations intéressées et partager l’information sont les meilleurs moyens de redonner de la crédibilité à la politique et d’intéresser les gens. C’est d’autant plus nécessaire que ces territoires plus importants intéressent les firmes multinationales qui, si on ne prend pas garde, s’empareront de la plupart des marchés encore en régie (eau, déchets…).
Des élections en 2020 devraient permettre aux citoyens (et non plus seulement aux conseillers municipaux) d’élire leurs représentants à l’EPCI. Iparralde peut apporter des initiatives citoyennes innovantes et contribuer à réinventer la démocratie de proximité.