Le reniement de Mitterrand, l’esquive de Jospin et à présent le refus méprisant du gouvernement Hollande, jamais deux sans trois. Que faire face à l’idéologie jacobine autoritaire des politiques français convaincus de nous avoir à l’usure ? Jean-Louis Davant, historien et essayiste, amorce une solution.
“T’es basque, donc t’es con !” C’est la première chose que nous disaient nos collègues français en arrivant au service militaire. C’est ce que nous répète le pouvoir français, de façon à peine plus polie. A ce mépris s’ajoute l’étrange propension des dirigeants socialistes français à lâcher périodiquement leurs électeurs et leurs alliés: communistes, écologistes, abertzale…
Nous avons subi successivement le reniement par le président Mitterrand de sa promesse d’un département, son silence face à l’activité meurtrière du GAL, les premières extraditions de réfugiés politiques basques en 1984 ; puis l’esquive du premier ministre Jospin vers l’an 2.000 ; enfin ces temps-ci le refus pète-sec et totalement arbitraire d’une collectivité territoriale, et de nouveau le reniement d’un engagement présidentiel: celui de ratifier la Charte européenne des langues dites “régionales”. Comment comprendre un tel entêtement dans le “Niet” ?
Bourgeoisie d’Etat
Je ne crois pas ici au hasard, ni à l’irrationnel: ces gens-là ne sont surtout pas des poètes, mais de froids calculateurs. Toutefois ils se trompent parfois dans leurs équations, parce qu’ils ne prennent pas en compte les facteurs humains, étant eux-mêmes passablement déshumanisés par leur formatage, leur corporatisme, leurs privilèges, leurs fonctions et leurs ambitions. Pour l’essentiel ce sont des dirigeants et des cadres importants de la fonction publique. Voyez la composition sociologique des parlements et des gouvernements successifs, vous serez édifiés. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ne pas oublier la massive partie moins visible, avec les principaux apparatchiks et technocrates des cabinets ministériels et des diverses administrations et services publics, plus tous ceux qui sont passés dans les grandes entreprises privées, ou qui font la navette entre les deux secteurs.
Il y a là une véritable bourgeoisie d’Etat dont l’origine remonte à Napoléon Ier: dotée d’une idéologie régalienne, centraliste, uniformisatrice, autoritaire, et surtout omnisciente, elle n’a que mépris pour les citoyens de base, ignorants et irresponsables à ses yeux. Cette “élite” gère et digère durablement la République Française par-delà les changements de gouvernement et de majorité. A droite, à gauche, les uns et les autres sortent des même hautes couvées comme l’ENA. Mais le poids de cette bourgeoisie d’Etat est plus massif au Parti Socialiste qu’à droite, où l’initiative personnelle a plus de place. Finalement, dans certains de ses courants, une partie de la droite désunie serait moins jacobine que le P.S.: c’est un point à considérer avec réalisme, d’autant plus que le P.S. au pouvoir central fait le plus souvent une politique de droite, pas forcément mieux que la droite, parfois plus mal par méconnaissance de l’initiative privée. Le principal intérêt de ce bipartisme est l’alternance, qui permet périodiquement de nettoyer les écuries.
Entrer en résistance ?
Oui, par des moyens non-violents,
et d’abord par le vote punitif !
Entrer en résistance
Floués pour la troisième fois consécutive, devons-nous attendre sagement la quatrième, en peaufinant une nouvelle mouture de projet territorial, qui mangerait le temps et les forces de nombreux élus et militants, tandis que la bourgeoisie d’Etat jouerait la montre et la fatale usure des citoyens ? Et surtout à quand une politique linguistique enfin positive ? Impensable à mon avis ! Que faire d’autre ? Entrer en résistance ? Oui, par des moyens non-violents, et d’abord par le vote punitif, du moins au sommet ! A la base, dans les élections locales et régionales, je vois plutôt le cas par cas, avec tout de même ce bémol: la droite a trop de poids au Pays Basque, il faut équilibrer. Mais au fait, il y a l’alternative du vote abertzale !
En tout cas révolte au sens camusien du mot: refuser la soumission au dictat méprisant, désobéir à un ordre injuste au nom des lois non écrites et des droits universels. Révolte abertzale ? Révolte citoyenne contre ce système napoléonien, pyramidal, qui s’exerce toujours de haut en bas, écrasant l’initiative populaire. En effet, si beaucoup de salariés ont affaire à la bourgeoisie privée, qui a ses contradictions internes, tous les citoyens dépendent de cette bourgeoisie d’Etat, qui bénéficie d’un monopole absolu.
D’abord au plus facile: dans les élections au sommet, dépourvues de présence abertzale, l’on peut très bien voter à gauche sans le faire pour le P.S., surtout quand on est proche des écologistes. Si ces derniers n’accédaient pas à la finale des prochaines présidentielles, pourquoi ne pas envisager au second tour le vote blanc ? Et si jamais le choix se posait entre un crétin de gauche (comme Guy Mollet qui expédia le contingent en Algérie) et un génie de droite (comme de Gaulle qui mit fin à cette guerre) ? De brillants crétins de gauche, il y en a hélas encore. Le génie de droite est improbable, en tout cas pour le moment. Comptons d’abord sur nous-mêmes, en liaison avec nos alliés des autres nations sans Etat.
Ados nago Jean Louis Davant-ek esandakoarekin. Euskal Departamentua eratzeko Garat anaien denboratik Pariseko gobernu jakobinoekin konfiantza ez dugu ukan behar. Beti gezurretan eta ele antzuetan dabiltza Pariseko jauntxoak. Ikastolak egiteko, Euskal Herriko Laborantza Ganbara eraikitzeko, bertako indarrekin egin dugu. Egin dezagun gauza bera beraz departamentuarekin. Hortarako bide legezko bat udal eta kantoi hauteskudeak baditugu trena bikaina.