L’Edito du mensuel Enbata
Mardi soir, 20h15, après une journée chargée, vous allumez la télé et commencez à préparer votre repas. C’est bizarre, on dirait qu’ils diffusent un discours politique du siècle dernier. Ça parle de réarmement démographique, de Marseillaise, d’uniforme ou encore de service national. Vous avez beau zapper, sur sept chaînes différentes, le même monarque présidentiel développant un discours digne de la IIIème république. Non, il n’y a pas d’erreur, nous sommes bien en 2024 et le nouveau monde promis par le président de la France a pourtant revêtu les oripeaux de l’ancien. Déjà une semaine avant, une ribambelle de noms d’anciens cadres LR venaient composer une équipe gouvernementale. Les vieilles méthodes, les phrases d’un autre siècle, des attitudes rétrogrades… Voilà où en est rendu le pays des Lumières. La septième puissance économique mondiale prend des relents réactionnaires, passéistes, en totale déconnexion avec les enjeux du moment et les défis à venir.
En décembre dernier, Emmanuel Macron rencontrait le président brésilien et abordait la relance du projet d’accord commercial Mercosur au point mort depuis 2019. Faisant comme si la crise sanitaire n’avait jamais existé, et continuant aveuglément à nier le niveau jamais atteint de dérèglement climatique, le président français s’entête dans un système économique libéral et mondialisé qui signe l’arrêt de mort de nombreuses entreprises et exploitations dans son propre pays.
Pendant ce temps, en Pays Basque Nord, un autre modèle résiste. EHLG entre dans sa vingtième année d’existence. Une maturité affirmée et démontrée, au service d’un modèle agricole et alimentaire soutenable. Concernant le monde économique toujours, nous disposons également d’outils puissants tenus bien souvent par quelques salarié.es et de nombreuses et nombreux bénévoles qui permettent de produire localement de l’électricité verte, de s’atteler à la diminution des déchets, d’accompagner les créations ou reprises d’entreprises ou encore de développer une monnaie locale complémentaire, l’Eusko, qui est depuis quelques années déjà, première monnaie locale d’Europe.
Face à ce choc des modèles, et en gardant à l’esprit qu’il existe aussi en Pays Basque des forces réactionnaires et conservatrices, il est urgent de prendre notre destin en main. Avec une réforme constitutionnelle promise pour cette année, il apparaît plus que nécessaire de faire entendre une voix basque progressiste, celle de l’évolution institutionnelle de la CAPB afin de gérer et financer de plus en plus de politiques publiques qui permettent de répondre véritablement aux besoins de la population locale et sortir de cette logique mortifère imposée par des dirigeants parisiens qui vivent dans l’entre-soi et n’agissent qu’en faveur d’une minorité d’ultra riches.
Nous ne pouvons malheureusement que constater la dérive du nationalisme français qui prône le repli sur soi, alimente la peur et déroule un tapis rouge aux idées dangereuses de l’extrême droite et en arrive à permettre à des textes comme la loi immigration de trouver une majorité parlementaire. Face à cela, le Pays Basque qui lutte pour la préservation de sa langue, sa culture, son patrimoine ou encore son identité, qui œuvre pour faire en sorte que la population locale puisse avoir accès à un logement digne et accessible, refuse cet enfermement et revendique être une terre d’accueil.
La France, ce pays qui convoque devant ses tribunaux deux Artisans de la paix qui ont œuvré pour le désarmement et la résolution du conflit. Un procès anachronique et insensé 13 ans après le cessez-le-feu permanent de l’organisation ETA et près de six ans après sa dissolution. Là encore, nul doute que le Pays Basque saura faire front et montrer combien est forte et inébranlable la volonté populaire d’un pays qui entend aboutir à la résolution intégrale des conséquences du conflit.
La dernière phase du processus Bagira qui consiste à inventer ensemble et collectivement la feuille de route partagée du mouvement abertzale se terminera avec l’Aberri Eguna du 31 mars prochain à Uztaritze. L’occasion de projeter vers l’avenir un mouvement multiple qui regarde loin, avec ambition et humilité en espérant être à la hauteur des enjeux qui se présentent à nous.
Une part de plus en plus importante de la population française perd espoir et on peut l’entendre. A nous de montrer qu’ici en Euskal Herri peut exister une autre voie, construite par le bas et capable de soulever des montagnes. L’agenda fourni qui nous attend pour cette année 2024 est source d’espoir.
On dirait un tract publicitaire… ou pire : de la propagande identitaire pour les simplets : France (+ liste de défauts méchants) contre Pays Basque (+ liste de qualités gentilles)…
Toujours avoir en tête le résistant français qui a crié « vive le parti communiste allemand ! » juste avant de tomber sous les balles du peloton.