En 321, l’armée romaine perd une bataille près de Capoue, sur le site des Fourches Caudines. Une armée entière est encerclée, contrainte à capituler sans conditions.
Les consuls, les chevaliers, puis la troupe, doit passer sous le joug, s’incliner devant les ennemis Samnites. Beaucoup plus que le désastre militaire, ce qu’en retient l’histoire, et l’expression passée dans la langue française, c’est l’humiliation et la honte de tout un peuple.
Mi-avril, 127 membres d’Etxerat étaient cités à déclarer comme témoins dans les casernes de la Garde Civile. Etxerat est une association qui regroupe les membres des familles des personnes incarcérées pour leur appartenance à ETA. Le témoignage demandé aux familles, concerne un dossier dans lequel les avocats sont mis en examen. C’est-à-dire qu’on demande à un père, une soeur, un fils, de témoigner contre l’avocat qui défend son fils, son frère, ou sa mère. Un témoignage à livrer dans une caserne de la Garde Civile, l’endroit même ou beaucoup de militants d’ETA ont subi la torture, la colonne vertébrale de la construction nationale espagnole, et, comme corps d’armée, garant constitutionnel de l’unité espagnole. Ce qui est reproché aux avocats c’est un “blanchiment d’argent”, mais à ce stade-là, peu importe, puisque on est entré de plain-pied –et
depuis longtemps- dans le domaine des symboles. Les symboles oui, mais pas l’anecdotique. Les symboles et les sentiments, l’orgueil, la haine, l’envie, la honte, l’humiliation sont de puissants moteurs de la politique. Autant que les idées. On retrouve donc un Etat en position ultra-dominatrice qui use de ses pouvoirs régaliens (justice et pouvoir de contrainte) pour contraindre une minorité pour un résultat probablement microscopique puisqu’il y a de grandes chances pour que, dans 10 ans, quand tout le monde l’aura oublié, ce dossier se termine par des non-lieux et quelques condamnations symboliques. La justice n’ayant rien à voir dans cette affaire, on doit donc s’en référer au politique.
Et on retrouve les problématiques remarquablement posées par Txetx qui fait référence aux réflexions d’Arnaldo Otegi, dans son édito “La gauche abertzale est-elle prête ?” dans Enbata. “Quand on lui demande si ETA doit poursuivre son désarmement, Otegi répond par une double question, qui donne aisément à comprendre ce qu’il préconise : ‘l’Etat a-t-il un intérêt au désarmement et au démantèlement d’ETA ? Et notre peuple lui-même ?’”. Il poursuit à partir de là en soulignant quelques points essentiels à prendre en compte dans le débat sur la stratégie souverainiste. Pour lui, l’Etat espagnol jette de l’huile sur le feu, attise la répression et focalise l’attention sur le sort des prisonniers et des victimes du conflit pour gagner du temps. La raison est simple: tant que le mouvement indépendantiste basque ne s’occupe que des conséquences du conflit, il ne mettra pas le processus indépendantiste en route et donc, on n’ouvrira pas au niveau de l’Etat un second front en même temps que celui de la Catalogne.
En mai, en Espagne, on votera pour les élections municipales. En Pays Basque, le Partido Popular aura amené le débat, sur la défense ou pas des prisonniers basques. Ailleurs, sur le conflit basque, loin du terrain de la crise économique et de la corruption qui gangrène le pays.
Il faut creuser, creuser, creuser jusqu’à ce que l’eau jaillisse…
Une bonne pelletée d’amitié de ma part.
Musu à tous