Fuite en avant

GareCambo1
La gare de Kanbo, terminus actuel de la ligne Baiona-Garazi

SNCF, Air France, Areva, trois exemples d’entreprises françaises pour lesquelles endettement se conjugue avec pertes d’exploitation. Ces trois sociétés illustrent bien l’incapacité de la France à se réformer pour affronter les défis du futur.

Les agences de notation n’ont pas bonne presse mais leurs critères d’appréciation des situations des économies des pays ont fait des progrès. Par exemple, sur le cas de la France,
ce ne sont pas les seuls chiffres de la dette qui sont pris en comptes (2.000 milliards d’euro) ni les déficits budgétaires des années en cours (encore supérieurs malheureusement à 3%, malgré les promesses de début de quinquennat et les pires des pays de l’UE).

Celle dette est, bien entendu, à comparer au patrimoine de l’Etat (que l’on considère supérieur à ces 2.000 milliards, même si son évaluation précise est délicate) avec ses infrastructures (rails, routes, autoroutes, etc…), ses bâtiments publics et historiques qui pourraient en cas de super crise être vendus pour le remboursement de la dette.

Est aussi examinée la capacité des Français à participer à ce remboursement. Avec 12.000 milliards en placements, maisons, assurances vie, ça passe largement, sauf si les 20% les plus riches qui possèdent 80% des richesses fuient à l’étranger. Enfin sont aussi pris en compte la balance commerciale, catastrophique en France, et le médiocre taux de chômage.

Mais les handicaps qui pèsent sur les notations sont aussi les promesses de réduction de déficit non tenues par les gouvernements successifs et les impossibilités de réformer le pays. Ainsi, la notation est de plus en plus globale et comparative de pays à pays. Mais il faut bien le préciser, tous les pays n’ont pas la même approche au niveau des mises en place des réformes. Aucune chance donc que cette notation remonte à courte échéance.

Incongruités dans les monopoles

Avec 40 milliards de dette pour l’ensemble consolidé RFF+SNCF, la fuite en avant continue dans cet ensemble chargé du transport ferroviaire. Cette dette était de 15 milliards lors de la séparation RFF SNCF, il y a une dizaine d’années. Cela signifie plusieurs choses. L’exploitation annuelle est négative. Et pourtant, les chiffres réels seraient encore pires, de l’avis d’experts, car il faudrait les alourdir par les 4 milliards supplémentaires tous les ans, pendant 20 ans, pour assurer les réparations et les maintenances qui ont cruellement manqué lors de l’accident de Brétigny. Le prix du billet est un prix social : il faudrait que la tarification soit plus élevée pour ne plus faire d’exercice négatif. Enfin, comme nous l’avons tous souligné dans ce journal et ainsi que confirmé par la Cour des comptes, il faudra limiter les investissements non rentables de type LGV. Ce propos est-il à rapprocher du statut protégé des salariés et des revendications catégorielles encore d’actualité sur la région parisienne en ce moment ? L’Etat comblera les pertes…

Avec 40 milliards de dette
pour l’ensemble consolidé RFF+SNCF,
la fuite en avant continue
dans cet ensemble chargé
du transport ferroviaire.
Cette dette était de 15 milliards
lors de la séparation RFF SNCF,
il y a une dizaine d’années.

Anne Lauvergeon responsable d’Areva inquiète de la pénurie d’uranium achète en 2007, alors que l’uranium est à 135 dollars la livre, des mines d’uranium au prix de 1.8 milliards d’euro, à la société Uramin, domiciliée…aux Iles Vierges (paradis fiscal), contre l’avis de ses experts, paraît-il. Cet achat tout d’abord loué par l’agence des participations de l’Etat comme “une belle victoire” s’avère désastreux car les mines sont inexploitables avec la technicité actuelle et pour la rentabilité attendue. De plus en 2011, suite à Fukushima, la cote de l’uranium baisse à 52 dollars en 2011. 2.4 milliards sont provisionnés dans les comptes d’Areva, Anne Lauvergeon est remerciée, l’Etat fait face, depuis un silence pesant entoure cette affaire… Les pilotes d’Air France, dont le salaire dépasse 15.000 euros mensuels, sont les mieux payés d’Europe. Leur grève a fait perdre à la compagnie qui les emploie la somme de 330 millions d’euros. Air France, avec ses comptes dans le rouge depuis quelques années, pour cause de baisse du trafic et de la concurrence mondiale sur les tarifs, n’a rien gagné dans cet épisode et c’est le reste du personnel de la société qui a ramené les pilotes à la raison. L’Etat comblera les déficits…

Pistes d’amélioration

Le suicide d’un salarié d’Orange fait la une des télévisions, alimentée, il est vrai, par des propos excessifs d’un dirigeant. Combien de dirigeant de PME/PMI sont victimes de burn-out et combien se retrouvent dans des extrémités fatales? Que réserve à ces personnes la couverture médiatique ? Quelques lignes dans la presse locale. Amarok, observatoire depuis 2007 des dirigeants des PME/PMI souligne que sur 1.000 patrons, les deux tiers travaillent plus de 50 heures par semaine, font deux fois moins de sport que leurs salariés et dorment 30 minutes de moins…

Pour une société s’installant en Hollande, il y a un seul organisme collecteur qui regroupe tous les organismes sociaux, l’impôt société est à 20%, il y a un seul organisme de retraite. Le gouvernement a précisé qu’il simplifiera la feuille de paie. Je le crois. M Valls applique une politique de centre gauche. Il fait des appels du pied pour une recomposition. Un collaborateur du PS proche du président Hollande précise qu’il est temps de faire une union au centre pour sauver le pays et faire les réformes. L’an dernier, le dernier ouvrage de François de Closets plaidait pour un gouvernement d’experts, sans étiquette politique autre que le large centre. Les amis avec lesquels j’en discute, n’y croient pas, pas plus que les ténors de l’émission “c’est dans l’air” qui me tient en haleine. Pourtant un autre règne de Sarkozy n’a aucune chance, ni une gauche orthodoxe. La raison est au centre sur des réformes douloureuses, nécessaires, de bon sens et concrètes. L’idée progresse…

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