Incapable de rassembler la gauche Bayonnaise, Henri Etcheto vient de perdre une nouvelle fois, sur le fil, une élection qui était acquise. Depuis 2014, la solidarité et l’écologie attendent le renouvellement de la tête de liste socialiste.
Un air de déjà vu. Et Henri Etcheto accuse le coup. Le socialiste, élu depuis 2011 au Département à la faveur d’une vague de contestation du sarkozisme, vient de rater une nouvelle fois une élection qui, sur le papier, n’était pas perdable. Pour une poignée de voix, comme en 2014 lorsqu’il a dû renoncer à la mairie de Bayonne. 29 votes d’écart, cette fois. On pourra toujours mégoter sur le poids de ces petits papiers noyés dans des milliers d’abstentions, ou sur le destin qui, pour ce grammage ou ce plumage, l’aurait fait “gagnant et champion” a-t-il regretté sur France Bleu Pays Basque. Il n’empêche que son bienheureux concurrent, Olivier Alleman, a eu la répartie plus tranchante en clamant dans Sud-Ouest : “c’est la gauche jacobine qui a perdu”. C’est vrai et c’est gentil pour les abertzale, mais c’est encore un peu moins simple. Car l’ancien leader de l’opposition au Conseil départemental est aussi le minutieux artisan de sa propre destruction et d’une machine à faire perdre la gauche à chaque voyage.
Sur le canton Bayonne 3, redécoupé sur mesure en 2015 pour habiller la gauche, les trois formations prônant la solidarité et l’écologie ont cumulé 57,18% des suffrages. Henri Etcheto en tête du trio avec 26,35% des voix, suivi par l’alliance EELV et Génération.s (16%) et les abertzale (14,83%). Le loup, la chèvre et le chou repartent sur la même galère, face à une union solide du centre et de la droite (31,19%) et un Rassemblement national (11,62%) dont l’intention de vote au second tour est aussi peu prévisible que la météo de ce mois de juin. Canton imperdable, mais voilà… A l’heure ou des militants français de tout poil implorent à genoux une union des gauches aux présidentielles, la gauche bayonnaise reste inconciliable, bien au-delà d’un jeu de partis et jusque dans l’intimité de l’isoloir. Car Henri Etcheto a, une nouvelle fois, servi de repoussoir aux voix de la gauche. 49,73% au second tour, c’est encore loin de sa réserve de voix. Et le candidat a beau faire des scores honorables, il lui manque toujours la dernière marche du podium pour finir “gagnant et champion”. Pour les abertzale, l’affaire est entendue. En 2014, la liste Baiona 2014 se maintient au second tour contre le jacobin. Malgré cette triangulaire, Henri Etcheto perd d’une vingtaine de voix. Une belle performance mais tout autre socialiste un tant soit peu ouvert aux questions spécifiques du Pays Basque —il n’en manque pas— serait passé haut la main.
Etcheto enfonce le clou
Depuis son poste d’opposant municipal, Henri Etcheto enfonce le clou pendant six ans en chipotant les thèmes basques, jusqu’à l’échéance municipale de 2020 où il se prive encore du vote abertzale pour échouer, cette fois, d’un millier de voix et sans triangulaire. Cette nouvelle élection départementale ratée, ce 27 juin 2021, est peut-être celle de trop. D’autant que, si les abertzale n’ont pas appelé à un report de voix sur sa personne, la liste EELV/ Génération. s non plus. Les deux entités de cette liste de gauche, qui le suivaient aux municipales, ont bien évidemment fini par clasher avec le leader socialiste au sein de leur groupe d’opposition. Pas facile d’être rassembleur quand on est aussi clivant. La question qui se pose désormais est celle de la personne. Si la politique est oeuvre collective au service d’un bien commun, il est évident qu’Henri Etcheto doit laisser sa place à plus rassembleur.
Si la politique est oeuvre collective
au service d’un bien commun,
il est évident qu’Henri Etcheto
doit laisser sa place à plus rassembleur.
Parce que le temps des jacobins —qu’ils soient de droite ou de gauche— est révolu au Pays Basque. Parce que l’aspiration bayonnaise est à l’union des gauches et que la politique ne doit pas être affaire d’ego ou de personnes.