Incarner la vision abertzale

VisionAbertzaleContrairement à ce qui était programmé, nous ne sommes pas dans un projet de décentralisation.

L’acte III de la décentralisation affiché n’est, en fait, qu’un réaménagement de la gestion territoriale. Defferre en 1982 avait, lui, effectivement transféré des compétences, et les moyens de les mettre en oeuvre, du pouvoir central aux collectivités locales: lycées, collèges, routes, ports, trains, politiques économique et sociale… allant jusqu’à supprimer l’autorité de tutelle des préfets, incarnation du primat de l’Etat, et dotant la Corse d’un statut particulier. Le département Pays Basque resta seul en rade.

Suivit, vingt ans plus tard, l’acte II, bien plus timide, avec Raffarin créant le concept l’expérimentation et qualifiant constitutionnellement la république de décentralisée.

Aujourd’hui rien de tel. L’Etat ne se dépouille d’aucun de ses attributs.

Dans le même temps, le Pays Basque a défini, dans un large consensus, son institution propre pour laquelle, à ce jour, le pouvoir central n’a eu que rejet et mépris. Il tente à présent une manoeuvre de rattrapage par la voix du préfet qui ne se contente plus d’assister aux réunions du Conseil des élus mais avance des propositions. Cette sollicitude nouvelle ne répond en rien à l’esprit de la revendication basque qui est celle d’une assemblée élue au suffrage universel direct, à fiscalité propre et dotée de compétences spécifiques.

On pouvait raisonnablement penser que le big bang territorial décidé par le gouvernement, que cette remise en question institutionnelle d’une ampleur jamais atteinte, pouvait répondre à notre revendication.

D’autant plus commodément que nos deux siècles de cohabitation avec les Béarnais et tous ses blocages volera en éclats par la disparition des Conseils généraux. Eh bien non!

Nous ne participons pas de la grande réforme, le préfet nous ramène aux assemblages habiles des miettes du festin. Une voix autrement autorisée, celle de Michel Rocard, le 9 février 2007 à Saint-Jean-de-Luz à l’initiative d’Abertzaleen Batasuna, nous avait déjà alertés sur les possibilités offertes avec les outils existants.

L’intercommunalité unique des 158 communes d’Iparralde proposée est inadaptée et dangereuse. Inadaptée car elle procède d’une vision jacobine de notre organisation sociale si diverse –géographique, économique, culturelle— qui doit le demeurer. Dangereuse par son échec inévitable dont le pouvoir s’exonérerait et ne manquerait pas de rendre responsables les basques eux-mêmes incapables de construire un destin commun.

De plus, même si l’on s’achemine vraisemblablement vers l’élection au suffrage universel direct des intercommunalités, rien pour l’heure ne nous le garantit.

Quant au plan B, celui de la fédération des intercommunalités d’Iparralde, si elle est possible, relève de l’efficacité de l’amicale bouliste.

Lorsque l’on voit les réticences de la classe politique française à se dépouiller de ses baronnies, on mesure la difficulté du gouvernement à tenir son pari.

Le sénat, d’où venaient pourtant les premiers Etats généraux de l’acte III de la décentralisation, est déjà entré en résistance, reportant le débat pour consultation du Conseil constitutionnel. Qu’en sera-t-il lorsqu’il sera revenu à droite après son renouvellement en septembre? Et que dire du ministre de l’Intérieur rappelant que si les Conseil généraux disparaîtront, les départements, eux, seront maintenus faute d’une majorité constitutionnelle des 3/5èmes et, avec eux, le confortement du corps préfectoral!

Gardons-nous bien d’anticiper les solutions de bricolage tant que la réforme n’est pas encore écrite. Débats, rencontres, vont se multiplier sur ce thème.

Les abertzale organisés doivent y prendre leur part. Tout ceci nous porte à forger, défendre et partager notre doctrine institutionnelle spécifique et elle seule. Nous serons d’autant mieux compris et entendus dans le débat public si notre parole s’incarne dans un, ou une, leader. Si nos avancées municipales, paysannes, d’enseignement, médiatiques, économiques, confortent notre représentativité, elles dispersent tout autant nos engagements personnels. Chacun sent bien cette faiblesse. La gauche abertzale en pleine recomposition est à même de relever cette nécessité d’un leader indispensable à la visibilité de notre famille politique.

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