Le quotidien Gara a publié ce dimanche 19 février une interview en euskara du porte-parole de l’organisation ETA, David Pla, actuellement incarcéré à Paris (*). Celui qui est délégué d’ETA en charge de la résolution du conflit analyse la situation de ces derniers mois, notamment après les évènements de Louhossoa, le débat mené au sein du collectif des prisonniers politiques basques et au sein de la gauche abertzale. David Pla y annonce qu’un processus de réflexion ouvert à tous les militants d’ETA va s’ouvrir à partir de ce printemps. Nous avons traduit en français quelques passages particulièrement significatifs sur la position de l’organisation armée relative au démantèlement de son arsenal et au processus de paix en général.
Gara : Il semble que les évènements de Louhossoa aient révélé une nouvelle situation, à savoir le début du désarmement. Comment doit-on l’interpréter ?
David Pla : Avant tout il faut dire qu’il s’est agi là d’une manière exceptionnelle de répondre à une situation exceptionnelle. Il y a 5 ans, personne n’aurait pu imaginer que le désarmement devrait se gérer dans de telles conditions. Mais les Etats ont agi contre la résolution du conflit dans tous les domaines, même dans celui du désarmement, qu’on aurait pourtant supposé correspondre à leur propre intérêt.
Ils ont voulu convertir la question des armes en problème pour ETA. Ecartant l’option de la négociation, ils voulaient nous empêcher de changer totalement de cycle politique. Ils ont tenté de recréer artificiellement, au moyen d’opérations policières et du discours de toujours, le cycle de la lutte armée, pour limiter le potentiel de changements sociaux et politiques qu’avait le chemin entrepris avec le changement de cycle.
Quel bilan faites vous de l’apport de la société civile ?
Il a été déterminant, car elle a trouvé le moyen de dépasser cette situation de blocage. Quasiment personne ne s’est aventuré à remettre en question cette initiative généreuse, ce qui est peu courant. Ces dernières années, chaque fois que des pas ont été réalisés, certains se sont cachés devant des phrases du style « Ce n’est pas suffisant » ou « Nous espérions autre chose » .
Au delà du désarmement, on pourrait en déduire que la société civile fait sien l’agenda de la résolution, ce qui permet de construire un nouveau schéma pour cette résolution. Un schéma doté d’une grande envergure, car arrimé au rôle actif et à la détermination de la société.
L’attitude du gouvernement espagnol n’a pas de quoi surprendre. Certains disaient que Paris pourrait montrer d’autres dispositions, mais au final les faits sont là. Après Louhossoa, peut-on espérer un changement ?
Cela fait des années qu’on spécule sur une hypothétique bonne volonté de la France, mais comme vous le dites vous-même, les faits sont là, en matière de politique pénitentiaire, de répression… Ce qui est arrivé à Louhossoa représente un saut qualitatif, vu qu’ils ont tapé là sur une initiative qui pouvait s’inscrire dans l’intérêt même de la France.
Ce qui est clair est que nous ne pouvons pas rester en position d’attente. Que Paris change sa politique, et c’est fondamental qu’il la change, sera la conséquence de ce que les forces en faveur de la résolution du conflit ferons. Il faut approfondir ce concept là.
(…)
Quels développements peut connaître la question du désarmement ?
La ligne de départ est désormais clairement située. La société civile et ETA se sont mis d’accord sur le fait que la responsabilité du désarmement est désormais dans les mains de la première, d’une certaine manière dans le droit fil de la voie tracée par le Forum Social après avoir constaté le blocage des 2 Etats. Pour réaliser cette tâche, la société civile aura cependant besoin d’appuis, que ce soit ceux des acteurs internationaux ou ceux des acteurs basques, et concrètement des institutions et des représentants institutionnels. Si les Etats changeaient d’attitude, ce processus serait plus simple et plus sûr. Malheureusement, rien ne laisse espérer que cela puisse survenir.
La seule chose de sûre est la décision ferme d’ETA de se désarmer dans les délais les plus brefs. Ceux qui se sont engagés pour permettre cet objectif là ont la parole d’ETA.
(*) Lire l’intégralité de l’interview ici : www.naiz.eus/fr/hemeroteca/gara/editions/2017-02-19/hemeroteca_articles/konprometitu-diren-guztiek-etaren-hitza-dute-ahalik-eta-epe-laburrenean-armagabetzea-burutzeko
Horrelako aldarrikapenak irakurri ondoren, nor atrebitzen da ETA « faxista » dela esatera?? Jarrera faxista aldiz, Paris eta Madrileko esanetan nabaritzen da: errealitatea okertzen dute eta Euskal Herriaren arazo nazionala ez dute ikusi nahi