La mise en valeur de l’économie localisée est particulièrement vivante en Pays Basque. Les réseaux de producteurs s’imbriquent dans ceux des consommateurs de proximité, confortés par le mouvement associatif imaginatif. Malgré le retard pris dans bien des domaines (mobilité, habitat…) la transition écologique est en marche en Iparralde…
Le Conseil de développement du Pays Basque (CDPB), aidé par l’ADEME, a rassemblé divers porteurs de projets de transition écologique le 17 mai dernier. Partant de leurs besoins et des solutions manquantes, de nouveaux outils d’accompagnement seront mis en place. En effet, malgré les institutions accompagnant les créateurs d’entreprises (CCI, Chambre des métiers, EHLG, Chambre d’agriculture), les porteurs de projets sont souvent dépassés par l’ampleur des tâches administratives, ont du mal à trouver foncier et financements nécessaires au lancement de leur activité. C’est d’autant plus vrai que leur modèle économique n’est pas toujours viable dans l’économie classique, alors même qu’il représente une utilité sociale et écologique indéniables.
Pourtant, si nous voulons changer notre mode de vie en profondeur pour respecter davantage l’environnement, il faut accompagner des aventures moins classiques, comme les recycleries, le remplacement des couches de bébé, l’auto construction écologique autour d’un projet de permaculture, la production d’électricité dans les petits moulins du Pays Basque, ou encore la formation à la transition vers l’agroécologie paysanne.
Ce dernier projet est le fruit d’une réflexion collective entre Hemen, Eusko Ikakuntza, EHLG, BLE, l’Inter AMAP et l’UPPA sur la remise en cause du modèle agricole dominant, de plus en plus éloigné des attentes de la population. Comment passer du productivisme et de la dépendance (prix mondiaux, crédits bancaires étouffants, agrobusiness…) à une agriculture respectueuse de l’environnement et des hommes?
Beaucoup se posent la question, tant les jeunes reprenant une exploitation, que les enseignants en lycées agricoles, les techniciens agricoles, les agents de développement dans des collectivités territoriales et même certains acheteurs dans des cantines municipales. Mais aucune formation n’apporte les clés pour passer d’un modèle à un autre.
L’ambition du Diplôme Universitaire (DU) “Transition agro-écologique Paysanne” ouvert à tout public, au travail, au chômage ou étudiant, à raison de 2 à 3 jours par quinzaine d’octobre à juin, est d’accompagner des porteurs de projets dans cette démarche. Avec une vision globale, décloisonnée (multidisciplinaire), une pédagogie innovante associant partage d’expériences, savoirs académiques et de terrain (la technique associée aux sciences humaines et à la gestion de projet permettant de garder une vision globale de l’agroécologie), des enseignants pointus, elle propose un premier module “de la naissance des Agricultures du monde aux transitions agro-écologiques paysannes” ouvert à tout public les 1 et 2 juillet prochains.
En cette période d’élaboration du Plan Climat territorial, le Conseil de Développement rassemble divers créateurs d’activités, facilite les échanges, la rencontre entre eux et avec des financeurs éventuels. L’association Hemen assure également ce lien et cette mise en réseau, tant dans les domaines de l’habitat participatif que dans l’Economie Sociale et Solidaire, avec le soutien aux CLEF ou aux CLEJ. Forte de son réseau d’entreprises partenaires, Hemen aide au retour au pays de jeunes euskaldun après une expérience à l’extérieur.
Problème : la notoriété de l’association est insuffisante, surtout auprès de nouveaux habitants de notre territoire. Autre travail remarquable, celui de la Société Coopérative d’intérêt Collectif Garroa à Mendionde, spécialisée en maraichage biologique. Non seulement elle fournit des paniers à des particuliers, des salariés d’entreprises, des crèches et cantines biologiques (celle de Mendionde Macaye entre autres),mais elle accueille des visites de scolaires ainsi que des stagiaires. Elle s’est engagée dans la plantation d’arbres fruitiers (variétés locales) et la fabrication de plants biologiques.
Monde associatif et institutions s’acheminent vers un changement de cap. Malgré le retard pris dans bien des domaines (mobilité, habitat…) la transition écologique est en marche en Iparralde et les esprits évoluent, comme en atteste le bon score de la liste d’Europe écologie Les Verts aux européennes.