Entretien avec Sophie Bussière, Candidate basque sur la liste EELV aux européennes
Enbata : Pouvez-vous nous présenter en quelques lignes votre engagement, votre parcours ?
Sophie Buissière : Je suis avocate au Barreau de Bayonne depuis 2004. Membre de soutien d’associations environnementales et altermondialites, je relaie constamment leurs combats afin de créer du lien entre mondes associatif et politique, trop cloisonnés à mon sens. Mon engagement au sein d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) est consécutif à la dynamique de 2009: vulgarisation du danger de la “malbouffe” par José Bové, lutte contre l’évasion fiscale menée par Eva Joly. Je suis secrétaire EELV Pays Basque, membre du bureau régional (direction politique EELV Aquitaine), et conseillère fédérale (le parlement des Verts).
Que représente la collaboration entre régionalistes (RPS) et EELV?
Des valeurs communes : le respect de la diversité notamment culturelle et linguistique et le principe d’autodétermination font partie des principes fondamentaux de l’écologie politique. Celle-ci n’est pas compatible avec un nationalisme jacobin, centralisateur et uniformisateur. Nous sommes viscéralement européens et notre Europe est celle des peuples. Elle est diverse, plurielle et fédérale. Cette collaboration est naturelle : vouloir davantage de souveraineté pour les territoires implique leur transition écologique, pour les préserver.
Au Parlement européen, les écologistes et les représentant.e.s de divers peuples européens (Ecossais, Gallois, Catalan, Corse…) sont membres du même groupe parlementaire, les Verts / Alliance libre européenne (ALE), qui existe depuis 1999. La collaboration est donc ancienne.
La situation européenne est tendue (Brexit, montée de l’extrême droite, fossé qui se creuse entre citoyens et Europe…). Que peut-on attendre du scrutin du 26 mai et que souhaite apporter EELV dans cette campagne ?
A l’heure où nous devrions unir nos forces pour faire face au plus grand défi de l’humanité consistant en sa sauvegarde à court ou moyen terme, nous devons lutter également contre les dangers que vous évoquez. Nous avons toutes et tous ici la responsabilité de nous engager pour sauver l’Europe afin de lutter efficacement contre le réchauffement climatique et l’extinction de masse du vivant. L’Union européenne est une bonne échelle pour agir. L’interdiction de la pêche électrique, la taxe sur les poids lourds, la protection des données personnelles et des lanceurs d’alerte ont été gagnées par le groupe Verts/ALE au Parlement européen. Il continuera de se battre contre l’évasion fiscale et pour la sortie du glyphosate (dossiers dans lesquels il a obtenu des avancées). Pour poursuivre ce travail, et pour enclencher une transition énergétique massive, génératrice de centaines de milliers d’emplois, ainsi que la transition écologique et la réforme radicale de la Politique agricole commune, il convient que le groupe Verts/ALE soit le plus important possible. Emmanuel Macron prétend être un rempart contre l’extrême droite, alors qu’il en est, par ses politiques anti-sociales, un tremplin. Entre cette arnaque libérale et le hold-up populiste, notre projet européen est un formidable antidote à l’austérité, au repli sur soi et au rejet de l’autre.
EH BAI, via un vote de ses adhérents, a décidé de ne pas donner de consigne de vote. En quoi la liste à laquelle vous participez peut se faire le porte-voix des thématiques chères aux abertzale ?
A plusieurs reprises des abertzale (Menane Oxandabaratz, Gorka Torre…) ou des élus basques (Sauveur Bacho…) ont été membres de la liste d’EELV aux élections européennes. Membre du comité des juristes pour la paix au Pays Basque, avocate d’Artisans de la paix, représentante de mon parti au sein du collectif Bagoaz, je suis investie dans le processus de paix et la défense des droits des prisonnier.e.s politiques. EELV a été présent dans ces dossiers de façon constante. Nous continuerons cet engagement au Parlement européen lors de cette mandature. Etant attaché.e.s à la diversité des peuples, de leur culture et de leur langue, nous militons par exemple pour la reconnaissance de la co-officialité des langues minorisées, combat que nous poursuivrons également au niveau européen. Enfin, la transition écologique que nous prônons génèrera de nombreux emplois locaux non délocalisables, notamment en ce qui concerne l’énergie et l’agriculture. La souveraineté territoriale en sortirait renforcée.
A l’heure où le projet européen manque de souffle et d’espoir, l’écologie peut écrire une nouvelle page de l’histoire de l’Europe. Encore faut-il que nous soyons en nombre au Parlement. Le vote des abertzale devrait se diriger tout naturellement vers la liste conduite par Yannick Jadot…