L’Edito du mensuel Enbata
Il y fait bon vivre. Notre Pays Basque, dont le solde des naissances est négatif, ne cesse pourtant de voir sa population augmenter. A ses nouveaux résidents venus d’ailleurs, 100.000 en cinquante ans, s’ajoutent les résidents secondaires dont le périmètre ne cesse lui aussi de s’élargir et qui souvent en fin de vie deviennent à leur tour des habitants permanents relevant du recensement général de la population.
A l’heure des élections municipales et communautaires, tout ceci complexifie le débat public, tant pour le contenu des programmes que pour le choix des acteurs devant les porter.
Le savoir-vivre harmonieusement ensemble est une vertu qui nous est généralement reconnue au point d’emplir les chroniques de nos journaux d’états d’âmes de gens “tombés amoureux du Pays Basque” décidant de s’y installer. Bienvenue au partage de cet art de vivre, à condition de ne pas prétendre venir nous sauver de la médiocrité que nous serions incapables de vaincre seuls.
Guéthary illustre jusqu’à la caricature cette ambigüité sociétale. Le journal Sud-Ouest du 20 janvier nous apprend qu’un résident secondaire de 72 ans ayant fait carrière dans la haute finance mondialisée, M. Dominique Ferrero, prend la tête d’une liste municipale pour assurer les fonctions de maire. Propriétaire de la maison Patrakenia, il entend demeurer cependant résident principal à Paris. “Je ne suis pas né à Guéthary, dit-il, je n’y ai pas grandi. C’est en 2005 que je l’ai découvert presque fortuitement.” “Il saute aux yeux que notre village aujourd’hui n’est plus administré de la meilleure façon”, ajoute-t-il. Suit une série de griefs sur l’entretien des espaces communs, des détériorations diverses, l’absence de travaux, la propreté, etc. “Résignation d’habitants qui constatent avec chagrin l’absence d’une équipe municipale qu’on ne voit plus beaucoup sur le terrain”. Ce réquisitoire a cependant un côté prospectif “tout faire pour préserver l’équilibre entre nature et urbanisation en ayant conscience de l’extrême fragilité de notre écosystème”… “Je privilégierais l’accession à la propriété pour nos jeunes familles.” Bravo !
Mais d’où viennent ce constat et ces bonnes intentions ? D’un citoyen que les engagements quotidiens retiennent à Paris et n’est ici que pour l’agrément de séjour dans une commune qui, malgré toutes les insuffisances décriées, vient d’être classée second village de France pour la qualité de vie. Les dérives immobilières, les dangers de l’urbanisation, de l’artificialisation des sols, c’était bon jusqu’à l’achat, sur cette terre, de ma résidence de vacances, mais à présent stop ! dit M. Ferrero. La réalité du manque de logement pour les gens de ce pays, dont parle M. Ferrero, c’est pourtant 25.000 logements à Biarritz pour 25.000 habitants et 15.000 logements à Saint-Jean-de-Luz pour 15.000 habitants. Un logement par habitant, qui dit mieux ?
Oui, mais dans ce beau panorama, près d’une résidence sur deux est secondaire. A Guéthary, c’est encore plus déséquilibré. Or cette vague de résidences secondaires, qui est précisément la cause du mal logement de nos jeunes couples et de l’inflation du coût du foncier et de l’immobilier, Monsieur Ferrero est justement venu l’amplifier.
Un peu de retenue est recommandée à ce neo-Getariar qui, dans son programme, n’évoque pas une seule fois le Pays Basque mais parle de “la région Côte basque”. Aimer ce pays, vouloir en faire partie, éventuellement le servir après avoir donné 72 ans de son énergie ailleurs, pourquoi pas ? Mais plus humblement s’il vous plaît…
Il y a une sorte d’inconscience publique à croire qu’une collectivité multiséculaire vous attend pour relever son niveau, croire à sa capacité personnelle à la faire mieux évoluer.
Les duellistes ministériels que fascine la notoriété de Biarritz, relèvent de cette indécence. L’un, convaincu de l’absence de talent pour diriger la ville, déclare sans détour vouloir conquérir le fauteuil de maire. L’autre, plus subtil, attend la fin du quinquennat pour, une fois dans la place comme modeste conseiller municipal, prendre le relais. Les habitants de ce pays doivent signifier à ces héros venus d’ailleurs qu’ils n’entendent pas être leurs supplétifs.
Monsieur Abeberri, Jakes
Votre véhémente chronique soulève de nombreuses questions, adroitement mêlées pour amplifier votre injuste charge contre Monsieur Ferrero. Injuste et excessivement caricaturale. Il y a trente ans et plus nous nous sommes souvent rencontrés autour de Didier Borotra. J’étais alors maire de Guéthary, président des maires de la côte basque et vous Adjoint- bien en vue- à la culture. Le problème des résidences secondaires sur la côte n’est pas nouveau, ni celui du marché immobilier, ni celui du patrimoine immobilier néo basque, ni celui de la culture basque. La question de leur maintien et de leur mise en valeur est cruciale. Ici aussi nous avons des villas Natacha. Ici aussi nous avons des jeunes qui souhaitent continuer à vivre dans leur village. Ici aussi nous devons soigner notre station balnéaire. Ici aussi nous devons porter attention à nos associations : le groupe folklorique basque, le chœur d’hommes Bihotzez, la société de pelote.
Vous l’homme du groupe Oldarra, proche du BAC par votre regretté frère, vous dont j’ai connu la famille à Larrepunte vous n’avez pas le droit de tomber dans ce faux procès, en faisant dire au fond à M. Ferrero ce qu’il n’a jamais dit. Quelle cause servez vous donc ainsi, à coup d’amalgames, de contre vérités? L’équation générale est ici aussi complexe – sinon plus – qu’à Biarritz, du fait des tailles respectives , des moyens financiers et de nos histoires respectives. Je suis persuadé qu’en étudiant mieux votre dossier vous devriez parvenir à plus d’impartialité et d’objectivité. S’en tenir aux coupures de SUD OUEST et aux bruits de couloir n’est pas à la hauteur de votre qualité humaine et de votre intelligence telles que j’avais cru les comprendre. Si vous le souhaitez je pourrais vous faire faire un tour dans Guéthary et pointer du doigt à votre intention ce qui a été fait et ce qui n’a pas été fait, laissant ainsi notre jeunesse en rade! Il vous suffira de me le notifier par la poste: je suis ici suffisamment connu pour réduire mon adresse à un simpleGUETHARY. Et par la même occasion vous pourrez peut-être m’expliquer comment l ‘ abertzale Michel Poueyts a pu – le temps d’une mascarade – s’acoquiner avec un auto parachuté de la trempe de Didier Guillaume.
Je vous remercie du respect que vous accorderez à ma franchise.
Bien cordialement
Jean – Luc Lataillade
Monsieur Akeberri ,
je ne vous connais pas mais permettez-moi de reagir à votre pamphlet qui m’a choquée . Il conduit à penser que seuls les guéthariars de souche sur de nombreuses générations seraient autorisés à gérer la commune ? que face à une mondialisation , certes criticable sur bien des aspcets , seuls les reflexes communautaristes et populistes auraient voix au chapitre ? Quel dommage que de déployer un tel discours haineux qui divise et passe à côté de vrais enjeux pour l’avenir de la commune de Guethary . Avec mes respects . Anne VOLUMARD
Il est vrai que ces distinctions entre citoyens sont insupportables. Une vision claire de la Patrie Basque et de
la citoyenneté qui y est associée serait la bienvenue.
Les enjeux présents et à venir devraient nous rapprocher et nous réunir.
Ontsa igorria ! Parisen egon daitezen harroputz horiek, gure arbasoek ez dituzte goaitatu herri « xoragarri » hau eraikitzeko, orain gure eskutan da.
Concernant le logement, le Pays Basque est soumis à deux contraintes:
– l’arrivée de nouvelle population en résidence principale,
– le développement du nombre des résidences secondaires.
L’association Etxalde a réalisé un travail de recherche pour comprendre.
Le document est téléchargeable en page d’accueil de notre site: http://www.etxalde.eu
Les résultats sont très explicites.
Sur un même territoire nous avons des communes qui se désertifient pour deux raisons diamétralement opposées. Certaines car elles ne sont plus à la mode et d’autres parce qu’elles le sont trop !
Voir la population baisser dans des communes les plus équipées du territoire (Biarritz, Guéthary, Ciboure) est un comble !
En Pays Basque Nord, 25% des locataires consacrent 40 de leur revenu à payer leur loyer (Données CAPB).
Les problèmes exponentiels de mobilité nous fatiguent et nous ruinent.
Cela ne nous dit-il pas qu’il nous faut inventer un nouveau modèle ?
Qu’attendons-nous ?
En lisant comme chaque semaine Enbata en ligne, j’ai parcouru l’article JE VOUS FAIT DON DE MA PERSONNE que j’ai trouvé pertinent. Ce monsieur compte , s’il est élu, en continuant à vivre à Paris six mois de l’année, gérer Guétary à distance (Comme les jeunes qui jouent en ligne aux jeux vidéo? Les conseils municipaux se feront par télé-conférence?). J’ai donc partagé la surprise et l’indignation du rédacteur de l’article … jusqu’au moment où j’ai vu son nom.
M. Abeberri, celui-là même qui a, avec plusieurs autres élus abertzale et de « gauche »soutenu la politique de M.. Borotra en particulier dans le domaine immobilier, un sujet que M. Abeberri décrit longuement dans son article.
UNE POLITIQUE QUI A ENTRAÎNE UN DECLIN DEMOGRAPHIQUE SANS PRECEDENT POUR BIARRITZ
Chiffres de l’INSEE: 1999: 30 O55 habitants,
2016: 24 777 habitants (M. Borotra quitte la mairie en 2014)
5278 habitants de moins!
Ayant passé les dix dernières années de ma carrière d’instit à Biarritz j’ai pu constater de visu ce déclin. En dix ans, des écoles qui avaient 10 à 12 classes se sont retrouvées avec moitié moins d’élèves et de classes, voire pire pour certaines. Même les familles à revenus moyens ne pouvaient se loger. Rien n’a été fait pour au moins freiner cette tendance.
M. Abeberri, vous demandez un peu de retenue à ce néo-getariar, on peut vous en demander autant au vu de ce qui est aussi VOTRE bilan.