Le pire qui puisse arriver à un être humain est de se détester soi-même, de mépriser ce qu’il ou elle est, de rejeter sa langue et sa personnalité, de renier ses racines et ses aspirations propres.C’est pourtant ce que nous dicte un certain nationalisme français, sous couvert d’universalisme hautement proclamé.
Souvent ça marche, globalement les résultats sont probants. Le constitutionnaliste Guy Carcassonne, pourtant considéré comme un jacobin modéré, s’en réjouit ouvertement : “La France s’est bâtie sur l’oppression de ses minorités régionales, linguistiques et religieuses. Cette oppression a réussi et a été théorisée pour produire un résultat étonnant et, à mes yeux, satisfaisant.”
Autrement dit, l’ethnocide a bien fonctionné. Certains parlent même de génocide, mais le mot me semble impropre, car il n’y a pas eu d’éradication physique des Basques, des Bretons, des Corses, etc.
Le terme juste paraît bien être celui d’ethnocide, “destruction d’un peuple, d’une société sur le plan culturel.”
En ce début de XXIème siècle, sous la pression croissante des mouvements nationalitaires, politiques, linguistiques et culturels, nous constatons avec plaisir un changement positif de l’Etat, des élus et de l’opinion publique en général ; mais attention, ce n’est qu’un début, l’essentiel reste à faire.
L’euskara et les autres langues dites “régionales” ne manquent pas d’ennemis au dedans et au dehors. Si on les entendait moins depuis quelque temps, les voici qui redressent la tête et donnent de la voix.
Au dehors des objections s’élèvent, même chez des parlementaires socialistes, contre un projet de réforme de la Constitution qui permettrait la ratification de la Charte européenne, et la droite vient de bloquer le dossier au Sénat par idée absolutiste, monolithique, et pour tout dire fascisante de l’identité française, excluant tout possibilité conjointe ou même subordonnée d’identité “régionale” bretonne, occitane, corse, etc…selon les propos glaçants de la si charmante Valérie Pécresse dans une radio d’information permanente, le soir du 28 octobre dernier.
Il n’est donc pas sûr que le Président de la République puisse rassembler au Congrès parlementaire la majorité qualifiée des deux tiers requise pour toute modification constitutionnelle, ni même réunir ledit Congrès.
Mais peut-être plus grave, le ver vibrionne dans le fruit. L’on en perçoit des signes inquiétants, notamment en Soule, marche fragile et poreuse au flanc de la basquitude.
Elle est à mes yeux dans une position schizophrénique, dont le révélateur le plus sensible est la mythique pastorale.
Tandis que sur les planches les acteurs célèbrent en euskara la langue, la culture, la patrie basque, les bénévoles qui se dévouent autour du théâtre ne sont pas tous en harmonie avec cette belle apparence.
Assez régulièrement, d’année en année, des spectateurs se plaignent d’avoir été reçus avec agacement, voire avec irrespect et virulence, pour avoir fait en euskara leur demande de livret ou de consommation. La pastorale de cette année n’a pas manqué sur ce point non plus à la tradition, l’on a pu y relever les propos suivants : aux livrets “je ne parle pas baskoi”, “ici on parle français”… au bar “le baskoi c’est par là !” Voici quelques années, les abertzale en Soule étaient qualifiés de “baskoi” par des gens “bien” et par de jeunes sportifs pas encore dégrossis, ou bien éméchés. Aujourd’hui c’est la langue elle-même qui est ainsi traitée par certains Souletins, pas toujours les mêmes…
Autre exemple négatif : récemment un important élu mauléonais de “l’opposition souletine” disait : “Je suis souletin, mais je ne suis pas basque”. Il a certes le droit d’être ce qu’il voudra, mais aucunement celui d’imposer son identité, son opinion, sa volonté aux autres, encore moins à la majorité des Souletins qui s’est clairement exprimée lors des municipales de 2014, tant à la mairie de Mauléon-Licharre qu’à la communauté des communes de Soule. Voici quelques années je l’entendis déclarer dans une réunion publique “Mauléon n’est pas basque”, puis “Mauléon n’est pas au Pays Basque”. Il fait partie de cette irréductible minorité de francophones unilingues de Soule qui excluent systématiquement la Soule du Pays Basque. Sur cette ligne négationniste et révisionniste, un quotidien régional rendait compte il n’y a pas longtemps d’une partie de pelote sous le titre suivant : “Les Souletins de Mauléon ont battu les Basques d’Itxassou”. Voila qui est clair !
On le voit, la haine de soi fonctionne encore, l’ethnocide n’a pas cessé de produire ses effets pervers. Bravo, monsieur Carcassonne, vous pouvez être fier ! Mais ce que vous ignorez peut-être dans votre ligne Maginot, c’est que des forces mobiles vous contournent et avancent par des voies alternatives, écologiques et autogestionnaires, malgré les propos incongrus de certains colonisés.
Tâchons quand même de leur ouvrir les yeux, si possible. En tout cas, ce n’est pas le moment de lâcher le frein au rouleau compresseur de l’ethnocide : il semble ralentir, mais il continue d’avancer.
Tout comme beaucoup de « basques » (ou même « catalans ») espagnols détestent l’Espagne et la langue espagnole.
La charte des langues régionales n’est là que pour ouvrir la voie au démantèlement de l’état français en des régions soumises à l’UE, c’est ce qui se passe en Espagne. On voit ce que donnent des régions menées par des indépendantistes: tensions nationales, crises politiques et risques de guerre civile.
Depuis l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) le français est la langue officielle en France. La « patrie basque » n’est qu’un doux rêve auquel une très faible minorité de français adhèrent. On y ajoute une couleur « alternatives, écologiques et autogestionnaires » pour séduire le public mais la réalité et les faits sont là: les partis « basques » ont des scores politiques quasi nuls (cf européennes 2014), il n’y a pas de peuple basque mais un peuple français qui chérit la culture dite basque.
Enfin cette victimisation de la part des abertzales à se montrer « persécutés » par le français moyen est bien ridicule par rapport aux efforts des français à défendre l’indépendance et l’intégrité de la France pendant 1500 ans…
@Louis:
» les partis « basques » ont des scores politiques quasi nuls »:
L’exemple corse montre que les mentalités peuvent évoluer.
Et puisque l’unification culturelle et linguistique vous fait rêver, je vous conseille, pour être encore plus « universel » de vous mettre directement à l’anglais.
Ne soyez pas dupe, quand on détruit des langues et des cultures, on prépare le boulot pour la mcdonaldisation du monde.
@Jean-Louis:
Le cas du souletin anti-basque est éclairant. Chez nous, nous avons des béarnais qui clament, à coup d’arguments mensongers et diffamatoires qu’ils ne sont pas occitans et que leur langue n’a rien à voir avec l’occitan (encore que peu d’entre parlent réellement la langue dont qu’ils défendent avec tant de véhémence). Et ce sont les meilleurs alliés des jacobins opposés à nos droits linguistiques.