Mais quand est-ce qu’on peut dire qu’une langue est en danger ? On se souvient tous de la question ‘à peine ‘ provocatrice du Sous-Préfet lors de son entretien avec les médias du Pays Basque.
Avec un peu de recul (c’est vrai qu’on n’en prend pas assez) et un peu de dérision, je crois que je peux essayer (juste essayer) d’apporter des éléments de réponse.
En fait tout dépend de la langue, mon bon Monsieur…
Langue française
Prenons la langue française par exemple. Langue parlée par quelques 220 millions de personnes à travers le monde, dont 115 millions de locuteurs natifs. Langue officielle de 29 pays. Langue enseignée dans le monde entier à quelques 120 millions d’élèves par 500 000 professeurs. Langue qui devrait, selon les statisticiens s’appuyant sur le développement des pays africains, être parlée par plus de 500 millions de personnes en 2050. Langue véhiculaire de la pensée et la culture française dans le monde. Une des six langues officielles des Nations Unies. Langue officielle de l’Union Européenne. Langue unique utilisée dans les délibérés de la cour de Justice de l’Union Européenne. Langue protégée sur le territoire français par l’article 2 de la Constitution («la langue de la République est le français»). Eh bien, c’est une langue qui est en danger. Il faut la protéger face à l’utilisation sans cesse plus importante de l’anglais.
La langue basque
Prenons le basque. Langue (sans doute) parlée par environ un million de personnes à travers le monde. Langue ayant un statut différent en fonction des régions ou territoires d’utilisation. Langue officielle, avec l’espagnol, dans la Communauté Autonome Basque, une officialité limitée et remise en cause en Navarre et aucune officialité en Iparralde (Pays Basque Nord). Langue reconnue en danger et ‘vulnérable‘ par l’UNESCO.
Eh bien pour le basque, ou pour une des autres langues régionales de France, ce n’est pas évident, on peut se poser la question: qu’est-ce qui permet de dire qu’une langue est en danger ?
Rapport Alfonsi adopté au Parlement Européen
Pour les défenseurs, certainement alarmistes de ces langues dites minoritaires, la ratification par la France et les États de l’Union Européenne de la Charte des langues régionales du Conseil de l’Europe serait un signe encourageant en faveur de ces langues.
Le 11 septembre dernier, le Parlement européen a adopté un Rapport sur la sauvegarde des langues régionales et la promotion de leur utilisation appelant à la ratification de la charte. A une écrasante majorité (645 voix pour, 29 contre, 26 abstentions) le Parlement européen a considéré que les langues régionales faisaient parties intégrantes de la richesse du patrimoine culturel de l’Union Européenne.
Syllogisme jacobin
Révélateur de l’état d’esprit «national», près de la moitié des votes contre ont été «français». Dont Jean-Luc Melanchon qui suite à ce vote a «justifié» le sien, ainsi que son «attachement» (particulier) aux langues régionales sur son site internet. Pour Mélanchon «la République protège les langues régionales et s’est dotée dès les années cinquante d’un cadre législatif très favorable aux langues régionales»… «jamais les initiatives favorisant le développement des cultures et langues régionales n’ont été brimées ou abrogées par l’Etat. », «par contre il faut dénoncer la domination de l’anglais, là est la véritable menace qui pèse aujourd’hui sur la diversité linguistique»… Une diversité linguistique sans doute favorisée par son vote au Parlement européen et son attachement «aux principes fondamentaux de la République», qui «pour éviter de porter atteinte aux principes d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi et d’unicité» ne reconnaît qu’une seule langue pour tous les français…
Panpi Dirassar fait donc partie des optimistes. Tant mieux ! Mais a t-il raison ? Sincèrement je ne pense pas que oui ! Car les faits actuels indiquent le contraire.
L’euskara ne fait que vivoter gentîment. Et ce ne sont pas les outils sonores radios, télé, internet etc…qui doivent cacher la réalité crue véritable.Personnellement je ne croirai à la sauvegarde de l’euskara que si le Pays Basque se dote d’un vrai statut d’état ou de pays souverain,ce dont on est vraiement loin encore. L’espoir est raisonnable mais pas d’illusion quand même, raison de plus d’aller vraiment à l’unité du combat basque avec un vrai projet national basque et des outils concrets dans chaque commune comme les ikastolas, gau eskola etc…et des conseils municipaux euskaldun. On a certes avancé mais il y a encore du chemin à faire ! Ez lotsa, ez lokar !
Je suis d’accord avec Manex. Actuellement la langue basque a des outils inégaux mais plus ou moins limités dans les trois entités (CAB; Nafarroa; Pyrennes Atlantiques). Dans la CAB ,ou le statut est le « meilleur » l’Euskara n’est que cooficiel à coté de l’Espagnol. C’est à dire que l’on peut l’utiliser mais sans obligation, puisque l’espagnol est obligatoire. Ces mesures peuvent permettre un maintient et une certaine amélioration de la langue dans la presse et la télévision mais pas ou peu de recuperation ou d’amélioration dans tout le territoire et dans tous les domaines. Lorsque la coofitialité a été adoptée en 1978/79 s’est autimatiquement formé un comité de la langue espagnole, comme si cette dernière langue était en voie d’extintion. La ccoficialté qui est assez branlante en Haute Navarre et refusée pour le moment en Iparralde est un stade intermédiaire, certe souhaitable mais pas suffisant. Certains disent que rendre le Basque officiel dans les sept provinces serait « imposer » cette langue. Jusqu’à présent le français et l’espagnol ont été imposés au détriment du basque, mais rendre le basque coofitiel et facultatif serait apliquer une euthanasie constitutionnelle de cette langue. Si les langues dites fortes sont à ce stades c’est parce qu’elles ont été officialisées et imposées. Au Sud il faut à mon avis un renforcement de la politique linguistique, du statut d’autonomie, la réunion des 4 provinces dans un seul statut, y compris Trevino. En Iparralde un département et la cooficialité temporaire avant l’officialisation.