Et c’est reparti, comme en 90, en 2002… Comme si on s’ennuyait en Aquitaine sans la perspective de ces lignes à grande vitesse qui n’ont d’autres objectifs que de balafrer nos espaces de vie, en y projetant de douloureuses saignées ! On croyait l’affaire close mais le serpent du fer ressurgit et nous allons encore devoir nous confronter aux mêmes arguments totalement dépassés, nous insurger devant ce grand projet inutile, dévastateur pour nos espaces, criminel pour nos écosystèmes, ravageur pour nos finances, obsolète pour nos modes de vie ! Contestable il y a 30 ans. 20 ans voire 10 ans, ce projet est aujourd’hui totalement surréaliste!
Nous sommes confrontés à la diminution des ressources, à l’obligation de mieux répondre à des besoins de proximité, à la nécessité absolue de protéger nos espaces naturels et agricoles… et bé non, nous avons des décideurs dont le logiciel est bloqué au siècle précédent qui nous reparlent de désenclavement, d’attractivité, de gain de temps !
C’est à la fois incompréhensible et burlesque tant l’époque n’est plus à ces frasques technologiques capables d’absorber des milliards pour gagner quelques minutes sur un trajet… décidément les voies des saigneurs sont impénétrables !
Il était tout de même assez juste de penser que l’heure est plutôt à revenir sur ces emballements qui ont conduit notre société à des extrémités dangereuses pour la survie de l’Humanité. Juste d’imaginer que les modes de développements se devraient d’être soutenables. Le “toujours plus” rangé au magasin des souvenirs, nous pourrions projeter la société du raisonnable celle qui répond à ses besoins essentiels sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
Les désordres climatiques sont déjà tellement visibles que cela ne peut que nous interroger, de surplus la crise sanitaire qui s’installe durablement ne peut que nous inviter à réfléchir sur nos modes de vie qui seront fortement impactés.
La relocalisation de l’économie, la protection des communs, la nécessité de faire mieux avec moins, le réemploi pour protéger la ressource sont des pistes incontestables qui doivent nous détourner du système de surconsommation auquel nous avons trop adhéré.
La LGV et ses voies nouvelles en Pays Basque cela signifie l’effacement des gares de Biarritz, Saint-Jean de Luz et possiblement Bayonne car chaque arrêt fait perdre plusieurs minutes sur le trajet sans compter le temps nécessaire pour que la machine atteigne ensuite les 300 km/h de sa vitesse de pointe ! D’autant que maintenir Bayonne nécessite un crochet qui ne peut que faire perdre encore un temps précieux ! Où serons-nous contraints d’aller prendre le train? Nouvelle gare à construire du côté de Bassussary comme évoqué dans le passé ? A Dax ? Alors, en incluant le temps supplémentaire pour rejoindre la gare de la nouvelle ligne, on comprend immédiatement l’absurdité de la proposition !
Plus onéreux, le voyage dans ces “avions sur rail” ne sera sans doute pas plébiscité par le plus grand nombre ; quant à imaginer que des voyageurs pour un Paris-Madrid renonceront à l’avion pour un voyage forcément plus long et plus cher, il y a là un pari que seuls des esprits fantasques sont en mesure de faire !
La SNCF, depuis 30 ans, s’est consciencieusement appliquée à éviter toute amélioration des voies existantes, refusant d’admettre les conclusions de multiples expertises qui ont inlassablement démontré que la LGV n’amenait aucun gain de temps par rapport à une ligne modernisée.
D’autre part une amélioration de l’existant pourrait être réalisé à un coût bien moindre qu’un nouveau tracé estimé entre Dax et Espagne à 48 millions d’euros le km et ce sur 91kms !!
Si l’impact sur l’environnement n’est plus à démontrer, il faut aussi faire litière des arguments assez spécieux du Conseil Régional sur l’aspect positif du bilan carbone !
Car l’honnêteté impose d’inclure dans le calcul, l’analyse du cycle de vie (ACV) et donc les millions de matériaux nécessaires, leur provenance, l’énergie nécessaire à la construction etc. Sans compter qu’un train qui va deux fois plus vite consomme quatre fois plus d’énergie !
On l’aura compris, il n’y a aucun intérêt pour notre territoire à souhaiter que ce projet voit le jour, bien au contraire les conséquences sur l’environnement mais aussi socio-économiques seront catastrophiques !
Nous devons, encore, nous mobiliser pour stopper cette folie d’un autre temps et réaffirmer notre volonté du choix de l’amélioration de l’existant!
D’Ortzadar au CADE en passant par la Commission de grand débat public… le seul mérite de cette mascarade c’est de m’avoir replongée dans de vieux dossiers et amenée à relire de bien vieux articles à commencer par le numéro 33 d’Ortzadar (nov92) … On n’a jamais trop d’archives, la vie militante n’est jamais un long fleuve tranquille ! Ce n’est pas Victor Pachon qui me contredira…