La crise sanitaire aura des conséquences économiques désastreuses, notamment sur les classes populaires. La précarité qui s’annonce est un enjeu majeur pour le mouvement abertzale, au regard de son projet de gauche, mais aussi parce qu’elle renvoie à un aspect fondamental du “vivre ensemble” en Euskal Herri.
Il est malheureusement patent que nous n’en avons pas fini avec la crise du Covid, et ses conséquences économiques et sociales s’annoncent désastreuses…
N’en doutons pas : nous allons être confrontés à une montée considérable de la précarité.
Du point de vue économique, l’élément qui fait craindre une grave dépression est lié à l’endettement.
Au niveau des cycles économiques, il est généralement constaté que les phases de dépression s’accompagnent d’un désendettement. Or, ce n’est pas ce qui s’est passé dans l’économie mondiale après la crise de 2008 : le niveau d’endettement a continué de croître pour atteindre, selon le Fonds Monétaire International, un niveau record de 230% du PIB mondial.
A l’échelle micro-économique, on comprend aisément qu’une entreprise fortement endettée qui subit une chute brutale de son chiffre d’affaire se retrouve vite la tête sous l’eau… Le nombre élevé de défaillances d’entreprises incapables d’honorer leurs dettes risque de faire monter le chômage, ce qui entraînera une baisse de la consommation et de l’investissement, donc de débouchés de la production et ainsi, une nouvelle aggravation du chômage, etc. Voilà le cercle infernal susceptible d’engendrer une augmentation sans précédent de la précarité.
Mais il faut souligner que derrière les mécanismes purement économiques, se cachent des rapports de force qu’il convient de décortiquer pour saisir les enjeux de la crise à venir.
Facture à payer
Dans cette perspective, notons que, du fait du niveau d’endettement de l’économie, et des conséquences de la multiplication des défauts de paiement, les banques et la sphère financière vont à nouveau se retrouver en première ligne. Or, la gestion de la crise de 2008 nous a démontré qu’elles feront tout pour ne pas en réparer les pots cassés…
Alors, qui va payer la “facture” de la crise à venir ?…
Comme nous venons de l’évoquer, l’oligarchie économique et financière qui contrôle le système évitera d’être mise à contribution. Les classes moyennes seront sollicitées, mais en essayant de les préserver, car elles constituent le noyau dur des franges de populations qui continuent de voter. C’est évidemment sur les classes populaires, au sein desquelles l’abstentionnisme est le plus marqué, que le système va tenter de faire reposer la charge des “ajustements” qu’il entendra imposer pour se maintenir à flot. C’est la raison pour laquelle les classes populaires sont exposées à un risque majeur de précarisation.
Face à cela, il me semble intéressant de remémorer ici trois réflexions formulées par des intervenants invités par EH BAI à l’occasion de ses Universités d’été (organisées par vidéoconférence du fait du Covid).
Pour Xabier Antich, membre du comité exécutif d’Òmnium Cultural, ce qui se joue dans l’action que l’association culturelle catalane mène aussi contre la précarité, c’est le fait que des pans entiers de la société ne peuvent pas adhérer à un projet de Pays, dans la mesure où ils ne se sentent pas faire partie de ce Pays. A travers le monde, et localement en Iparralde, un nombre élevé de personnes vont se retrouver marginalisées économiquement, mais seront également mises au ban de la société d’un point de vue social et politique.
La précarité qui s’annonce est un enjeu majeur pour le mouvement abertzale, au regard de son projet de gauche, mais aussi parce qu’elle renvoie à un aspect fondamental du “vivre ensemble” en Euskal Herri.
Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac, a remis quant à elle l’accent sur la nécessité de réussir la jonction entre les luttes écologiques au registre lié à “la fin du monde” et celles, d’ordre social, relevant de la “fin du mois”. A ce titre, on ne peut que se féliciter de la création d’Alda, le nouveau mouvement abertzale qui s’est fixé pour objectif de défendre les milieux et quartiers populaires.
Enfin, Jean Guy Talamoni, président de l’Assemblée Corse, nous a exposé les démarches engagées par la Collectivité Territoriale pour mettre en oeuvre un revenu universel sur l’île de Beauté.
En Iparralde aussi, il appartient aux abertzale de faire en sorte que nos institutions (communes, Communauté Pays Basque) adoptent des solutions innovantes pour lutter contre la précarité.
Il y a donc le revenu universel que veut tester la Corse, mais on peut également se référer à des initiatives comme celle des “Territoires zéro chômeurs de longue durée” dont l’expérimentation vient récemment d’être étendue à 50 nouveaux territoires…