Voici la lettre aux politiques rédigée au nom des associations de parents d’élèves et associations d’enseignants en basque : Euskarageroan, Ikas bi, Euskal Haziak et Biga Bai. Elles essaient d’obtenir des rendez-vous avec certains élus. D’autre part, elles appellent à une nouvelle mobilisation devant l’inspection académique de St-Jean-de-Luz le mercredi 5 Juin à 15h00. « C’est la transmission du basque par l’école qui est en jeu… les prochains mois s’annoncent cruciaux pour l’avenir de notre langue. »
Nous, associations de parents d’élèves et associations d’enseignants en basque, souhaitons, par la présente, attirer votre attention sur la situation de l’enseignement de la langue basque dans les filières bilingues, qu’elles soient publiques ou privées.
Ces 40 dernières années, nous avons assiste à un élargissement et à une structuration de l’offre en matière d’enseignement bilingue et ce, en réponse aux besoins et aux demandes des familles. En effet, en lien avec une politique globale de revitalisation du basque sur ce territoire, un objectif fondamental a été assigné à ce système d’enseignement : former des jeunes et des adultes qui soient bilingues. Depuis 2004, l’Office Public de la Langue Basque a largement contribue à cet effort. Aujourd’hui, le nombre des inscrits dans le système bilingue connaît une croissance forte et régulière, et dépasse les 10 500 élèves, filières publique et catholique confondues.
La convention cadre 2017-2022 signée entre l’Éducation Nationale, la Région, le Département et la Communauté d’Agglomération a réengagé les différents partenaires dans l’organisation et la mise en œuvre quantitative et qualitative de l’enseignement de et en langue basque.
Or cette année, nous constatons sur le terrain que cet enseignement risque d’être mis à mal et ce, dès septembre prochain. Tout d’abord, les mesures de fermetures et d’ouvertures de postes d’enseignants ne tiennent plus compte des seuils préconisés par l’Office Public de la Langue Basque. Les fermetures touchant les petites écoles bilingues impactent l’organisation de ces dernières entraînant parfois des conditions d’enseignement non satisfaisantes.
Les demandes d’expérimentation en immersion déposées par trois écoles (Irissarry, Ainhoa, Anglet) après enquête positive auprès des parents ont été rejetées, ce qui est, à dire vrai, sans précédent. Nous sommes sur le terrain et constatons l’importance et l’efficacité de ces dispositifs immersifs dès le plus jeune âge.
La reforme du lycée qui entrera en vigueur dès septembre prochain est réellement préoccupante pour l’enseignement bilingue. A la différence de l’organisation antérieure, l’espace désormais accordé aux langues régionales induit une mise en concurrence systématique avec d’autres matières. Concrètement, l’enseignement du basque doit prendre la place d’un enseignement de spécialité, élément déterminant du cursus professionnel envisagé par l’élève, ou d’une langue vivante étrangère, ou d’une option. De fait, pouvons-nous encore parler de « filière » ou de « section bilingue » ? L’enseignement du basque ne bénéficiera d’aucune reconnaissance spécifique ni dans les contenus, ni pour les coefficients du bac. Et pourtant, dans le même temps, les sections internationales, au fonctionnement comparable, relèvent d’un dispositif qui les identifie et qui les valorise spécialement parmi les cursus lycéens.
Ces différents éléments laissent présager une dégradation qualitative et quantitative de l’enseignement du basque et en langue basque dans les filières bilingues et ce aux différents stades de la scolarisation.
Toutes ces menaces fragilisent la filière bilingue, et peuvent à terme remettre en question tout le travail mène jusqu’ici. Il nous semblait donc important que les acteurs politiques de notre territoire soient informés, afin de prendre la mesure des risques actuels, et peser auprès des instances de décision. Nous devons obtenir :
– des conditions satisfaisantes d’enseignement et d’encadrement à l’école primaire.
– la poursuite et le développement des expérimentations immersives, levier d’amélioration incontesté de l’enseignement du basque.
– l’aménagement de la réforme du lycée afin d’obtenir une filière bilingue à part entière, au sein d’un dispositif prévoyant des moyens et des enseignements en complément du cadre général (Cf cas des sections internationales).
Il s’agit ici de prendre en compte la spécificité de notre territoire et d’assurer une offre de cursus bilingue qualitative attractive et ouverte à tous. C’est la transmission du basque par l’école qui est en jeu. Nous en appelons donc à votre implication et espérons votre soutien dans les prochains mois qui s’annoncent cruciaux pour l’avenir de notre langue.