Entretien – Hur Gorostiaga Directeur de Seaska
Qui sont aujourd’hui les membres de Seaska ?
Il y a aujourd’hui 36 ikastola, dont 31 écoles primaires, quatre collèges et un lycée. Cela représente 4.000 élèves et plus de 400 emplois. Seaska est une petite entreprise…
Que reste t-il du militantisme des pionniers ?
La loi Falloux nous interdit toujours de recevoir des financements publics. Les langues régionales, malgré leur inscription au patrimoine, ne sont pas reconnues. Cette politique publique n’a pas changé et nos revendications non plus, c’est à dire que tous les enfants du Pays Basque aient la possibilité d’apprendre en Euskara.
Comment s’est passée cette rentrée ?
La convention triennale qui nous lie avec l’Éducation nationale depuis 9 ans est arrivée à échéance en juin dernier. L’Inspecteur d’Académie met aujourd’hui en doute l’objet même de cette convention qui définit les dotations annuelles.
La convention triennale
qui nous lie avec l’Éducation nationale
est arrivée à échéance.
L’Inspecteur d’Académie
met aujourd’hui en doute
l’objet même de cette convention.
La convention avec l’Éducation Nationale n’a donc pas encore été renouvelée ?
Non. Nous essayons de reprendre les négociations avec le rectorat, puisque c’est le recteur qui signe la convention. Après plusieurs manifestations, l’Éducation Nationale a fait savoir qu’elle souhaitait renouveler ce contrat mais nous sommes dans l’attente d’une reprise des discussions. Cette rentrée a donc été très difficile. En plein développement nous avons dû créer vingt postes dont seulement cinq et demi ont été assurés par l’Éducation Nationale. 10 de ces postes sont autofinancés. Pour le reste, nous avons sollicité l’Office public de la langue basque qui nous a accordé une aide de 130.000 euros et il est question d’ouvrir des discussions pour mettre en place une nouvelle convention. On en est encore là, alors qu’en février les autres réseaux connaîtront déjà le nombre de postes dont ils disposeront à la rentrée prochaine.
Cinquante ans après, la situation n’est toujours pas normalisée ?
Non. Il y a la question des postes, il y a aussi la question des bâtiments ou des forfaits communaux, c’est-à- dire que la plupart des ikastola étant intercommunales, de nombreuses mairies peuvent ne pas s’acquitter de leur forfait. Celles qui ne jouent pas le jeu obligent les parents à doubler leurs cotisations. Dans l’énumération des problèmes, Il y a aussi la question des enfants qui ont des difficultés particulières, notamment les handicapés dont les effectifs ont doublé en deux ans. Il y a une réelle demande et les moyens ne sont pas suffisants. C’est un problème important à Seaska. Cinquante ans après la création des premières ikastola, la situation n’est toujours pas normalisée.
Quelles sont les prévisions à court terme ?
La rentrée prochaine connaîtra une augmentation des effectifs en école primaire, mais surtout dans le secondaire, au niveau des collèges et des lycées. Heureusement nous avons ouvert il y a deux ans le collège de Bayonne. Nous pensions soulager le collège Xalbador de Cambo et c’est vrai qu’il y a quelques élèves de moins, mais pas comme nous le pensions. Surtout, le collège de Ciboure n’a ressenti aucune différence et va bientôt être plein à craquer. Alors que nous sommes en train d’agrandir le collège de Larceveau. Les collèges sont pleins. Pour le lycée, ouvert en septembre 2017, le calendrier s’accélère également et nous sommes déjà contraints de prévoir un agrandissement dès la rentrée prochaine. Nous avions 262 lycéens en 2016, nous en attendons 400 à la rentrée prochaine. Je ne sais pas si un lycée en Europe, connaît une telle croissance. Mais c’est aussi parce que nous avons développé une filière professionnelle. C’est la conséquence du succès de ce lycée. Nous sommes obligés de l’agrandir avant même ses deux ans.