Chais pas vous, mais moi j’aime la France. Ses paysages hétéroclites, son architecture, ses poètes, ses centrales nucléaires, sa littérature, sa langue et ses conjugaisons, TF1 sa chaîne
la plus regardée, son Histoire mouvementée, sa diversité, ses accents, sa maltraitance des personnes en situation de handicap, ses colonies, sa suffisance, ses rebelles, ses peintres, ses allocations familiales distribuées aussi aux riches, ses cinéastes, sa religion et ses intégristes, son centralisme, ses moeurs parfois libérées, ses polices et ses écoutes, sa gendarmerie et ses costumes, ses chercheurs et leurs trouvailles, sa façon de confondre égalité et uniformité, ses supporters lobotomisés du FN, ses restes du grand empire, …
J’aime bien aussi sa principale gauche qui se droitise dès qu’elle prend le pouvoir afin de le conserver. Et sa droite assez gauche pour perdre le pouvoir alors qu’elle est majoritaire. Mais ce que j’aime par dessus tout en France, c’est son fonctionnement politique archaïque et son paroxysme : son système électoral inique !
Y’a du maille !
Certains en appellent à la VIème république. De la gauche du PS aux écolos en passant par le Front de gauche. Bon, c’est vrai qu’y a de quoi faire. En finir avec cette monarchie présidentielle en supprimant l’élection du président au suffrage universel, redonner vie à un système parlementaire, mettre en place la proportionnelle intégrale à toutes les élections, limiter le renouvellement des mandats dans le temps, un seul mandat par élu, aller vers une vraie parité, supprimer le Sénat, rechercher une plus grande cohérence territoriale pour les circonscriptions, donner le droit de vote à tous les résidents, créer un statut de l’élu,…
Chouette, les cantonales !
Euh, non. Plutôt chouette les “départementales” qui auront lieu en mars 2015. Finis les conseillers généraux, vive les conseillers départementaux ! Leur élection consistera à désigner un binôme de candidats de sexe différent dont les noms sont ordonnés dans l’ordre alphabétique. On peut donc penser qu’une meilleure parité émergera mais, qu’à contrario, le scrutin majoritaire à deux tours restera la règle. Qui plus est, au second tour, seuls pourront se présenter les binômes ayant obtenu au moins 12,5% des voix des électeurs inscrits. Il faudra donc, en fonction de la participation, réunir au moins 20% des suffrages exprimés pour accéder au second tour…
Le découpage cantonal sera totalement remanié de manière, globalement, à diviser par deux le nombre de cantons. Ce redécoupage tient compte de la démographie, afin de respecter approximativement une égalité du poids de chaque vote (un canton fluctue entre 20 000 et 30 000 habitants).
Ainsi, notre Pays Basque passera de 21 à 10 cantons.
Résumé de l’épisode précédent
C’était en mars 2011. Les résultats globaux des abertzale dans les 10 cantons renouvelables ont été décevants voire médiocres. Le nombre de suffrages total (hors PNV qui peine à atteindre 2%) est passé de 4.638 voix en 2004 à 3.931 soit une baisse de 707 votes. Grâce au taux d’abstention record sur les cinq cantons du BAB (60 % en moyenne), on note une infime augmentation du vote abertzale de 0,28 % soit un total de 10,01% contre 9,73% en 2004. En regardant de plus près, on s’aperçoit que si les 5 cantons de l’intérieur progressent un chouïa (de 16,01 % à 16,75%), sur le BAB, c’est la berezina : 1.000 voix contre 1.889 voix en 2004 et 4,59% contre 6,10%. A Bayonne, les abertzale perdent la moitié de leurs voix et passent de 7,50 à 5,31%. Au delà des chiffres, le constat est implacable: nous ne représentons pas l’alternative… En tous cas pas seuls!
Un éclair de lucidité ?
Les sondages prédisent une autre déconfiture pour le PS avec une perte possible des 2/3 des départements. Ce sera la première élection vraiment politique depuis 2012 où l’étiquette pèsera au moins autant que le profil des candidats. Jamais une occasion d’imaginer une stratégie plus ambitieuse pour les abertzale n’avait pris forme avec autant de ttantto. Une stratégie qui nous permettrait d’envisager des coalitions progressistes, dès le premier tour, face aux candidats du PS afin de viser une présence au second. Si nous ne nous rallions pas ici ou là avec celles et ceux qui veulent faire cause commune aux élections autour d’un socle politique, notre lente mais inexorable érosion se poursuivra. D’autant qu’avec des cantons plus grands, il y aura moins de proximité et plus de difficulté à exister seul.
La question centrale est de savoir si à l’avenir nous continuons à penser que nous ne devons convaincre que les convaincus, poser des candidatures de témoignage en faisant de la figuration et en ne mettant quasiment aucune pression sur nos adversaires… ou, et cela est sûrement un peu plus difficile, si nous explorons des alliances avec d’autres forces de gauche ou parties de ces forces en diffusant nos thèmes abertzale et sociaux sous un autre angle. Il nous faut créer une autre ouverture, développer une autre image. L’alternative ne pourra se concrétiser qu’avec d’autres. C’est une longue (re)construction qui fonctionnera si nous pensons que la différence nous enrichie. Peut-on s’offrir le luxe de ne pas y aller avec d’autres alors qu’il en va de notre survie ? L’AG d’AB du 22 novembre prendra t elle cette direction ?