L’an 2020 frelaté

2020

Synthétiser 2020 c’est bien sûr prioriser l’émergence d’une pandémie que bien peu ont vu venir. C’est aussi —entre autres— la double explosion à Beyrouth, la mort de Georges Floyd, un mouvement de contestation en Biélorussie, la Chine qui met au pas Hong Kong comme l’Azerbaïdjan l’Arménie et une situation toujours bordélique en Afrique avec l’émergence de mouvements islamistes dont les répercussions touchent aussi des pays européens où quelques individus isolés ont notamment réussi à commettre des assassinats en France. Du coup cette dernière en a profité, ces dernières années, pour promulguer des lois liberticides sous couvert de sécurité. La dernière en date, la proposition de loi sur “la sécurité globale” présentée à l’Assemblée fin octobre par deux député.e.s LREM, a été adoptée par une procédure accélérée un mois plus tard. Le Sénat doit à son tour l’examiner en ce mois de janvier. Profitant du confinement, ce texte inique porte sur le renforcement des pouvoirs de la Police en lui permettant de continuer à commettre des exactions sans pouvoir apporter un témoignage citoyen voire journalistique, via l’image, sur la réalité de celles-ci ! Déjà couverts ces derniers mois et années par leur hiérarchie jusqu’aux différents ministres de tutelle(1), les fonctionnaires violents vont continuer d’avoir un sentiment d’impunité sans qu’aucun contrepouvoir puisse dénoncer leurs faits, preuves à l’appui.(2)

Urte eri on !

En ce début d’année 2021, on va donc éviter les “Urte berri on” et autre “Osagarri on”. On va vite oublier cette p… d’année de m… de 2020 où tout est à jeter sauf peut-être la défaite de Donald Trump. Car l’histoire retiendra de 2020 que l’Europe a hérité d’un sacré virus et que toute notre vie sociale a été chamboulée. Et notre territoire national, non plus, n’a pas été épargné : de Baiona à Bilbo ou d’Iruña à Gazteiz, les grandes métropoles ont été durement impactées. En Pays Basque Sud, les provinces, en lien avec les gouvernements autonomes, auront pu avoir la main sur un certain nombre de prérogatives pour gérer au mieux la crise sanitaire. En France, deux confinements sont venus chambouler nos libertés de mouvements. Et entre les deux la pause estivale. La première mesure sanitaire s’est étalée du 17 mars au 11 mai soit un mois et 25 jours. La seconde du 30 octobre au 15 décembre soit un mois et 18 jours. Elles s’insèrent dans un ensemble de politiques de restrictions de contacts humains et de déplacements en réponse à la pandémie. Partout dans le monde, des populations entières ont été appelées dès le mois de février à rester chez elle confinées et à limiter autant que possible leurs déplacements pour freiner la propagation de la Covid-19 afin de soulager les hôpitaux. On va continuer encore quelques temps à se dire bonjour le poing fermé ! Bonjour l’ouverture aux autres !

Le monde d’à (peu) près

Le télétravail et le suivi scolaire se sont imposés dans les foyers, accentuant des inégalités sociales déjà préoccupantes. Internet surchauffe, Amazon s’enrichit éhontément et les petits magasins ont souffert. Si les circuit courts et les cultures agricoles locales se développent fortement, à contrario, la culture nationale voire hexagonale est la laissée pour compte. Les cinémas associatifs, les festivals de petite ou moyenne importance, les théâtres et les salles de spectacles de petite taille auront du mal à se remettre. Les cafés, hôtels et restaurants souffrent et vont y laisser des plumes malgré les aides ou les reports de charges qu’il faudra bien rembourser. Le pire est à craindre pour 2021 avec un tsunami de déflagrations économiques et d’une montée en puissance de la précarité. Ici, en Iparralde, les prémices de la dégradation sociale se font déjà sentir avec une augmentation constatée de 8% des dossiers RSA (Revenu de Solidarité Active) sur la circonscription bayonnaise. Il y avait de longue date un déficit chez nous de places d’hébergement pour les personnes en grande précarité. Ce qui est en jeu aujourd’hui, spécialement sur le BAB et son environnement, c’est la situation de personnes qui sont en voie de déclassement, de travailleurs précaires, d’un certain nombre d’étudiants ou de familles monoparentales notamment. La sinistrose grimpe dans la population et particulièrement chez les classes moyennes.

No futur proche !

Le groupe minoritaire Bihar Baiona est intervenu lors des deux derniers conseils municipaux bayonnais pour que la Ville s’engage à organiser rapidement “un vrai temps de réflexion, d’intelligence collective en réunissant tous les acteurs de terrain (associations, institutions, collectivités…) afin qu’un travail d’état des lieux, de coordination, d’échanges et de propositions puise se réaliser sous l’égide du CCAS”. Cette démarche se doit d’être dupliquée par Biarritz et Anglet —avec le soutien de la Communauté d’agglo— qui ont pris la mauvaise habitude, depuis longtemps, de se reposer sur la ville de Bayonne pour tout ce qui concerne les structures sociales jusqu’au logement pour les familles à faibles revenus. Aujourd’hui, nombre de militants associatifs comme de travailleurs sociaux tirent la sonnette d’alarme. Il ne suffit plus de jouer aux dames patronnesses, attitude qui sied bien aux idéologies conservatrices. L’heure est à la mobilisation afin d’anticiper les crises économique et sociale dont on sait qu’elles sont le pendant de la crise sanitaire au travers des mesures prises pour y faire face. Les édiles des trois majorités de droite sur le BAB —pour la grande majorité à l’abri du besoin et assez loin de ces considérations sociales— seront-ils assez bousculés pour mettre en place un véritable plan Marshall dans une vraie concertation ? Réponse dans le courant de l’année 2021.

Les édiles des trois majorités de droite sur le BAB
seront-ils assez bousculés
pour mettre en place un véritable plan Marshall
dans une vraie concertation ?
Réponse dans le courant de l’année 2021.

Afrique : mère patrie de l’humanité

Enfin, comment pourrait-on oublier la situation des migrants qui reste toujours prégnante ici ou ailleurs ? Ainsi, l’État cherche à désengorger la région parisienne vers des régions moins chargées avec en parallèle la création de 4500 places d’hébergement début 2021. Si, contrairement à l’idée reçue, 80% des migrants africains se déplacent seulement à l’intérieur du continent (source France info du 30/12/20), les 20% restant viennent en Europe. Ici, à Bayonne, le centre de transit Pausa créé il y a deux ans connait des difficultés dans sa gestion. Le maire Jean-René Etchegaray qui avait accepté l’idée soutenue par nombre de militants associatifs et politiques de la création de ce centre est en train d’être désavoué par Etchegaray Jean-René, président de l’Agglo. Ce dernier, en lien avec l’ancien responsable de l’Agglo à la sécurité devenu responsable tout court, ne supporte plus l’association Diakité qui d’elle-même claque la porte. Car elle ne comprend pas le refus de l’implantation d’une cuisine adéquate et aux normes comme d’une antenne de Médecin du monde pourtant nécessaire pour donner un cadre légal aux soignants et assurer la continuité des soins. Etonnant ! Les masques tombent avant la disparition du virus !

(1) Et mention spéciale au Président de la République lui-même qui déclara sans rire après le mouvement des gilets jaunes le 5 mars 2019 : “Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit” !

(2) La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), très critique vis-à-vis de la proposition de loi, y voit “une nouvelle étape de la dérive sécuritaire en France”.

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Une réflexion sur « L’an 2020 frelaté »

  1. « on va donc éviter les “Urte berri on” et autre “Osagarri on”. On va vite oublier cette p… d’année de m… de 2020 où tout est à jeter sauf peut-être la défaite de Donald Trump. Car l’histoire retiendra de 2020 que l’Europe a hérité d’un sacré virus » écris-tu…

    Non. Il ne s’agit pas d’oublier, ni les défaites, ni les lâchetés. Les gens qui ont un peu d’humilité, en tout cas, n’oublieront pas. 2020 est très intéressante historiquement parlant car elle a vu l’abdication de la première civilisation mondialisée devant une grippe dont l’exceptionnalité léthale reste à démontrer, et qui n’aurait fait trembler aucune structure politique par le passé. Cette immense trouille inédite qui a consacré le temps des têtes dans le sable et permis aux hyènes d’imposer des mesures de contrôle social inouïes sera une leçon magistrale pour les générations à venir.
    Maintenant, il faut faire le bilan de l’immense quantité d’acquis civilisationnels qui ont été ruinés ou même définitivement perdus et regarder l’avenir des humains avec la plus grande prudence. Nous allons marcher désormais sur un pont branlant…

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